Animal emblématique de l'Ouest, autrefois omniprésent, puis à peu près disparu sous les balles des chasseurs, le bison fait un retour progressif, ici et là, dans les Prairies. Au Manitoba, le parc national du Mont-Riding possède un immense enclos où se laissent observer quelques dizaines de ces bêtes impressionnantes.

Affables mastodontes

L'accès aux parcs nationaux du Canada est gratuit cette année pour le 150e anniversaire de la Confédération. C'est l'occasion de partir à l'aventure aux quatre coins du pays. Au printemps, une visite du parc national du Mont-Riding, au Manitoba, permet d'observer de très près les bisons et leurs nouveau-nés. 

Un ours. Un orignal. Des chevreuils. À défaut de croiser d'autres voitures ce matin-là, ce sont ces animaux qui se trouvaient en bordure de la route menant «au pays des bisons».

Au Manitoba, le parc national du Mont-Riding, situé à quelque 300 km au nord-ouest de Winnipeg, est en effet reconnu pour sa population de bisons qui errent tranquillement dans la prairie. Si on parle ici d'un enclos à bisons, on est loin du minuscule lopin de terre délimité par une clôture de bois. Il s'agit plutôt d'un vaste territoire destiné à protéger ces bêtes - emblèmes de l'Ouest canadien - qui ont longtemps été menacées.

Pour réussir à les observer, mieux vaut sortir tôt le matin, avait suggéré la guide du parc. Dès 7 h, il fallait donc prendre la route. La voiture est l'unique moyen pour se rendre sur leur territoire. Premier arrêt : un belvédère donnant sur un immense champ. C'est le seul endroit où l'on peut sortir du véhicule en toute sécurité. En ce matin frisquet de mai, pas un bison en vue. Seul un lièvre est sorti de ses terres, semblant vouloir narguer les visiteurs à la recherche des gros bovidés à cornes. La déception est grande, mais l'employée du parc reste positive.

Retour dans l'auto. Le reste du chemin se fera sur une petite route de terre. Des pancartes jaunes sur lesquelles on peut lire «Enclos des bisons - Restez dans votre voiture» longent la route. Agressives, ces bêtes? Pas vraiment, nous assure-t-on. Mais comme elles sont plutôt imposantes, on ne fait pas le poids.

Finalement, un bison apparaît enfin, seul, à plusieurs mètres du chemin. Habituellement, ils se tiennent en groupe. Tête baissée, en train de manger, il ne daigne même pas se retourner vers les observateurs curieux, au grand dam du photographe.

C'est un peu plus loin que tout un groupe apparaîtra. Et puis, finalement, comme pour se donner en spectacle, un second petit troupeau avancera sur la route pour aller rejoindre le reste du clan. Parmi eux, deux bébés. Le moteur de la voiture est éteint. Le temps s'arrête. Ils marchent tranquillement, d'un pas lourd, en direction de la voiture. On distingue bien leurs cornes, la fourrure foncée autour de leur tête. Bien que la présence humaine ne semble pas les importuner, on se sent tout de même en sécurité à l'intérieur de la voiture face à de pareils mastodontes.

L'attaque du coyote

Tandis que la guide explique que leur présence au parc leur assure une certaine protection face aux prédateurs, un événement assez inusité se produit. Un coyote blanc semblant sorti de nulle part s'élance vers l'un des bébés. La mère, qui a tout vu, s'interpose tel un bouclier. Le coyote s'enfuit. Bredouille. Il devra trouver autre chose à se mettre sous la dent.

Après l'incident, les bisons retournent à leur activité préférée: brouter. Dès que l'un d'eux lève la tête, on s'émerveille. Les bébés, plus actifs, sautillent et gambadent. Les petits flocons de neige qui tombent du ciel ne semblent pas les importuner. La beauté de cette observation réside dans le fait que ces animaux sont ici dans leur habitat naturel, à l'état sauvage. On ne vend pas de carottes pour les nourrir et ils ne passent pas leur tête à travers la fenêtre de la voiture. Ils agissent comme bon leur semble.

