Le parc national Quttinirpaaq porte bien son nom inuktitut: situé dans le nord de l'île d'Ellesmere, dans l'Extrême-Arctique, il s'agit vraiment du «toit du monde». À ses rares visiteurs s'ajouteront maintenant de curieux internautes assouvissant de manière virtuelle leurs rêves de randonnée les plus fous.

Pour s'émerveiller devant les paysages accidentés du parc, où s'entrechoquent calottes glaciaires et montagnes en dents de scie, le site web de Tourisme Nunavut conseille de prévoir entre 30 000 et 50 000 $ et ce, seulement pour le vol aller-retour à partir du hameau inuit de Resolute, lui-même déjà au Nunavut. Mais une autre option s'offre dorénavant aux aventuriers moins fortunés: naviguer sur Google Street View, dans le confort de leur salon.

Dans le cadre d'un partenariat avec Parcs Canada, Google Street View a capté des images de ce parc reculé pour offrir aux internautes une expérience se voulant immersive, avec des prises de vue panoramiques qui simulent une visite réelle.

Emma Upton, de Parcs Canada, explique que dans le cadre de ce projet particulier, la caméra était montée non pas sur un véhicule, mais sur des randonneurs.

«Une fois rendu au parc, on est vraiment limité à se déplacer avec ses deux pieds», souligne la gestionnaire de Quttinirpaaq, parc dont les sites archéologiques témoignent de l'arrivée des Paléo-Esquimaux, il y a des millénaires.

Un hélicoptère a également été mis à profit pour couvrir une plus grande superficie de ce parc de 37 000 kilomètres carrés, précise-t-elle.

Le tournage s'est étiré sur une seule semaine, en juillet 2016, puisque la lumière se fait rare le reste de l'année, à 800 kilomètres du pôle Nord.

«Notre été, c'est littéralement deux semaines», a raillé Emma Upton, en entrevue téléphonique à partir d'Iqaluit.

Elle estime que Quttinirpaaq - le parc le plus au nord au pays - n'accueille pas plus que 25 visiteurs annuellement, sans compter les chercheurs, qui y vouent un intérêt particulier.

«Ça prend du temps, de l'effort et un budget aussi pour y aller en personne, reconnaît Mme Upton. De plus en plus de (Canadiens) vivent dans les grands centres urbains, nos parcs ne sont pas aussi accessibles qu'on l'aimerait.»

C'est pourquoi depuis 2013, Parcs Canada et Google Street View s'associent «pour amener les parcs dans les salons» en arpentant, caméra sur le dos, 150 sites naturels et historiques, a-t-elle poursuivi.

Parmi eux figurent la forteresse de Louisbourg et l'habitation de Port-Royal, en Nouvelle-Écosse, de même que le parc Forillon, en Gaspésie.