Des voyageurs intrépides nous racontent leurs histoires. Elles sont parfois rocambolesques et même difficiles à croire. Parfois, aussi, leurs aventures ont surtout d'extraordinaire qu'elles les ont menés plus loin. Dans tous les sens du terme.

Qui

Stéphanie Benoit, qui avait vu d'autres volcans...

Quoi

L'ascension d'un volcan de 3726 m

Lombok, Indonésie

Nous sommes sur une plage paradisiaque de Kuta, dans l'île de Lombok, et nous repensons à cette année de voyage qui se termine sous peu. À toutes les mésaventures et péripéties qui ont pu nous arriver. Il ne manque qu'un dernier élément pour boucler la boucle; l'ascension du Gunung Rinjani, le deuxième volcan d'Indonésie, culminant à 3726 mètres d'altitude.

Après avoir discuté avec quelques Indonésiens du meilleur raccourci pour nous rendre à destination, nous sautons dans notre mini jeep, louée pour la modique somme de 10$ par jour, prix reflétant grandement l'état de la voiture.

Première erreur: tenter de prendre une autre route que la seule rue asphaltée de l'île. Six heures pour parcourir un trajet de 50 km: loin du raccourci! Perdue au milieu de chemins de sable et de terre, majoritairement composés de trous énormes et de pentes escarpées, je ne voyais pas le bout du tunnel. Et je croyais sincèrement que la jeep n'allait pas tenir le coup. C'est alors que la pente la plus abrupte se présente devant nous. Je ne me rappelle pas avoir autant crié en voiture et je m'imaginais sans cesse que les freins arrêteraient de fonctionner. Nous n'avions encore rien vu!

Après les routes de terre, c'était au tour aux ponts défoncés! Avec l'aide de gens du coin, nous avons réussi à aligner les roues de la jeep sur deux planches de bois chambranlantes, tout ça sans nous retrouver dans la rivière. Arrivés quelques heures plus tard à notre auberge, après un bris mécanique et sous une pluie torrentielle, je me suis dit que rien ne pouvait être pire que cette dernière journée. Deuxième erreur.

Plusieurs possibilités s'offraient à nous pour l'ascension du volcan. Intrépides que nous sommes, nous avons choisi la moins populaire, celle que tout le monde nous déconseillait, le trek en deux journées. «Des volcans, on en a déjà monté!» était notre réponse de voyageurs à l'abri de tout. Troisième erreur...

Le lendemain matin, départ aux aurores pour rejoindre Sembalun situé à une heure de voiture de l'auberge dont l'altitude est de 1000 m. Je cherche la voiture devant l'auberge, mais tout ce que je vois est un pick-up avec des pneus, des sacs de riz et des Indonésiens assis dans la boite du camion. Tout le monde à bord!

Les fesses engourdies par le trajet sur mon sac de riz, nous entreprenons les sept heures de marche, traversant des collines verdoyantes et des rivières de lave. La randonnée se termine par une ascension éprouvante en fin de journée au travers des nuages. Je lève mon chapeau à notre porteur en flip-flop transportant tout le matériel dans ses deux caisses attachées à chaque extrémité d'un bambou. Moi, j'avais un léger malaise d'altitude...

Lorsque nous sommes enfin arrivés sur le cratère, nous avions l'impression que le sommet était proche. Très proche!

Camper sur un cratère avec un vent glacial ne favorise pas vraiment le sommeil! À 4h du matin, après avoir dormi un maximum de 30 minutes, nous reprenons donc la route pour atteindre le sommet à temps pour le lever du soleil. Ce trajet d'un peu plus d'une heure s'avère extrêmement difficile avec le manque de visibilité, le froid et les deux pieds dans le sable volcanique.

Mais au sommet, nous avons vite oublié la fatigue et le manque de sommeil: la vue était spectaculaire. Nous voyions même les îles Gili, Sumbawa et le Gunung Agung. Bien sûr, une photo s'imposait avec la vue du lac bleu émeraude de cratère. Notre guide, caméra à la main, a eu ce gentil avertissement: ne reculez pas trop, l'année dernière, un Australien est mort en tombant dans le cratère alors qu'il voulait se faire prendre en photo. Petit sourire plastique, clic clic, je n'ai que le goût de descendre maintenant!!

En descendant à la clarté du jour, nous remarquons l'étroitesse du chemin que nous avions emprunté le matin même. La descente fut la partie la plus pénible de ce périple: huit heures à marcher dans le sable, mollets et cuisses constamment crispés pour ne pas glisser.

Arrivés au pied du volcan, je ne rêvais que d'une douche chaude et d'un lit douillet. Un rêve seulement puisque je savais pertinemment que seul un seau d'eau m'attendait en guise de douche. Après cette aventure, je n'étais même pas surprise de voir que nous reprenions la route sur un scooter, encore moins confortable que le pick-up!

Par contre quand j'y repense maintenant, ce ne sont pas les côtés négatifs qui me viennent en premier à l'esprit, mais bien le moment magique au sommet où l'on se sent enivré par l'air frais et le spectacle s'offrant à nous.