Surfer sur les dunes, siroter l'écume et savourer la lune: on perd tous ses repères en longeant la côte uruguayenne. À qui la faute? À ces vagues envoûtantes qui bercent toute escale littorale dans des cités huppées ou des hameaux hippies.

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De jour, elles s'acharnent sur les récifs. De nuit, elles ressurgissent sur nos rétines. Même paupières closes, on les voit encore rouler en grondant. Puissantes et mélodieuses, les vagues de l'Uruguay rythment la découverte de ce menu pays bordé par l'Atlantique et le Río de la Plata.

Adeptes de plages, larguons les amarres à Montevideo, et fixons le cap vers l'orient: Punta del Este nous attend. Branchée (quoiqu'ayant perdu de son lustre dans la dernière décennie), rendez-vous de la jet-set et des vacanciers friqués, Punta del Este s'avère une sorte de Miami Beach de l'Amérique du Sud. Ici, le sable s'étale en de grandes surfaces dorées... tout en ayant nourri les bétonnières: une large muraille d'immeubles et d'hôtels a poussé le long de la baie, où les grues s'y donnent encore aujourd'hui à coeur joie.

Heureusement, nul besoin d'être riche comme Crésus pour y étendre sa serviette. À l'ouest, La Mansa, aux eaux calmes et protégées du vent (fréquent en Uruguay, dépourvu de barrières naturelles) reste idéale pour une bronzette familiale. Au contraire, la Brava, tout juste de l'autre côté de la pointe, s'agite férocement, terrain de jeu idéal pour surfeurs de tout poil. Le soir venu, restaurants et casino s'éclairent, où billets verts se claquent en un éclair.

Heureusement, on déniche à Punta del Este un autre art que celui du flambage. Parmi les curiosités, la photogénique sculpture La main du noyé, gigantesques doigts surgis du sable, tâchant d'effleurer ces drôles de lunes zigzaguant dans le ciel - en fait, les voiles des kite-surf filant sur l'eau. Aussi, la demeure de Casapueblo, fichée sur une falaise à 10 km de la ville, mérite un détour. Oeuvre du peintre uruguayen Carlos Páez Vilaró, cet imposant complexe blanc à la silhouette insolite, aux faux airs grecs et "barceloniens", fait office de musée d'art, mais aussi d'hôtel, avec des tarifs très artistiques (premiers prix à 150$US, avant de s'envoler vers l'infini, et au-delà...).

Lunes de sable et dunes de miel

Les allergiques à l'agitation citadine suivront une lueur d'espoir: celle des phares plantés au gré de la côte, plus au nord. À leur pied, des villages bucoliques (José Ignacio, La Paloma, La Pedrera...) et des Mecques du surf où la mer sculpte de gigantesques vagues. Les courants, souvent forts, donnent aux néophytes du pain sur la planche, c'est pourquoi les conseils d'un moniteur sont préconisés. Même pour une simple baignade, la mer peut paraître féroce, avec ces vagues qui vous rossent et vous font sentir comme une chaussette dans un lavage réglé sur heavy...

Uruguay: paradis de surfers, mais aussi paradis de hippies. Ces derniers se sont installés dans de minuscules patelins encore privés d'eau courante et d'électricité. À Cabo Polonio, on vit la tête libre et les pieds dans l'eau, à l'ombre de grandes cabanes rustiques, parfois montées à la va-vite, à même les plages. Inconfortable, certes, mais sommeiller littéralement à deux pieds de l'océan recèle son côté réconfortant.

Seule lueur dans la nuit, celle du phare, encerclé de splendides rochers lustrés par le ressac. De jour, on s'y évache, inspiré par l'armada de lions de mer qui, à quelques mètres de là, pratiquent eux aussi l'art de la sieste. Rien ne les perturbe, pas même les spectaculaires gerbes d'écume qu'ils admirent comme des feux d'artifice marins. Ici, le temps n'a plus de prise. Et pour cause: derrière le village, un immense sablier semble s'être brisé, répandant un océan de dunes, face à la mer. Dans ce décor saharien, on randonne pieds nus jusqu'au village de Barra de Valizas, autre village de bohème, sous l'oeil unique d'une lune immense.

En voguant encore vers le nord, voilà que se pointe Punta del Diablo, ultime étape balnéaire avant la frontière brésilienne. À même les dunes, jouxtant les plages, s'élève le parc national de Sainte-Thérèse, un massif forestier de plus de 1000 hectares qui se sillonne à pied, à vélo, à cheval. Là, pour une dernière fois, on s'abreuve de la même rengaine, envoûtante, celle des vagues qui grondent et des dunes qui bronzent, avant de se libérer, doucement, de l'emprise du charme uruguayen.

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Quand y aller?

En janvier et février, beau temps et vent moins agressif sont assurés. Mais Argentins et Brésiliens, amoureux de leur voisin uruguayen, le savent très bien. Mieux vaut réserver son hébergement très en avance. En mars, plages et hôtels se dégarnissent, mais la météo est plus instable.

Comment y aller?

Depuis Montréal, des vols d'American Airlines pour Montevideo transitent par Miami ou Dallas. Rejoindre l'Uruguay depuis Buenos Aires par bateau est très simple, et c'est une excellente idée pour compléter ou amorcer un périple argentin.