Vous êtes en voyage dans le Sud et avez le mal du pays? Il y a toujours moyen de trouver un petit coin de Québec. La preuve? Ce boui-boui qui sert de la poutine au Mexique!

Daniel Gingras est un homme heureux. Par un bel après-midi de décembre, bronzé et vêtu d'un chandail rouge du Canadien, il est assis au bar d'un restaurant de Playa del Carmen, bien loin de la grisaille montréalaise. Et pas n'importe quel restaurant: celui qu'il a ouvert il y a six mois, baptisé Los Tabernacos en l'honneur de sa patrie d'origine.

Le concept est simple. Il s'agit de servir aux Québécois ce qui leur manque le plus sous le soleil mexicain: du comfort food et... les matchs du Canadien de Montréal*. Avec des ingrédients aussi sûrs, pas étonnant que le bouche-à-oreille ait fait son oeuvre rapidement. Et en effet, les soirs de match, la petite terrasse du bar où pendent des drapeaux du Québec, du Canada et du Canadien est remplie à craquer. De vacanciers, Québécois pour la plupart, les yeux rivés sur l'écran géant, qui crient de joie chaque fois que le Canadien marque un but. Au milieu de tout ce brouhaha, la musique des Méchants mardis sonne de façon surréaliste dans la chaleur moite de Playa del Carmen...

Flash-back, un an plus tôt. À l'époque, rien de tout cela n'était planifié. Daniel Gingras, globe-trotter endurci, venait de passer six mois en Europe. Avant de repartir pour six mois de plus en Amérique du Sud, il a voulu se reposer quelques semaines à Playa del Carmen. Mais voilà, il n'est jamais reparti. «Mon coeur battait bien et j'aimais la place, raconte-t-il. Je me suis dit: «C'est ici que ça va se passer.»» En témoigne son vieux sac à dos, qui traîne toujours dans le studio où il vit...

Poutine à la sauce mexicaine

Le Los Tabernacos n'est pas le seul endroit où l'on peut manger québécois à Playa: juste au coin de la rue, un casse-croûte sert poutine, hot-dogs et smoked-meat aux fêtards. Il existe aussi d'autres endroits dans le village où le hockey est diffusé, lorsqu'il y en a. Mais c'est seulement au Los Tabernacos que les Québécois peuvent conjuguer leurs deux passions.

Daniel Gingras y sert des hamburgers et des ailes de poulet, mais aussi des lasagnes maison, de la soupe à l'oignon gratinée, des sandwiches club. Son menu change au gré des saisons et de ses envies.

Mais la vedette demeure: c'est le mets national québécois. «La poutine fait fureur en ce moment. Même les Mexicains aiment ça!» Il a fallu plusieurs essais et erreurs au cuisinier mexicain que Daniel Gingras a embauché pour obtenir une bonne recette de sauce, juste assez épaisse, juste assez foncée, juste assez assaisonnée.

Et le fromage? Délicate étape sur laquelle s'est penché Daniel Gingras avec sérieux. Après s'être rendu compte qu'il était trop compliqué d'en faire venir du Québec, il s'est mis en tête d'en trouver du semblable au Mexique. Il a finalement fixé son choix sur un produit mexicain, Oaxaca La Villita, qui ressemble à un Ficello enroulé et dont la texture se rapproche de notre cheddar en grains. Bien sûr, il n'est pas aussi parfait que le nôtre: il n'est pas en grains, et il est un peu moins salé... «Mais ce n'est pas grave, car comme toute bonne recette, le secret est plutôt dans la sauce!», dit Daniel Gingras en rigolant.

* Au moment de mettre sous presse, la saison de hockey était toujours en suspens. Mais Daniel Gingras est convaincu que le conflit sera réglé à temps pour le début de la saison régulière.