Le Brésil plonge dans la fièvre du carnaval avec des bals de rues rassemblant des millions de personnes à Salvador de Bahia, coup d'envoi d'une semaine de fêtes qui culminera avec le carnaval de Rio, considéré comme le plus grand spectacle du monde.

De nombreux parlementaires ont déjà déserté la capitale Brasilia. «Le carnaval au Brésil est une tradition. Jamais personne ne résiste à l'envie d'y participer», a déclaré le président du Sénat, José Sarney, pour justifier l'absence mercredi de nombreux élus alors que le carnaval commence officiellement vendredi soir pour prendre fin le mercredi des Cendres.

Mais Salvador (est) devait donner dès jeudi le coup d'envoi de sept jours de fête où des centaines de milliers de personnes dansent derrière des «trio-eletrico», d'énormes camions hérissés de hauts parleurs qui circulent dans toute la ville.

Grande nouveauté cette année: Google a annoncé qu'il retransmettra en direct les principaux moments du carnaval de Salvador à travers YouTube.

A Recife et sa voisine Olinda (nord-est), un million de fêtards étaient attendus pour danser au rythme frénétique du «frevo» en suivant le groupe carnavalesque «Galo da Madrugada», le plus grand du Brésil.

Mais aux yeux du monde, le carnaval brésilien est avant tout synonyme du carnaval de Rio et de ses danseuses très dénudées.

Lors des deux nuits de défilés, dimanche et lundi, sur le Sambodrome, douze écoles de samba comportant de 3000 à 5000 danseurs avec des chars gigantesques et somptueux se disputent le prestigieux titre de «Championne du carnaval».

Cette année, 760 000 touristes sont attendus, dont près d'un tiers venu de l'étranger, qui rapporteront près de 600 millions de dollars aux coffres de la ville.

Dans un pays pris pendant une semaine par la folie du carnaval, ces défilés sont à la fois une manifestation de fierté pour l'immense population pauvre de la ville, l'apogée de journées de fêtes et une compétition suivie avec la même passion que les grands matchs de football.

Chaque école a dépensé de 2 à 5 millions de dollars pour présenter son défilé, un argent qui provient de fonds publics, d'entreprises privées, mais souvent aussi de mafieux des jeux clandestins qui parrainent les écoles.

Cette année, un incendie a embrasé le 7 février la Cité de la samba, un ensemble de hangars et d'ateliers dans la zone portuaire où sont fabriqués chars et costumes, détruisant des mois de travail.

Les trois écoles de samba atteintes par les flammes - Grande Rio, Uniao da Ilha et Portela - se sont lancées dans une course contre la montre pour reconstruire leurs chars et refaire les milliers de costumes partis en fumée.

Dans cette période favorable à la promiscuité sexuelle et à la consommation massive de boissons alcoolisées, la sécurité a été renforcée dans toutes les villes et le gouvernement a été prévoyant: quelque 20 millions de préservatifs vont être distribués gratuitement.

Mercredi, la mairie de Rio - une ville élue première destination gay - a lancé la première campagne «Rio: carnaval sans préjugés» pour lutter contre toute forme de discrimination sexuelle ou raciale. Un poste avec des pédagogues et assistantes sociales sera installé à Ipanema, dans la zone sud et touristique, où toute victime pourra porter plainte.

«Nous aurons une tolérance zéro avec les préjugés», a dit Carlos Tufvesson, responsable municipal de la «diversité sexuelle».