Après Fidel Castro, le Che est sans doute la figure la plus connue de la Révolution cubaine. Et c'est à Santa Clara, en plein coeur du pays, que le régime célèbre ce médecin argentin venu changer le monde dans les Antilles. On compte ici pas moins de quatre sites en hommage à Ernesto Che Guevara. Leur visite est un joli prétexte pour découvrir cette ville universitaire animée.

Tirée par un cheval fatigué, la calèche se faufile tant bien que mal entre les voitures pétaradantes, traverse Santa Clara par des quartiers où les touristes suscitent encore l'étonnement, puis s'arrête derrière une colline.

«Montez par là, c'est de l'autre côté, dit le cavalier. Je vous attends ici, je n'ai pas le droit de vous conduire à l'entrée.»

Sur l'autre versant, au bout de la place de la Révolution, sur son gigantesque socle de pierre, le regard de bronze perdu dans l'horizon, voici le Che, Ernesto Guevara, enfant chéri de la Révolution cubaine, à qui le régime castriste a voulu rendre un hommage grandiose dans la ville où il a accompli son fait d'armes le plus connu.

Quelques jours avant l'arrivée de Fidel Castro à La Havane, le 1er janvier 1959, le Che et ses hommes ont en effet fait dérailler un train blindé destiné à soutenir les troupes du régime pro-américain. Une vingtaine de rebelles à peine ont alors réussi à faire 400 prisonniers. Une attaque qui a fait la renommée du Che. Et précipité la chute du général Batista.

À gauche du monument, une fresque raconte la bataille de Santa Clara et la prise du train blindé. Sous la statue, un musée retrace la vie de ce médecin argentin devenu le «commandante» de Fidel Castro. Les restes du Che, rapatriés de Bolivie, où il est mort en 1967 en tentant d'y exporter la révolution, reposent aussi dans le mausolée.

Certes imposant, ce mémorLe Che et l'enfantial est néanmoins aride comme le béton qui l'entoure. Parmi les dizaines de touristes étrangers venus en bus climatisé, on s'y sent aussi bien loin des paysans exploités à qui le révolutionnaire a voulu consacrer sa vie. Retour, donc, derrière la colline, où se cachent(!) un fils du pays et sa monture, pour retraverser la ville jusqu'au lieu du déraillement du fameux train blindé.

Quatre wagons et le bulldozer qui a déplacé les voies se trouvent aujourd'hui au coeur d'un petit monument, installé précisément là où l'événement s'est produit, en décembre 1958. En face, quelques boutiques vendent des souvenirs ornés du célèbre visage du Che. L'installation est modeste, mais authentique, ce qui fait son charme.

Des moments gravés à jamais

À quelques minutes de marche vers l'est, devant les bureaux régionaux du Parti communiste, on retrouve une fois de plus le guérilléro. Le Che et l'enfant, une statue grandeur nature cette fois, évoque la transmission des idées révolutionnaires. En regardant de plus près la statue, vous verrez que certains des moments marquants de la vie du Che ont été gravés dans son uniforme. On voit notamment les 38 hommes avec qui il a été capturé en Bolivie sur la boucle de sa ceinture. Pour beaucoup de gens, c'est parmi toutes celles que l'on voit à Cuba, la statue la plus jolie du Che. Chose certaine, il a l'air beaucoup plus sympathique avec un enfant dans les bras.

Dernière étape panoramique

Dernière étape de ce pèlerinage révolutionnaire: la colline del Capiro. Pour s'y rendre, il faut grimper par de petites rues peuplées de chats, où les maisonnettes croulent sous les fleurs et la vie coule doucement. D'en haut, la vue sur tout Santa Clara et sa région vole la vedette à l'immense monument de fer et de béton aux allures futuristes posé là pour le Che. La brise et le chant des oiseaux sont agréables, c'est un endroit idéal pour mordre dans un sandwich et faire une pause avant de redescendre vers le parc Vidal.

Au coeur de la ville d'un peu plus de 200 000 habitants, ce parc est le théâtre d'une constante animation. Le petit musée des arts décoratifs et la bibliothèque José Marti bordent la place et, tous les soirs, des musiciens enchantent les clients du café adjacent à la superbe salle de spectacle de la Caridad. De passage à Santa Clara, ne manquez surtout pas le centre culturel El Mejunje, dans les ruines d'un ancien hôtel de la rue Martha Abreu, qui présente des spectacles gratuits très courus par la jeunesse estudiantine de la ville. Et si vous dormez à Santa Clara, réservez une chambre à l'hostal Florida Center, dans une maison coloniale de 1876: c'est comme dormir au musée et on y mange des plats copieux et savoureux - on trouve même souvent de la langouste au menu.