La nature? À Taiwan? Eh oui! Et pas n'importe laquelle à part ça. Une nature qui surprend, avec un sommet qui frôle même les 4000 mètres. Prêts? On part trois jours en mode accéléré.

Partons de Taipei. Comme le décalage horaire (13 heures) nous affecte encore, on part tôt. Direction: le lac du Soleil et de la Lune (Sun-Moon Lake). Sur l'autoroute 1 en direction sud, le paysage est celui d'un pays dont l'économie a crû trop vite pour penser à l'aménagement de lieux: usines en tôle et pylônes électriques longent la route dont l'état est impeccable.

Trois heures plus tard, voici le lac où accourent les jeunes mariés taiwanais. Du bord de l'eau, à côté des complexes construits pour la nouvelle classe moyenne, le visiteur a besoin de beaucoup d'imagination pour «voir» un soleil et une lune dans ce plan d'eau. On saute donc dans un bateau où un guide nous explique le concept: à droite, c'est le soleil, à gauche, un croissant de lune. Si vous le dites, monsieur...

Au-delà de ces considérations astrales, l'air frais du lac et la beauté des lieux nous permettent de comprendre pourquoi Chiang Kai-shek - leader chinois réfugié dans l'île après la Deuxième Guerre mondiale - aimait séjourner ici. Son palais est aujourd'hui un hôtel.

Photo: Stéphane Paquet, La Presse

Ita Dao, sur le lac du Soleil et de la Lune.

L'après-midi, on est face à une alternative: sur la route de 33 kilomètres qui contourne le lac, j'ai croisé plusieurs cyclistes. On loue d'ailleurs des bécanes en ville. Mon guide m'a suggéré l'autre option: le village des minorités, qui est en fait un gros parc d'attractions... qui a pour thème les minorités ethniques du pays. Pour comprendre, imaginez le Village de Séraphin à la Ronde! Cela dit, avec des enfants/ados, il y en a pour de longues heures à descendre dans une «Pitoune» géante ou encore à se donner des haut-le-coeur dans des manèges modernes.Pour le dodo, je vous conseille le village Ita Dao, sur la rive nord du lac (une petite auberge, le Full House Resort, est particulièrement agréable). Sa grande cour et la décoration de ses chambres font changement des hôtels impersonnels. Pour souper, demandez des plats à base de fruits, une spécialité qui, à elle seule, vaut le détour.

Le lendemain, on en a pour deux bonnes heures sur des routes sinueuses en direction sud. On prévoit donc un petit arrêt. En approchant le parc Yushan, sur le long de la route, vous verrez des champs remplis de haies. Ce sont des plantations de théiers.

Photo: Stéphane Paquet, La Presse

Un lever de soleil immortalisé sur la montagne de Jade.

Ça nous donne l'après-midi pour une balade en montagne. «C'est comme Banff», me lance une bénévole du parc, Chen Chen-Yu, alors qu'on achève la montée du sommet Linjhih. Elle en sait quelque chose, elle a fait son voyage de noces sur la côte Ouest canadienne l'an dernier. Dans le brouillard, on aperçoit à peine le sommet de Yushan (la montagne de Jade) à 3952 mètres. L'excursion pour s'y rendre prend trois jours et on doit réserver (www.ysnp.gov.tw).Pour finir le périple, on se réveille à Alishan, pas très loin. Et on se réveille tôt : il faut voir le soleil se lever sur la montagne de Jade. Pour vous amener au meilleur point d'observation, vous prendrez un train construit par les Japonais qui ont occupé l'île jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale... en vous croisant les doigts pour que les nuages coopèrent. Avec ou sans soleil, les Taiwanais immortalisent l'expérience, parfois même avec leurs peluches.

De retour dans la vallée, plusieurs choix de promenades s'offrent à nous. On opte pour celle des vieux cyprès, des arbres qui ont tous plus de 800 ans. Certains auraient même commencé à pousser avant que Jésus ne commence à prêcher autour de Jérusalem.

En quittant le parc, dirigez-vous vers la ville d'Alishan, une quarantaine de minutes plus bas. En ville, les salons de thé abondent. Au coeur du village, prenez la route 169 vers Feng Qi Hu, un détour de 10 minutes pour sentir la vie à la campagne. La vieille rue est reconnue pour attirer les touristes, mais peu d'Occidentaux. Essayez la boîte à lunch prévue pour le train qu'on vend au numéro 112, juste avant la pente. Un délice à moins de 4  $. Voilà, c'est déjà fini.

Notre itinéraire nous oblige à rentrer à Taipei, au nord. Mais, à peu près à même distance, au sud, un autre parc national, celui de Kenting, offre des paysages et un climat tropical. Tentant.