Territoire aussi immense que l'Espagne et plus grand que la Californie, le Nunavik est peuplé par seulement 11 000 Inuits, répartis dans 14 communautés parsemées le long des côtes. Lors d'un voyage fait il y a cinq ans, le chercheur Luc Bouvrette est tombé amoureux de cette région nordique du Québec. Il nous la présente, à sa manière, dans une exposition virtuelle qui vient d'être mise en ligne sur le site du Musée virtuel du Canada.

Sous le titre Nunavik: une terre, son peuple, ce graphiste et designer web trace le portrait des Inuits, de leur territoire, de leur héritage, de leur culture, dans des témoignages, des photos, des explications historiques et préhistoriques ainsi que des oeuvres d'art. Il nous propose ainsi une immersion dans ce pays austère, où sévissent des conditions climatiques difficiles, mais où un peuple a réussi à survivre contre vents et marées.

 

«Lors de mon premier voyage, j'ai été fasciné par la culture de survivance et d'entraide des Inuits. J'y ai trouvé une façon de voir la vie, un sens de la communauté, qui m'a complètement ébloui. Quel contraste avec ce que l'on voit dans le sud du Québec!» raconte-t-il.

Au nombre des détails qui le fascinent, la présence d'un congélateur communautaire où les Inuits partagent les produits de la chasse avec leurs concitoyens. «C'est une façon pour eux de permettre aux gens qui ne chassent pas, comme les aînés, de continuer à manger de la nourriture traditionnelle, comme du caribou», dit-il.

Au total, le chercheur affilié au Laboratoire de recherche sur les musiques du monde de la faculté de musique de l'Université de Montréal a vécu quatre mois là-bas, étalés sur trois ans. Il a visité la moitié des communautés et a vécu de nombreuses expériences étonnantes, comme un camp d'entraînement en survie arctique où il a dû construire un igloo dans un blizzard, avec une température largement sous les -30 degrés oC. «C'est du tourisme assez extrême!» rigole-t-il. Des photos éblouissantes témoignent de cette aventure.

L'expo ne s'attarde pas, comme c'est très souvent le cas dans les médias, aux problèmes qui affligent les communautés. «Je ne voulais pas être la personne qui vient porter des jugements sur leur manière d'être. Mon objectif, c'est de présenter cette société en pleine transformation, qui a connu d'énormes difficultés, mais qui survit», dit-il.

Pour un homme blanc, admet-il, il n'est pas facile d'entrer en contact avec les habitants du Nord. «On ne jouit pas d'une bonne réputation là-bas et, il est important de le préciser, cette mauvaise réputation est amplement méritée. Cela dit, quand on se présente de manière transparente, il est possible de nouer des contacts solides», dit-il, regrettant du même coup que de nombreux chasseurs fassent un saut au Nunavik sans jamais rencontrer un Nunavimmiut. Dommage.

Cette nouvelle exposition, qui s'adresse au grand public et que l'on peut visiter 24 heures sur 24, sept jours sur sept, est offerte en trois langues: français, anglais et inuktitut. Rendez-vous au www.museevirtuel.ca/Exhibitions/Nunavik