L'ouverture sur la baie de La Havane d'une vaste brasserie autrichienne dans un ancien entrepôt de bois et tabac a marqué fin mars le premier pas d'un ambitieux programme d'urbanisme visant à convertir au tourisme l'historique port de la capitale cubaine.

Pouvant accueillir jusqu'à 450 personnes, la vaste halle métallique, simplement rebaptisée «ancien entrepôt du bois et du tabac», est devenue le premier établissement public situé directement au bord des eaux de la vaste baie de La Havane, essentiellement consacrée au commerce depuis cinq siècles.

«C'est un nouvel espace de réunion pour tous les Cubains», se réjouit Joaquin Martinez, venu avec une dizaine de ses collègues de travail célébrer les succès de leur coopérative de souvenirs artistiques.

Et plus de mille litres de bière -blonde, ambrée et brune- sont consommés tous les jours, malgré des prix -deux dollars les 500ml- qui ne sont pas toujours à la portée des Cubains, qui disposent d'un salaire mensuel moyen de 20 dollars.

Malgré la concurrence du rhum omniprésente, «la bière a une longue tradition à Cuba», assure l'Autrichien Albert Welledits, dont l'entreprise SALM s'est associée dans l'affaire avec le groupe Habaguanex, qui gère toutes les activités de la vieille ville de La Havane.

Un demi-million de dollars ont été investis dans l'entreprise, qui importe d'Autriche tous les malts et autres produits nécessaires à la brasserie.

Une marina ouverte au tourisme

Autour de l'entrepôt, des brigades d'ouvriers convertissent les abords en promenade pavée, bouleversant l'apparence des quais où durant des siècles ont abordé les navires chargés des richesses du Nouveau Monde à destination de l'Espagne et du reste de la planète.

Couvrant plus de 5 km2, et abritant encore de nombreuses activités industrielles, dont une raffinerie, la baie de La Havane est appelée à de nouveaux horizons.

Trop étroite et pas assez profonde pour les nouveaux navires de commerce, la baie de La Havane se tourne vers le tourisme, grâce à l'ouverture à Mariel, 50 km plus à l'ouest, d'un nouveau «mégaport» destiné aux navires gros porteurs et comptant une zone d'entreprise de 465 km2.

Avec le transfert des activités commerciales et industrielles à Mariel, le port de La Havane se voit en marina, ouverte au tourisme, deuxième activité économique de l'île derrière l'exportation de services professionnels.

Le chemin sera long. Rien n'est encore prévu pour la fermeture de la raffinerie dont les fumées obscurcissent le ciel du fond de la baie et le nettoyage des eaux est un travail long et laborieux.

«La baie est encore bien polluée, mais un jour elle redeviendra saine et propre», assure Mari Quintana, une ingénieur industrielle venue boire une bière avec ses collègues après le travail.

En attendant, face au succès, la direction de la nouvelle brasserie a déjà prévu de faire passer la semaine prochaine le prix de la pinte de bière à 2,5 dollars...