Une région industrielle de l'île de Java, dévastée par une spectaculaire éruption de boue visqueuse depuis près de quatre ans, pourrait devenir une attraction touristique, a estimé le président indonésien.

Susilo Bambang Yudhoyono a effectué la semaine dernière une rare visite sur les lieux de cette catastrophe unique au monde qui a entraîné l'évacuation de plus de 40.000 personnes depuis mai 2006 près de la ville de Sidoarjo (est de Java).

Il a constaté que l'immense «lac» de 800 hectares continuait de s'étendre autour du «volcan de boue» qui crache en permanence un champignon de fumée blanche.

Le liquide épais, bouillant et nauséabond a déjà tué douze personnes et recouvert une douzaine de villages, des usines, une autoroute et une voie ferrée.

«Avec des aménagements et un bon projet, nous pourrions donner une utilité à ce site», notamment «en le transformant en site d'attraction géologique pour les touristes», a déclaré M. Yudhoyono. «Il est important de trouver une solution à long terme pour l'intérêt de la population locale».

Mais pour l'un des habitants ayant perdu son logement, Ipung Nizar, 30 ans, «plutôt que de penser à attirer les touristes, les autorités feraient mieux d'accélérer les indemnisations (...) et de trouver un moyen pour stopper l'éruption» qui pourrait encore durer des dizaines d'années.

De nombreux scientifiques estiment que la catastrophe a été provoquée par un forage exploratoire de gaz effectué par une société indonésienne.

Mais cette dernière, Lapindo Brantas, qui appartient à l'un des hommes les plus riches du pays, Aburizal Bakrie, affirme qu'elle est liée à un tremblement de terre survenu deux jours plus tôt dans le centre de Java. Elle a cependant accepté de verser 380 millions de dollars de compensation à quelque 10 000 familles.v