Le Bangladesh n'est pas la première destination touristique en Asie qui vient à l'esprit. Mais le nombre de visiteurs s'accroît, attirés justement par le manque d'infrastructure, l'absence de confort et un parfum d'aventure.

«Il faut aimer l'aventure. Il n'y a pas d'autre façon de voyager au Bangladesh», déclare Joyanta Howlader, une productrice de télévision, qui a reçu chez elle des dizaines de touristes grâce à couchsurfing.org, un site internet d'accueil de voyageurs.

«Un des routards de passage chez moi a détesté. Il a dit qu'il ne reviendrait jamais plus. C'était un vrai touriste, il voulait un voyage tranquille, et ça, ce n'est pas du tout le Bangladesh», raconte-t-elle.

Maintenant que beaucoup d'endroits en Inde, Thaïlande ou Vietnam offrent un confort raisonnable, s'accompagnant souvent d'une hausse des prix, beaucoup de routards cherchent ailleurs en Asie l'expérience authentique --et les petits prix-- que réservait cette région auparavant.

Tester le meilleur biryani de Dacca, un plat à base de riz et d'épice, pour un dollar (0,72 euro), dormir dans un hôtel moyen de gamme pour 10 USD la nuit, ou traverser en bateau traditionnel la plus grande forêt de mangrove au monde, à 150 USD les quatre jours tout compris: le Bangladesh est bon marché et authentique, soulignent les acteurs du tourisme.

Ce pays est l'un des rares endroits de la région qui offrent encore une expérience touristique pionnière, déclare Stuart Butler, qui a écrit le guide Lonely Planet sur le Bangladesh.

«C'est vraiment facile de sortir des sentiers battus, c'est un endroit où l'on peut faire ses propres découvertes et voyager des semaines sans rencontrer un autre touriste occidental. Ou un autre touriste tout court d'ailleurs», souligne-t-il.

«Pour beaucoup de voyageurs, le manque de connaissance du pays et l'absence d'infrastructure touristique sont justement les raisons pour lesquelles ils viennent», ajoute-t-il.

Le Lonely Planet a classé le Bangladesh parmi les destinations ayant le meilleur rapport qualité prix pour 2011.

Le pays a reçu 267 107 visiteurs étrangers en 2009, selon les derniers chiffres publiés par le gouvernement, qui ne font pas la différence entre les arrivées de touristes étrangers et celles de Bangladeshis munis d'un passeport étranger.

Dix ans plus tôt, le nombre était de presque 200.000 et le secteur s'attend à une poursuite de la hausse.

«Les arrivées de touristes étrangers augmentent de 10% par an. Il y a quelques années, personne n'avait entendu parler du Bangladesh. Les gens pensaient que cela faisait partie de l'Inde», déclare Taufiquddin Ahmed, président de l'association des voyagistes du pays.

«On a beaucoup de touristes sac au dos, qui voyagent par eux-mêmes», ajoute-t-il.

Leur séjour peut inclure un voyage de 27 heures à bord du transbordeur The Rocket, sur le fleuve allant de Dacca à Khulna, pour 15 USD en cabine première classe. De Khulna, ils peuvent se rendre à la forêt de mangrove de Sunderbans ou aux plantations de thé de Srimongal, dans le nord.

Selon Taufiquddin Ahmed, le principal problème du tourisme au Bangladesh est l'absence d'une campagne gouvernementale pour promouvoir le pays à l'étranger, comme l'Inde l'avait fait avec succès avec «Incredible India».

«Le Bangladesh souffre d'une image négative, mais les choses changent peu à peu», estime-t-il.

Pour Mickey Leung, auteur du guide Bradt sur ce pays, il est inutile de tenter de lutter contre la réputation du Bangladesh. Il faut au contraire jouer là-dessus.

«Tout le monde sait que le Bangladesh est un pays pauvre. Emparons-nous de cette image et proclamons: votre décision de voyager au Bangladesh est votre geste pour changer le monde», ajoute-t-il.