Des scènes de sexe dans des clubs d'effeuillage plus que louches, des bagarres dans des bars interlopes, des gangsters à vos trousses... Le tableau débridé de Bangkok brossé par The Hangover 2 aurait de quoi inquiéter l'industrie du tourisme thaïlandaise. Et pourtant non.

Quatre semaines après la sortie de cette grosse production américaine, déjà un succès à travers le monde, personne ne semble véritablement choqué par cet étalage d'excès en tout genre. «Après avoir vu le film... Mmm... C'est comme ça que les étrangers voient Bangkok... Et c'est tellement vrai!», lance un internaute sur un forum de discussion populaire, Pantip.com. Un bon résumé du sentiment général autour de cette comédie qui suit les déambulations alcoolisées à travers Bangkok d'un groupe d'amis venus arroser un enterrement de vie de garçon. Reprenant la formule qui avait fait en 2009 le succès du premier opus dans une autre célèbre ville de perdition -- Las Vegas--, Stu, Phil et Allan remontent le fil d'une nuit de débauche dont leurs cerveaux imbibés d'alcool ont effacé tout souvenir. Mais l'Autorité du tourisme de Thaïlande fait confiance aux spectateurs pour distinguer la réalité de l'image outrancière, voire parfois franchement erronée, de ce pays réputé pour sa vie noctambule endiablée. «Personne ne veut voir les mauvais côtés de son pays, mais nous devons reconnaître que c'est vrai», admet son directeur Suraphon Svetasreni. «Si nous pouvions choisir, nous ne montrerions pas ça dans un film».

Côté positif, les «méchants» de l'histoire sont des étrangers. Et le film quitte parfois les bas-fonds pour montrer l'autre côté du «pays du sourire», emmenant le public découvrir Krabi et les côtes époustouflantes de la mer Andaman, se balader sur le fleuve Chao Praya ou prendre un verre au sommet des gratte-ciels de la capitale. «Je pense que ce film est bon pour la Thaïlande. Il pourrait aider à attirer plus de touristes après avoir vu les paysages magnifiques de Krabi», se rassure Suraphon. Les spectateurs qui prendraient le film au pied de la lettre ont peu de chance de croiser à Bangkok un singe dealer de drogue. Mais le quartier «rouge» tiendra certainement toutes ses promesses. Les danseuses en petite tenue et les rabatteurs pour des spectacles dont les interprètes se plaisent à utiliser bananes et autres balles de ping-pong n'ont rien d'imaginaire. Le futur marié Stu n'est certainement pas non plus le premier à passer la nuit par inadvertance avec un des célèbres «katoeys» thaïlandais.

En clair, un transsexuel. «Évidemment, le film se penche surtout sur les côtés sombres de Bangkok, mais presque tout ce qui est dépeint arrive vraiment ici», commente Joe Cummings, auteur du guide Lonely Planet sur la Thaïlande. «Peu de visiteurs pourraient voir tout ça en une seule fois, mais si je me rappelle bien, les réalisateurs avaient fait pareil pour Las Vegas dans le premier film». Certaines agences de voyages ont senti la bonne affaire et proposent déjà des circuits The Hangover 2 à Bangkok: bateau sur le Chao Praya, visite d'un temple aperçu sur grand écran et d'un bar au sommet d'un immeuble. Sans oublier l'incontournable soirée dans un club de strip-tease. Et si les critiques locales du film ne sont pas toujours positives, la principale inquiétude de nombre de spectateurs n'est pas l'image dégradée de leur pays, mais les aberrations géographiques. «Je crains une chose (...), que les étrangers puissent croire qu'ils peuvent aller en bateau du fleuve Chao Praya à Krabi!», écrit ainsi un internaute.