Le Laos, ce pays sans mer, a tout de même son archipel: 4000 îles baignées par le Mékong. Ici, la vie coule trèèès doucement. Portrait - au ralenti - d'un endroit luxuriant qui s'est imposé comme une escale incontournable sur le circuit des voyageurs en Asie du Sud-Est.

Les 4000 îles, Si Phan Don en lao, le nombre est peut-être exagéré. Ou alors, il faudrait compter chaque minuscule îlot de verdure dépassant des eaux couleur café au lait du fleuve mythique. Et encore. Mais peu importe, cet archipel situé à l'extrémité sud du Laos se compose d'une vingtaine d'îles principales et disons de quelques centaines de plus petites, qui s'étalent sur toute la largeur du Mékong (14 km lors de la saison des pluies). La première impression quand on arrive en pirogue à travers ce véritable dédale de terres émergées, c'est que, quels que soient leur nombre et leur taille, elles ont toutes un point commun: le vert des palmiers et des cocotiers se détachant sur l'azur du ciel leur va très bien.

Îles touristiques

De tout l'archipel, seules trois îles sont équipées pour accueillir les visiteurs. Don Khong, la plus grande de toutes, n'est pas la plus charmante et elle le sera encore moins une fois achevé le pont la reliant à la terre ferme. Don Det et Don Khone sont nettement plus attirantes. Elles sont rattachées l'une à l'autre par un vieux pont de pierre et on en fait le tour en quelques heures de vélo en empruntant de bucoliques sentiers. Le tourisme s'est développé ici depuis une quinzaine d'années. Les voyageurs d'alors étaient accueillis chez les familles. Aujourd'hui, les touristes ont le choix entre une soixantaine d'établissements (hôtels, auberges, bungalows).

Journées remplies

Apprendre la pêche traditionnelle puis faire griller ses prises, découvrir de belles plages cachées dans des îles désertes, se laisser porter par le courant en kayak, observer les rares dauphins de l'Irrawaddi, admirer d'impressionnantes chutes d'eau: il y a de quoi remplir quelques journées. Aller à la rencontre de l'histoire de cet archipel est aussi passionnant. Car au temps de l'Indochine française, ces îles et les rapides qui les séparent étaient un obstacle aux navires à vapeur cherchant à remonter le Mékong. Vers 1894 la solution fut trouvée: les bateaux seraient démontés au sud de Don Khone puis transportés jusqu'à Don Det par chemin de fer et réassemblés avant de poursuivre leur voyage. Tout simplement. De 1897 aux années 30, des centaines de navires, leur cargaison et leurs passagers furent ainsi transbordés. Reste de cette épopée d'intéressants vestiges, tels le port de Don Khone et de vieilles locomotives rouillées rappelant un temps où les îles bouillonnaient d'animation.

Bien heureusement, cette époque trépidante (et sûrement très bruyante) est révolue. Aujourd'hui, le calme n'est perturbé que par le bal des pirogues qui passent et repassent du soir au matin. Habiles pêcheurs lançant leur filet, écoliers en uniforme mettant le cap vers la classe... Un spectacle continu qui, vu de la terrasse de son bungalow, rappelle que ne rien faire est un art, et qu'il se cultive particulièrement bien ici.

Quand y aller?

La saison sèche (de novembre à mars) est la plus agréable mais elle attire aussi le plus grand nombre de touristes. Juste avant la mousson, la période d'avril-mai est très chaude (40ºC) et orageuse, mais la végétation reprend des couleurs et les visiteurs se font plus rares.

S'y rendre

Pakse, la grande ville du sud du Laos, est accessible en avion ou en autobus depuis Ventiane et Bangkok. De là, comptez 2h de bus et 1h de bateau pour rejoindre Don Det ou Don Khone.