Pour ajouter à la chance, sur le chemin du retour, en guise d'au revoir, des ours se tiendront en bord de route et des chevreuils sautillant nerveusement apparaîtront également pendant le trajet. L'impression d'assister à quelque chose d'unique n'en est que plus grande.

Observation des bisons

Le meilleur moment de l'année?

Au printemps, pour voir les petits qui viennent de naître.

Où peut-on les observer?

Le parc national du Mont-Riding, au Manitoba, est connu pour son immense enclos à bisons. Il est également possible d'en voir au parc national Wood Buffalo, au parc national Elk Island et à Banff, en Alberta, ainsi qu'au parc national des Prairies, en Saskatchewan.

Le meilleur moment de la journée?

Les lève-tôt auront davantage de chance de les apercevoir. Ils sortent habituellement le matin, lorsque le temps est plus frais.

Comment les photographier?

Le téléphone n'est peut-être pas votre meilleur allié dans cette situation. Comme les bisons se tiennent parfois loin de la route et qu'il n'est pas conseillé de sortir de la voiture, vaut mieux avoir une caméra munie d'un bon objectif. Pour de meilleures photos, attendre qu'ils soient en groupe.

Photo Bernard Brault, La Presse

Un bison et son rejeton dans le Parc national du Mont-Riding

Le grand retour

Au Manitoba, les bisons sont partout: sur les plaques d'immatriculation des voitures, sur le drapeau, dans les armoiries et dans les champs du parc national du Mont-Riding. Un retour en force pour ces imposants ruminants qui ont déjà été menacés de disparition.

Pendant longtemps, les bisons sauvages étaient nombreux au Manitoba, particulièrement dans la vallée de la rivière Rouge. Mais au cours du XIXe siècle, la chasse massive et non réglementée a décimé ces populations, raconte Patrick McDermott, coordonnateur de l'interprétation au parc national du Mont-Riding. Si les Métis utilisaient chaque partie des bisons tués, plusieurs chasseurs les abattaient seulement pour le plaisir, parfois même à bord des trains qui sillonnaient les Prairies, sans même récupérer les carcasses.

Histoire de réintroduire ces bêtes sauvages sur le territoire canadien, le parc du Mont-Riding, dès 1931, soit quelques années à peine après sa création, a commencé à «importer» des bisons des États-Unis. Aujourd'hui, le parc accueille un troupeau d'une trentaine d'animaux. D'autres lieux protégés comme les parcs nationaux d'Elk Island, de Wood Buffalo et plus récemment de Banff accueillent également des populations de bisons.

Photo Bernard Brault, La Presse

Après avoir été au bord de l'extinction, les bisons sont de retour dans les Prairies canadiennes, notamment grâce à l'achat de spécimens au sud de la frontière.

Sur le bord du lac Clear

Après les bisons, l'autre vedette du parc du Mont-Riding est sans contredit le lac Clear. Et il porte bien son nom. Son eau est si limpide que l'on peut aisément distinguer les roches au fond. Suggestions d'activités.

Randonnée autour du lac

Un sentier aménagé fait presque entièrement le tour du lac. Tout au long du parcours, des chaises et des tables à pique-nique ont été installées. Le matin, plusieurs visiteurs en profitent pour y faire leur jogging matinal.

Promenade à vélo

Depuis l'an dernier, il est possible de louer des vélos à roues élargies (fatbikes) pour parcourir les sentiers. Un moyen de transport idéal au printemps puisque, à bien des endroits, la neige vient à peine de fondre, donc le sol est encore humide. Il est plus facile de circuler à vélo qu'en marchant. On peut louer les bicyclettes à Wasagaming au coût de 10 $ l'heure. Ne reste plus qu'à suivre le sentier au bord du lac jusqu'à une mince bande de sable qui sépare deux étendues d'eau: le lac Clear et le lac South. Des chaises Adirondack ont même été installées pour ceux qui souhaitent prendre une pause et admirer le paysage.

