Peut-on visiter facilement la Birmanie? Certainement. Surtout si on aime partir à l'aventure, à la recherche d'authenticité... et de bon vin!

C'est un lac peu profond entouré de marécages. On peut y observer des pêcheurs équilibristes et visiter des jardins flottants. Chaque jour, un marché se tient dans un hameau différent, sur les rives du lac. Les habitants des collines environnantes descendent alors pour faire leurs emplettes, chaque ethnie arborant son costume traditionnel.

Ce joyau qui charme les visiteurs, c'est le lac Inle, situé dans les montagnes du coeur de la Birmanie, dans l'un des quatre régions les plus visitées au pays, avec Rangoun, Mandalay et Bagan.

Mais comme la Birmanie, une dictature militaire, reçoit moins de 200 000 touristes par année, la couleur locale n'est pas trop diluée par les vendeurs de souvenirs et les infrastructures touristiques.

Toute la région vit au rythme du lac, dont le niveau varie grandement selon la saison: il a une profondeur moyenne de 2 m en saison sèche, et de 4 m en saison des pluies. Une balade en bateau à moteur sur cette étendue de 116 km2 - l'équivalant du lac Memphrémagog - permet d'admirer la technique très particulière développée par les pêcheurs.

Parce que le lac est peu profond, ils peuvent voir le poisson à l'oeil nu. Vêtu du traditionnel longyi birman (une sorte de jupe), ils se tiennent debout sur une seule jambe à l'arrière de leur pirogue longue et étroite, et manient leur pagaie à l'aide de l'autre jambe. Cela leur laisse les mains libres pour manipuler une grande nasse de bambou équipée d'un piège ou un filet qu'ils laissent tomber sur leurs proies.

Au coucher du soleil, le ballet des pêcheurs est tout simplement magnifique.

Photo: Isabelle Ducas, collaboration spéciale

Les Pa-O, coiffés de leur turban rouge, sont ponctuels au marché.

La vie sur pilotis

La balade sur le lac permet aussi de visiter plusieurs villages sur pilotis. En saison sèche, les maisons de bambou tressé ou de bois sont perchées à deux mètres dans les airs, avec les embarcations amarrées en dessous, mais en saison des pluies, leur plancher se retrouve au fil de l'eau.

Tous les habitants se promènent en pirogue, à rame ou à moteur.

On a l'impression d'être un peu voyeurs en regardant les résidants faire leur toilette sur leur balcon, ou leur lessive, ou la vaisselle. Les enfants s'amusent à sauter d'une barque à l'autre, mais les ballons ont tôt fait de se retrouver à l'eau.

Les pêcheurs se sont installés sur pilotis pour se rapprocher de leur gagne-pain, parce que les villages riverains sont plutôt loin de l'eau. En effet, les rives sont marécageuses et il faut creuser des canaux dans les herbes et la vase pour atteindre la terre ferme. Mais les habitants du lac ont trouvé une utilité à ces tapis végétaux flottants: ils y font pousser des légumes!

Malheureusement, ils utilisent des engrais chimiques qui nuisent à la qualité de l'eau du lac, qui souffre aussi de l'invasion des marécages.

D'autres attractions

Les marchés se tiennent chaque jour dans un village différent, parfois sur l'eau, parfois sur la terre ferme. On y trouve généralement des légumes, de la viande, du poisson, des tissus, du bois pour la cuisson, du bambou pour la construction, etc.

Au marché de Taung Tho, que nous avons eu la chance de visiter, les Pa-O qui habitent les collines des environs font leurs achats avant de remonter chez eux avec leurs emplettes sur la tête ou dans un panier sur leur dos. Les femmes comme les hommes fument de petits cigarillos produits localement, les cheroots, et portent un sac tissé en bandoulière.

Le lac compte d'autres attractions: des orfèvres, des ateliers de tissage, qui utilisent notamment la fibre du lotus, des fabriques de cheroots ou d'alcool de riz.

Les moines d'un monastère sur pilotis ont même dressé des chats pour leur apprendre à sauter à travers un cerceau; ils présentent de petits spectacles pour financer leur monastère.

On ne s'ennuie pas au cours d'une balade sur le lac Inle.

Et après une telle journée, passée avec le bruit assourdissant du moteur dans les oreilles, on peut aller se détendre dans des sources chaudes naturelles, près du village de Khaungdine.

Photo: Isabelle Ducas, collaboration spéciale

Les maisons des villages sont installées sur pilotis.