Le Népal est un paradis pour randonneurs. En dehors des très connus treks des Annapurna et de l'Everest, il compte bien d'autres routes pour s'enivrer des beautés de ce pays traversé par l'Himalaya.

À une centaine de kilomètres au nord de Katmandou, la Tamang Heritage Trail est une randonnée qui offre l'avantage de découvrir la vie quotidienne et culturelle d'une des nombreuses ethnies du Népal, les Tamangs.

Il est 17h30 à Briddim et le soleil s'est couché brutalement derrière les crêtes du massif du Ganesh Himal, emportant tout ce qui restait de chaleur avec lui. On rentre se blottir auprès du foyer de la cuisine, où brûlent quelques branches et des bouses de yak séchées.

Dawa, la maîtresse de maison dans ses amples jupes tibétaines, prépare à manger pour une dizaine de personnes, à la seule lueur du feu dans le four d'adobe et d'une malheureuse bougie. Dans un coin, une de ses filles (à peine 8 ans) s'occupe du petit dernier qui ne marche pas encore. L'aînée, en vacances de son collège à Katmandou, fait office de traductrice. En sirotant une tasse de thé au lait de nak (femelle du yak), la discussion vogue tranquillement entre les conditions de vie dans la montagne au cours des saisons, sa vie à Katmandou, ses deux retours par an au village et le récit coloré du principal festival du village, le Dawa Dangbo Chhiju. Rituels du quotidien, instants précieux, qui se répètent chaque soir chez tous les habitants qui accueillent des marcheurs en leur demeure.

Chez les Tamangs

Séjourner dans des demeures locales et côtoyer ces populations montagnardes est la spécificité qui rend ce trek passionnant et différent. Les Tamangs représentent environ 6% des 30 millions de Népalais. Ils tirent leurs lointaines origines du Tibet voisin, dont ils suivent les traditions culturelles et religieuses. Pas une maison sans son petit temple familial agrémenté d'une photo du dalaï-lama. Leur langue tibéto-birmane, par contre, est unique.

Occupant traditionnellement les moyennes montagnes du centre du pays, ils vivent principalement de l'agriculture et de l'élevage. Dans leurs contrées longtemps laissées à l'écart du tourisme et du développement, certains aspects de leur mode de vie ancestral restent inchangés depuis des siècles. L'accueil est simple, naturel, souriant. Le confort, plutôt rustique. Les maisons traditionnelles en pierre ne comptent qu'une ou deux chambres en plus de la pièce de vie. Certaines familles commencent à proposer un hébergement semblable à ceux disséminés sur les sentiers plus fréquentés du Népal.

À table!

La cuisinière ravive les flammes en soufflant sur les braises avec une tige de bambou. Juste assez pour faire mijoter une soupe de lentilles et garder le curry de pommes de terre au chaud à droite, à feu vif pour faire cuire le riz à gauche. Voilà pour les ingrédients du plat national népalais, le dal bhat, consommé deux fois par jour par une grande partie de la population. La carte se complète de quelques spécialités tibétaines et internationales. Et les choix restent identiques tout au long du parcours, avec comme principale variante une élévation des prix qui suit celle de l'altitude. Car, ici comme en de nombreuses régions du pays, toute provision est montée à dos d'homme, parfois de mule. Les porteurs sont limités à 30 kg, en théorie. On en croise beaucoup dont la charge semble largement dépasser ce poids et qui nous lancent tout de même un «namastééééé» enjoué, auquel on répond par un «na...mas...té» essoufflé.

Un trek différent

Même si quelques dénivelés nous font suer, cette randonnée ne comporte pas de difficultés majeures. Bien sûr, le paysage de moyenne montagne n'est pas comparable aux sommets qui dépassent les 8000 m. Pour compenser, les pics enneigés des massifs du Ganesh Himal (7422 m), du Langtang (7246 m) et des monts tibétains, de l'autre côté de la frontière, apparaissent à l'occasion. On profite d'abord ici de l'aspect culturel, de la beauté des villages et des temples bouddhiques, des forêts de rhododendrons peuplées de singes, des flancs de collines striés de rizières en terrasse où la vie poursuit son cours.

Un autre avantage de ce trek, et pas des moindres: le nombre restreint de touristes empruntant ce sentier. Un bémol, cependant: les investissements actuels dans la région (route Tibet-Katmandou financée par la Chine, centrales électriques) pourraient altérer le caractère unique de ce trek.

Repères

Cette randonnée s'effectue facilement en autonomie (sans guide ni porteur) en six à huit jours. L'altitude est comprise entre 1500 m et 3200 m avec des dénivelés quotidiens compris entre 500 m, et 1000 m. La carte la plus précise de la région est éditée par Himalayan Map House et se vend à Katmandou. Elle porte le titre: Langtang&Tamang Heritage Trail (1: 25 000).

Ce trek se combine aisément à ceux du Langtang et du Gosaikund, deux sentiers plus touristiques qui offrent un environnement plus montagneux, pour un total de trois semaines de marche.

S'y rendre

Depuis Katmandou, les 130 km de route jusqu'à Shyapru s'effectuent en 9h de trajet mouvementé en bus (5$) ou en six ou sept heures de jeep (10$) pour une expérience un peu moins rude.

Coût

Le permis de trekking s'élève à 20$ et l'entrée dans le parc national du Langtang à 30$. Comptez environ 2 à 5$ par nuit pour une chambre pour deux personnes et autant par repas et par personne.

Quand y aller

Les meilleures périodes sont de septembre à décembre et de mars à mai. À noter qu'en avril, les forêts de rhododendrons sont en fleurs, et qu'en février, le festival de Dawa Dangbo Chhiju est un événement du calendrier bouddhiste qui attire tous les villages des alentours à Briddim pour sept jours de fêtes et de danses.

Information

Le bureau de KEEP (Kathmandu Environmental Education Project) à Katmandou est une bonne source d'information actualisée sur ce trek et bien d'autres au Népal.

www.keepnepal.org