Le premier musée dédié à la répression sanglante sur la place Tiananmen en 1989, qui ouvrira ses portes la semaine prochaine à Hong Kong, veut convaincre les visiteurs chinois de se battre pour la démocratie, ont indiqué vendredi les organisateurs.

L'exposition permanente, dont l'ouverture est prévue le samedi 26 avril, rend hommage aux personnes tuées lors de la répression brutale du soulèvement étudiant en faveur de la démocratie les 3 et 4 juin 1989 à Pékin.

Dans le reste de la Chine, toute référence à ces événements, qui ont fait plus de mille morts, sans compter les morts en province, selon des sources indépendantes, est interdite. De nombreux Chinois ignorent ainsi toujours cette période noire. Le pouvoir communiste n'a jamais publié de bilan.

Le musée est financé par l'Alliance de soutien des mouvements patriotiques démocratiques de Chine, qui organise également une cérémonie du souvenir chaque année le 4 juin à Hong Kong à laquelle participent des dizaines de milliers de personnes portant des bougies.

«Un grand nombre de gens ont oublié ce qui s'est passé et les gens de l'intérieur de la Chine ne sont pas autorisés à se souvenir. C'est pourquoi nous préservons ici cette mémoire et rappelons aux gens ce qui s'est passé également pour les pousser à se battre pour la démocratie en Chine», a expliqué le président de cette Alliance, Lee Cheuk-yan, à des journalistes.

«En les laissant se souvenir et en leur dévoilant ce qui a réellement eu lieu, ils seront en colère contre le parti communiste, qui pour préserver son pouvoir avait fait tirer sur le peuple. Cela ne devrait pas être toléré par nos concitoyens en Chine», a-t-il ajouté.

Selon lui, les organisateurs utiliseront les médias sociaux, notamment le réseau Weibo, équivalent du Twitter occidental, pour faire la promotion de ce musée.

Le musée d'environ 75 mètres carrés, situé dans le quartier commercial de East Tsim Sha Tsui, présentera des photos des manifestations et de la répression avec l'aide de l'armée qui a suivi, incluant l'image célèbre d'un manifestant seul face à un char.

Il exposera également une statue de deux mètres de haut représentant la Déesse de la Démocratie, semblable à celle qui avait été érigée il y a 25 ans sur la place Tiananmen.

Face aux menaces de poursuite en justice pour nuisances envers les habitants du quartier, en raison de la nature hautement politique du projet, M. Lee s'est voulu rassurant. «Nous avons pris toutes les précautions juridiques et nous pensons pouvoir faire face à des défis juridiques», a-t-il précisé.

Depuis son retour sous juridiction chinoise en 1997, Hong Kong bénéficie d'un statut de semi-autonomie lui garantissant un niveau de liberté civile inégalé dans le reste de la Chine.