Bakou, la fière capitale de l'Azerbaïdjan, est à l'écart des circuits touristiques traditionnels. Peu de touristes occidentaux foulent ses ruelles mystérieuses et s'imprègnent de l'atmosphère de la vieille ville. Au coeur du Caucase, à la croisée de l'Europe et de l'Asie, Bakou mérite un petit détour.

Jour 1

1H du matin

En absence de tout trafic, mon taxi fonce sur une autoroute en excellent état, puis traverse de grands boulevards bordés d'immeubles endormis. Subitement, un rempart de pierre baignant dans un éclairage ocre apparaît. Le taxi s'engage sous une arche et pénètre dans la vieille ville. Après avoir cheminé quelques minutes à l'intérieur des remparts, le taxi s'arrête, le chauffeur me fait descendre, prend mon bagage et m'entraîne dans une étroite ruelle, où aucun véhicule automobile ne peut pénétrer. Nous marchons 200 m pour finalement arriver au Old City Inn, une ancienne demeure traditionnelle transformée en hôtel. Au comptoir, le jeune employé m'accueille chaleureusement et en anglais. Rien d'étonnant. Ce sont des étudiants du cours de tourisme de la Western University de Bakou qui s'occupent de la clientèle.

9h

Réveil «soviétique»

Je prends un petit-déjeuner à la soviétique dans la salle à manger ensoleillée au dernier étage de l'hôtel. L'Azerbaïdjan est une ancienne république de l'URSS et la babouchka à l'oeil sévère, mais au coeur tendre, qui trône derrière le buffet le rappelle bien.

10h

La tour

Je m'attaque à la vieille ville, en commençant par la tour de la Vierge, le symbole de la ville. C'est une impressionnante structure de près de 30 m de haut composée d'une tour ronde et d'une sorte d'éperon défensif. La partie la plus ancienne daterait du VIIe siècle avant Jésus-Christ. Comme personne n'est tout à fait sûr de son origine, on se rabat sur une vieille légende: un notable de la ville serait tombé amoureux de sa propre fille et aurait voulu l'épouser. Pour gagner du temps, celle-ci aurait demandé à son père de construire une tour pour admirer la ville. Une fois la tour construite, la jeune fille se serait jetée en bas. Une chose est certaine, d'en haut, la vue est vraiment très belle sur la vieille ville, la mer Caspienne et la ville européenne.

11h

Vie quotidienne

Je flâne dans les rues de la ville, ce qui me permet d'avoir un aperçu de la vie des habitants. La vieille ville n'est pas un musée: on y vit, parfois assez pauvrement, en s'entassant dans des demeures à plusieurs étages. Des enfants jouent, des ouvriers réparent les dalles de pierre qui tapissent les ruelles.

Les remparts ont été construits au XIIe siècle. De grands jardins s'étendent à l'extérieur. J'y descends pour prendre un shashlik (l'équivalent d'un shish-kebab) à l'ombre de grands arbres. Il fait extrêmement chaud et il est bon de demeurer tranquille pendant un bon moment, à regarder la vie passer.

15h

Le palais

C'est le temps de retourner à l'intérieur des murs et de visiter le palais des shahs Shirvan, un bel ensemble de palais, de mosquées et de hammams distribués autour de cinq cours. Le palais lui-même date du XVe siècle et comporte maintenant un petit musée où l'on trouve notamment vêtements et meubles d'époque. Je visite également la principale mosquée du complexe et quelques mausolées, le tout construit en belles pierres gris et ocre.

19h

Repas au caravansérail

Pour continuer à m'imprégner de l'atmosphère de la vieille ville, je vais souper dans un ancien caravansérail qui accueillait les marchands indiens au XIVe siècle. Dans la vaste cour intérieure, je déguste un bon riz pilaf en écoutant un chanteur traditionnel accompagné d'un musicien qui joue d'un étrange instrument à corde.

Jour 2

10h

Entre mer et modernité

Il fait encore plus chaud qu'hier. Je décide d'aller marcher le long de la mer Caspienne, dans ce long parc linéaire qu'on appelle ici le boulevard. Les allées sont bien ombragées, il y a beaucoup de bancs où je peux me reposer en chemin, en regardant les gamins s'amuser dans de petits manèges disséminés le long de la mer. Bakou est reconnu pour ses vents violents, et la brise est pour le moins décoiffante aujourd'hui.

Le boulevard offre également une belle vue sur le Bakou moderne. Avec les revenus du pétrole de la mer Caspienne, l'Azerbaïdjan est le pays le plus prospère du Caucase et il veut bien le montrer. Des hôtels et des immeubles luxueux sont en construction, souvent avec des styles recherchés, modernes.

14h

Le premier boom

Après un shashlik à l'un des petits restaurants du boulevard, je retourne en direction de la vieille ville en empruntant la rue Nizami, une rue piétonnière et commerciale, qui me permet d'admirer de beaux immeubles du XIXe siècle. C'était l'époque d'un premier boom pétrolier et les barons du pétrole se sont fait construire de somptueux palais de style européens.

16h

Les fontaines

J'atteins la place des fontaines, tout près des remparts de la vieille ville. Les fontaines sont impressionnantes, il y a quelques sculptures modernes amusantes, mais ce qui donne de l'âme à l'endroit, c'est la foule, qui va et vient sans trop se presser.

19h

Ville internationale

Je sors souper à l'un des nombreux restaurants étrangers de la Bakou européenne. En tant que capitale du pétrole, la ville est cosmopolite et accueille des gens de toutes les nationalités. Je choisis donc un restaurant indien, situé au-dessus d'un pub britannique.

20h30

Deux mondes

Bakou le soir, dans la ville européenne. On dirait que toute la population s'est donné rendez-vous dans la douceur du soir. Les trottoirs sont bondés, les jeunes ont mis leurs plus beaux atours, de la musique se fait entendre par les portes ouvertes des bars animés. Je reviens vers la vieille ville, je repasse sous la grande arche des remparts et je me retrouve subitement replongée dans l'atmosphère mystérieuse des temps anciens.