Les samedis, Otavalo se transforme en un gigantesque marché à ciel ouvert. Chaque place, chaque rue, chaque parcelle de trottoir est soudainement occupée par quelqu'un qui vend quelque chose. Des vêtements, des légumes, des bonbons, des piles... On trouve de tout, dans un délicieux désordre.

La petite ville andine située à deux heures d'autocar au nord de Quito, la capitale, a une vocation commerciale depuis des centaines d'années. C'était un marché du temps des Incas. Ça l'était aussi sous le règne des Espagnols. Encore aujourd'hui, des siècles plus tard, Otavalo est reconnu dans le pays entier pour avoir le marché d'artisanat le plus coloré de tous. Bien qu'il soit authentique, on a rapidement l'impression que sans les touristes, les autochtones en costume traditionnel n'y passeraient plus leurs journées entières sous un soleil de plomb.

Mais le samedi, c'est une autre histoire. Les trois marchés de la ville, celui d'artisanat, celui d'alimentation (absolument superbe) et celui des animaux, installés à quelques kilomètres les uns des autres, ne font plus qu'un. Des milliers d'Amérindiens de la région se ruent vers la ville pour vendre et acheter. Ils sont fortement majoritaires à Otavalo et portent, même dans la vie courante, leurs vêtements traditionnels. Une longue jupe noire, une chemise bouffante et un foulard en travers des épaules ou attaché sur la tête pour les femmes; un pantalon blanc et un chapeau de feutre pour les hommes.

C'est ainsi habillés qu'ils prennent d'assaut les marchés de la ville perchée à 2 600 m d'altitude. Ici une femme fait cuire de bananes plantain sur un gril portatif. Juste à côté, un homme négocie l'achat de deux poules qui piaillent dans une cage sur le trottoir. Derrière eux, la rue entière a été envahie par des stands de fruits et légumes. Du maïs, des pommes de terre de toutes formes et couleurs, des herbes fraîches, des tomates d'arbre, avec lesquelles on fait des jus sucrés, puis des sacs et des sacs de céréales...

Assises derrière leurs stands, les femmes récitent mélodiquement le nom des produits qu'elles vendent. Devant elles, une marchande ambulante vend du jus de coco directement dans la noix. Une autre porte un grand bol de métal rempli de crème glacée.

Quelques quadrilatères plus au nord, on trouve la plaza de los Poncho, où se tient chaque jour le marché d'artisanat. Le samedi, il semble avoir doublé de taille dans une explosion de bruits, de textures et de couleurs. Des couvertures en laine d'alpaca, des tuques en tricot, des hamacs, des ponchos rayés... Les Amérindiens Otavalo sont des tisserands reconnus, mais avec l'essor du tourisme, la production s'est standardisée et tout n'est plus fait à la main. Mieux vaut demeurer vigilant.