Au Pérou, les voyageurs mettent souvent le cap sur les ruines du Machu Picchu, la route des Incas, l'ancienne capitale inca Cuzco ainsi que sur les sites archéologiques de la Vallée sacrée. Un arrêt au lac Titicaca s'impose toutefois pour les curieux. Avant de s'aventurer sur le plus haut lac navigable au monde, à 3800 m d'altitude, il faut d'abord transiter par Puno, une ville industrielle aux antipodes des beautés dont regorge le pays. Suggestion d'escapade avant de s'abandonner sur cette immense étendue d'eau.

Cacophonique. C'est la meilleure façon de décrire Puno. Ses rues exiguës, l'altitude (3830 m), le bruit et la pollution peuvent vite vous donner le tournis. Afin d'éviter un mal de bloc, il faut s'en échapper. En passant un après-midi au site funéraire de Sillustani, par exemple.

Après un trajet d'une trentaine de minutes en autobus, on voit se dresser au loin des tombeaux funéraires en forme de tours cylindriques. Une petite excursion sur la colline où elles trônent permet de changer complètement d'univers. À cet endroit, on ressent toute la sérénité qui se dégage de cette nécropole. Le paysage est doux et apaisant; le vent, étrangement, chargé de vie. La jungle urbaine de Puno est déjà oubliée.

Datant de l'ère pré-inca et situés au haut des falaises du majestueux lac Umayo, ces chullpas (tombeaux funéraires) peuvent atteindre jusqu'à 12 m de haut. Ils ont été construits par le peuple aymara, qui a ensuite été conquis par les Incas au XVe siècle.

Ces tours pouvaient conserver les restes d'une famille complète. Les archéologues pensent qu'elles accueillaient des membres de la noblesse et de riches commerçants. On pouvait aussi y mettre de la nourriture ainsi que des objets ayant appartenu aux défunts afin de les accompagner dans leur prochaine vie. Dans le même esprit, leurs corps étaient momifiés en position foetale.

La seule «porte» de ces structures consiste en un trou, qui fait face à l'est, du côté où se lève le soleil. C'est par cette ouverture qu'on y plaçait les corps. Sur la surface des tours, on remarque parfois des motifs d'animaux gravés.

De nos jours, il ne reste plus rien des trésors placés à l'intérieur des tours; les pillards ont fait leur oeuvre au fil des ans. Certains tombeaux ont été abandonnés en cour de construction, il y a quelques siècles, tandis que d'autres ont été dynamités. La plupart sont abîmés. Des travaux de restauration ont été effectués, mais l'argent pour financer de nouveaux projets manque.

On peut retrouver des tours semblables à d'autres endroits au Pérou, mais c'est sur le site de Sillustani qu'elles sont les mieux conservées et qu'on les retrouve en plus grand nombre.

Après quelques heures à cet endroit, il est temps de reprendre l'autobus pour retourner dans la cité. Le corps détendu et l'esprit apaisé, nous voilà prêts à affronter la tourmente de Puno.