La ville est connue comme un symbole de la fin de l'isolement du Japon, au milieu du XIXe siècle. Et pourtant, elle survit en tant que destination balnéaire pour une clientèle presque exclusivement japonaise.

Shimoda est située au bout de la péninsule d'Izu, au sud-est de Tokyo. Comme il faut près de trois heures pour y arriver, l'affluence touristique y est limitée. Mais la géographie très particulière de la région, et son histoire dramatique, valent le détour.

 

C'est là qu'en 1854, un escadron de navires à vapeur américains, commandé par le commodore Perry, a forcé le Japon à accepter des contacts avec l'Occident, sous la menace des canons. Moins de 15 ans plus tard, le régime féodal des shoguns tombait et le pays entreprenait une marche forcée vers la modernité qui allait le mener à Pearl Harbor puis à la richesse actuelle.

Ce haut fait géopolitique n'est pas sans mélodrame. Le premier consul américain était cardiaque et s'était fait assigner une jeune servante-infirmière japonaise, Kichi, dont la vie a été dévastée par cette mission. Après le départ du consul, elle a été ostracisée parce qu'elle avait été en contact avec un étranger. Kichi est devenue alcoolique et a fini par se suicider en plongeant dans l'un des canaux de la ville. Son histoire est très connue à Shimoda, et les poupées Kichi sont très populaires.

Au musée d'histoire de la ville, on se rend compte que la région a connu beaucoup d'activité étrangère au temps du commodore Perry. L'intérêt pour le Japon découlait de sa proximité des terrains de chasse à la baleine - le capitaine Achab de Moby Dick a perdu sa jambe dans les eaux nippones. Des navires anglais et russes inspectaient les côtes dès les années 1840. Un amiral russe a failli arriver à Shimoda avant Perry, mais a dû interrompre des négociations entamées en 1853 pour se rendre en Crimée où une guerre avait éclaté.

Musée maritime

Au port, une réplique du navire amiral du commodore Perry offre des excursions dans la baie et on peut en apprendre plus sur les premiers siècles de l'histoire de la péninsule d'Izu à l'excellent musée maritime. Pour compléter le tour d'horizon historique, une randonnée en téléphérique jusqu'à l'une des montagnes surplombant le port permet de voir les postes de surveillance qui avertissaient les shoguns de Tokyo de l'arrivée de navires suspects.

Plages et randonnées

Shimoda est aussi balnéaire. Plusieurs plages sont accessibles avec les navettes des hôtels, dont certains ont des suites avec bain thermal et jardin zen sur le balcon. Un aquarium d'architecture vaguement futuriste-années-soixante offre des spectacles de dauphins et d'otaries. Lors de notre passage, un plongeur nourrissait les poissons dans l'aquarium principal, et n'hésitait pas à aller chercher les poissons cachés, notamment un bébé raie, pour les exhiber devant la vitre - une pratique inimaginable dans les aquariums nord-américains.

La péninsule d'Izu compte beaucoup d'autres sites touristiques. Le trajet en train vaut à lui seul le détour parce que la voie ferrée longe souvent la côte.

On peut suivre plusieurs sentiers de randonnée; l'un d'entre eux court pendant 9 km le long des falaises pittoresques entre Futo et Yawatano.

On trouve aussi plusieurs jardins botaniques et zoologiques - un pour les fruits tropicaux, un pour les crocodiles, un autre pour les sangliers, un parc safari - et même un musée d'art exposant des sculptures et peintures occidentales, entre autres de Chagall et Picasso.