Churchill ayant été bâti en plein couloir migratoire des ours polaires, les rencontres entre l'homme et l'animal sont fréquentes, surtout quand la glace a disparu de la baie d'Hudson. Comment vivre avec l'un des plus dangereux prédateurs du globe comme voisin?

Patrouilles en ville

Toute l'année, une ligne téléphonique d'urgence permet de prévenir les agents de la faune - 24 heures sur 24 - de la présence d'un ours polaire à Churchill. Ces agents, associés au programme provincial Polar Bear Alert (PBA), chassent les ours à l'aide de cartouches détonantes et parfois de balles de peinture ou de caoutchouc. L'objectif du programme, mis sur pied en 1969: protéger les résidants, mais aussi les ours, qui doivent continuer de se méfier de la présence humaine pour leur propre sécurité.

Halloween sous surveillance

Chaque année, les écoliers de Churchill assistent à une présentation sur les mesures de sécurité à respecter. Lundi soir, toutefois, ils pourront célébrer l'Halloween sans s'inquiéter. Toute la soirée, des hélicoptères survoleront la ville et 16 équipes de pompiers, policiers et agents de conservation veilleront à ce que les petits monstres ne risquent rien pendant leur tournée de bonbons (sauf des caries). Seule consigne: les déguisements d'ours polaire sont formellement interdits...

Portes déverrouillées

Les résidants de Churchill ont l'habitude de laisser leur automobile déverrouillée; elle peut servir de refuge - pour eux-mêmes ou pour un voisin - en cas de rencontre inopinée. Qui a envie de chercher ses clés face à un ours polaire affamé? Et les risques de se faire voler son véhicule sont quasi nuls: les voleurs ne peuvent pas s'enfuir très loin...

Couvre-feu volontaire

Chaque soir, à 22 h, une sirène retentit à Churchill pour prévenir les imprudents (surtout les plus jeunes...) qu'il est fortement conseillé de rentrer. Les récalcitrants ne seront toutefois pas arrêtés - aucune loi ne les oblige à rentrer. Les agents du PBA recommandent de plus aux groupes de trois personnes ou moins de prendre un taxi après 22 h.

Prison pour ours

Malgré les tentatives d'éloignement des agents de la faune, certains ours continuent d'errer dans Churchill. Ils sont alors capturés au moyen d'immenses pièges cylindriques. Les ours sont ensuite placés dans un bâtiment d'isolement, que les résidants appellent «la prison des ours». Le centre compte 24 cellules et les ours peuvent y rester jusqu'à 30 jours, sans nourriture. Ils sont ensuite relocalisés par hélicoptère. Sous sédatifs, ils sont placés dans un grand filet avant d'être déplacés.

Que faire en cas de rencontre?

Faire le mort devant un ours noir est une mauvaise idée: c'est carrément un suicide face à un ours polaire! Contrairement à son cousin, il peut considérer l'humain comme une source potentielle de nourriture. Face à un ours polaire, il faut reculer lentement, sans crier ni faire de mouvements brusques. Surtout, il ne faut pas courir. Et si ce carnassier pesant jusqu'à 600 kg attaque? Il faut alors se battre, en frappant les zones sensibles, comme le visage ou le nez.

PHOTO STÉPHANIE MORIN, LA PRESSE

Chaque soir, à 22 h, une sirène retentit à Churchill pour prévenir les imprudents qu'il est fortement conseillé de rentrer.