On a tous vu à satiété ces documentaires sur la folie des grandeurs qui se matérialise quotidiennement à Dubaï. Le Burj Al Arab, cet hôtel sept étoiles dont la forme évoque une voile sous le vent. Palm Island et The World, ces archipels artificiels où les grandes fortunes du monde se réfugient. Ces infrastructures aéroportuaires uniques au monde. Ces autoroutes à 12 voies. Sa marina au coeur du désert. Ski Dubaï avec son centre de ski alpin intérieur...

La crise financière internationale a réussi à ébranler cette économie en ébullition qui s'est fondée sur le pétrole dans les années 60, mais pour laquelle l'exportation des énergies fossiles ne compte plus que pour une fraction négligeable. Toutefois, elle a rebondi dans le temps de le dire avec le soutien des émirats voisins.

Défier l'imaginaire

Dubaï construit son économie sur le tourisme, et la seule contrainte à ses ambitions reste la limite de la créativité et de l'ingéniosité humaines. Une frontière qu'elle n'a de cesse de repousser en matérialisant la fiction.

Les grands projets en voie de réalisation à Dubaï sont encore légion. Toutefois, l'un de ceux qui ont récemment fait la manchette marque son époque par son audace, tout comme la tour Eiffel en son temps. On a nommé cette tour Burj Khalifa, en l'honneur de l'émir d'Abou Dhabi, le cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane, président des Émirats arabes unis, après son refinancement à hauteur de 10 milliardsUS des projets de Dubaï. Elle s'élève à 828mètres, compte 160 étages et a coûté 1,5 milliard. C'est le plus haut édifice du monde. On y trouve quelques bureaux aux étages supérieurs, mais il s'agit essentiellement d'un bâtiment résidentiel auquel s'incorpore un hôtel de grand luxe, le premier de la chaîne Armani.

Giorgio Armani, le bonze milanais de la haute couture, a lancé sa société en 1975 avec un capital de 10000$. Ses bénéfices annuels dépassent aujourd'hui le milliard de dollars. Ses activités se sont grandement diversifiées depuis les débuts, mais maintenant, il se lance dans l'hôtellerie de luxe.

Le premier Armani Hotel a ouvert ses portes l'an dernier à Dubaï, puis sept grandes villes du monde accueilleront les suivantes. Et, comme on peut s'y attendre, la signature Armani fait de cet hôtel un endroit qui brise toutes les références.

Minimalisme et élégance, voilà ce qui définirait le mieux l'approche d'Armani, l'un des stylistes les plus influents de son époque. Le dépouillement intemporel qui dissimule le fonctionnel, question pratique, puis le luxe qui s'exprime dans une palette de riches et subtiles nuances dénuées d'ornements.

L'expérience Armani

Dès le départ, «l'expérience Armani» débute dans une ambiance déstabilisante, puisque l'hôtel n'a pas de comptoir d'enregistrement. Ce sont les life managers qui deviennent la référence centrale de la clientèle. Ces employés ont eu droit à une formation très pointue donnée, en particulier, à l'École hôtelière de Lausanne. Ils prennent en charge la clientèle avant même son arrivée en s'informant préalablement des besoins particuliers de chaque visiteur. Puis, ils l'accueillent à l'arrivée et s'occupent de toutes les formalités de l'enregistrement, qui est complété dans la chambre au cours de la visite de familiarisation, qui s'avère très utile. Par la suite, si le client a besoin de réservations à un restaurant ou pour un spectacle, de transport, de conseils ou de quoi que ce soit, c'est au life manager qu'il fait appel.

La directrice des communications, Sarah Walker-Kerr, nous explique l'influence d'Armani sur chaque élément de l'hôtel, jusque dans les moindres détails. Tous les uniformes sont dessinés par Armani et, cela va de soi, sont noirs et décontractés.

Naturellement, on remarque d'abord le design des aménagements et du mobilier, qui est la signature caractéristique du créateur. La couleur, le marbre rare des planchers, les matériaux raffinés des boiseries, les tissus des rideaux, les couleurs apaisantes dans des nuances de gris, de brun et de beige.

La multiplication des gadgets, l'absence de tableaux sur les murs, l'éclairage très subtil, l'absence de poignées de porte... tout ça, c'est Armani. La réminiscence soutenue de la forme de la lettre «A» se retrouve partout, des arches qui meublent le hall jusqu'aux pattes de table et sur le logo de l'hôtel. Les corridors sont extrêmement troublants, puisque, de prime abord, on n'y distingue pas les portes sans poignée des chambres. On s'engage dans un tunnel sans aspérité avec le numéro de chambre illuminé comme seul repère. En passant la carte devant un lecteur, la porte s'ouvre toute seule.

Si quelqu'un sonne, on le voit sur un petit écran près du bureau. Les murs nus et en courbes déstabilisent aussi, jusqu'à ce qu'on les ouvre pour découvrir le téléviseur et l'espace bar avec sa cafetière Nespresso. Chaque objet coussins, serviettes, produits de toilette, objets utilitaires, même la pince à glace est signé Armani. Et si ça ne porte pas la griffe, ce doit être approuvé personnellement par le patron, de la coutellerie aux stylos.

La chambre simple coûte autour de 450$ la nuitée; les suites de luxe, jusqu'à près de 2000$.

Hôtel Armani,  tour Burj Khalifa, Dubaï  www.armanihotels.com