Camping

Les adeptes du camping sauvage seront servis ici. Le parc du Mont-Riding offre plusieurs emplacements permettant de planter sa tente. La plupart sont situés aux abords des différents lacs. Il y a également moyen de louer une tente «prêt-à-camper».

Observation de la faune

Des ours, des chevreuils, des bisons, des orignaux, des lynx. Les animaux sont nombreux ici. Pour les observer et pour admirer la plaine, un belvédère a été aménagé près de l'escarpement Nord.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Le lac Clear porte très bien son nom: l'eau est limpide.

D'autres parcs à voir au printemps

Le printemps est une saison fourre-tout. Au sud, l'été et sa chaleur se font parfois hâtifs, tandis qu'au nord, la neige commence à peine à fondre. Chose certaine, les foules sont rares dans les parcs au printemps, ce qui en fait une saison de choix pour y explorer la nature.

Parc national de la Pointe-Pelée (Ontario)

Pendant le mois de mai, on célèbre ici la migration printanière, notamment avec le Festival de la plume. À l'occasion de cet événement, qui dure plusieurs semaines, des randonnées ornithologiques sont organisées tous les jours.

Parc national Ivvavik (Yukon)

C'est au printemps que les visiteurs venus fouler le sol de cet immense parc de 9775 km2 pourront observer les caribous qui migrent dans le parc pour donner naissance aux bébés. D'autres animaux tels que des grizzlis et des eiders à têtes grises peuvent également être observés.

Parc national Yoho (Colombie-Britannique)

Parois rocheuses, sommets enneigés, vues panoramiques, voilà ce qu'offre le parc national Yoho, décrit comme le paradis des randonneurs. On y retrouve quelque 400 km de sentiers. Ceux qui se rendent sur place au printemps doivent se chausser adéquatement, puisqu'il reste beaucoup de neige à certains endroits.

Photo Brian Morin, fournie par Parcs Canada

Observation d'oiseaux dans le parc national de la Pointe-Pelée.

Parc national des Lacs-Waterton (Alberta)

Au printemps, plusieurs excursions guidées sont organisées à travers le parc: sur la piste des bisons, le long du ruisseau Blakiston, près des chutes Cameron. Il s'agit également du meilleur moment de l'année pour partir à la découverte des fleurs sauvages. À noter toutefois que cette année, des travaux d'infrastructures sont en cours dans le parc.

Réserve de parc national Pacific Rim (Colombie-Britannique)

Dès le 1er mai, le sentier de la Côte-Ouest est accessible pour les marcheurs. Ce parcours de 75 km permet à la fois de longer des plages, de passer sur des ponts suspendus et de découvrir des forêts anciennes. L'excursion, qui durait auparavant de cinq à sept jours, peut maintenant se faire en deux ou trois journées grâce à l'aménagement d'un troisième accès au sentier.

Parc national Terra Nova (Terre-Neuve-et-Labrador)

Vous êtes ici au parc national le plus à l'est du Canada. L'étang Sandy compte parmi les attraits de l'endroit. Il est possible d'y pagayer ou encore d'en faire le tour grâce à un sentier en boucle de 3,2 km.

Photo Ryan Bray, fournie par Parcs Canada

Parc national des Lacs-Waterton (Alberta)

Parc national Auyuittuq (Nunavut)

Même au mois de mai, il est encore possible de faire du ski, du traîneau à chiens et de la motoneige ici. Les amoureux de la neige et des sports d'hiver peuvent donc aller y prolonger leur saison. Lorsque le fjord est encore gelé, l'accès au parc s'y fait plus facilement. En été, les visiteurs arrivent par bateau.

Parc urbain national de la Rouge (Ontario)

Il s'agit du premier parc urbain national au pays. Situé à proximité de Toronto, ce parc est un bon endroit pour célébrer le retour des oiseaux migrateurs ou encore s'initier à la pêche.

Réserve de parc national des Îles-Gulf (Colombie-Britannique)

Ici, on vient observer les animaux marins: des phoques, des otaries, des épaulards, des loutres... Des excursions guidées en kayak sont également organisées.

Photo Thinkstock

Parc national Auyuittuq (Nunavut)