Plusieurs touristes goûtent au désert Wadi Roum en faisant une petite tournée en véhicule à quatre roues motrices. D'autres s'aventurent à dos de dromadaire. Nous sommes à pied. Et nous avons du temps: trois jours à parcourir ce paysage étonnant, trois nuits à écouter le silence... ou le ronflement provenant de la tente d'à côté.



Plusieurs touristes goûtent au désert Wadi Roum en faisant une petite tournée en véhicule à quatre roues motrices. D'autres s'aventurent à dos de dromadaire. Nous sommes à pied. Et nous avons du temps: trois jours à parcourir ce paysage étonnant, trois nuits à écouter le silence... ou le ronflement provenant de la tente d'à côté.

Le paysage a l'air presque irréel. Un désert de sable chatoyant, où alternent le blanc, le rouge et l'ocre, semble prendre d'assaut des falaises de grès et de granit. C'est comme un tableau, une somptueuse peinture, qui s'étale devant nous.

Nous nous mettons en marche. Nous nous apprêtons à traverser cette étendue de sable pour aller nous reposer à l'ombre de ces falaises.

Nous marchons sur les traces de Lawrence d'Arabie dans ce désert qu'il a immortalisé dans Les sept piliers de la sagesse, le Wadi Roum.

«Chaque hauteur était chapeautée par de nombreuses sommités en forme de dômes, d'un rouge moins intense que le reste du relief et tirant sur le gris, a écrit Thomas Edward Lawrence dans ce récit de la révolte arabe de 1917-1918. Cela apportait la dernière touche d'architecture byzantine à ce paysage envoûtant, à cette voie processionnelle qui défiait l'imagination.»

L'idée de marcher pendant trois jours dans le sable ne me plaisait pas trop. Je n'avais pas à m'en faire. S'il est parfois mou et exténuant, le sable est souvent bien durci par le vent et il est facile d'y progresser.

Et puis, il y a toutes ces falaises, transpercées par des défilés qui nous permettent de passer d'une vallée à l'autre. La randonnée devient alors carrément ludique. Il y a quelque chose d'amusant à se glisser entre deux parois rocheuses, à se hisser sur des rochers pour négocier des éboulis, à suivre d'étroits sentiers au-dessus d'un ravin, à gagner un promontoire pour redescendre aussitôt au fond du défilé, bien frais, où se cachent des arbustes: les tamaris et le laurier-rose.

Notre jeune guide bédouin nous fait pénétrer dans une étroite ouverture ménagée dans le grès: au fond d'une étroite chambre de pierre tapissée de fougères coule une eau très fraîche. C'est une source que Lawrence d'Arabie a probablement fréquentée pour abreuver son dromadaire.

Plus loin, nous abordons les restes d'une habitation de pierre où l'excentrique Britannique aurait passé plus d'une nuit. C'est peut-être une légende. Mais le site est si bien situé, la vue sur la vallée est si majestueuse qu'on peut certainement imaginer T.E. Lawrence y séjourner.

Une équipe locale, qui contourne les massifs à bord d'un véhicule à quatre roues motrices, nous attend chaque fin d'après-midi avec du thé et des biscuits. En attendant le souper, nous empoignons nos bagages pour aller choisir l'endroit où nous monterons nos tentes.

Avec le coucher du soleil, le froid s'empare du désert. Les étoiles sont particulièrement brillantes dans le ciel. Je ne peux résister à la tentation, une fois de plus je sors mon matelas et mon sac de couchage de la tente et je m'installe pour la nuit sur le sable. Je veux profiter au maximum de chaque minute passée dans le désert du Wadi Roum.