Même si ses plages n'ont ni la prestance ni la réputation de celle de son homonyme brésilienne, Copacabana, version bolivienne, n'est pas dénuée d'atouts pour charmer les amateurs de détente et d'excursions... dans le temps.

Pauvre Bolivie! Depuis une défaite à l'issue d'un bras de fer avec le Chili, il y a un siècle, elle est privée de son seul accès à la mer. En guise de consolation, les férus de bleues étendues sont partis déposer leur transat sur les bords de l'un des plus grands lacs de la région, l'immense Titicaca, partagé avec le Pérou.

C'est ainsi que la petite ville de Copacabana, à trois heures de route au nord de La Paz (et pause-étape idéale dans un voyage Bolivie-Pérou), est devenue une sorte de station balnéaire... sans front de mer. 

Les vastes eaux du lac font cependant illusion, chevauchées par des péniches paresseuses et bercées par des vagues nonchalantes. Le soir venu, le soleil y coule dans un spectacle apaisant - auquel on assiste de l'une des banquettes invitantes des petits restos ou cafés qui émaillent l'allée principale du village.

Le leurre maritime a néanmoins ses limites, et les amoureux des baignades interminables seront vite refroidis: la température des eaux dépasse rarement les 10 °C! Canoës et pédalos sont de mise...

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Lumineuse Isla del Sol

Alors, si les trempettes de Copacabana sont expéditives, pourquoi diable tant de touristes s'y agglutinent-ils? En fait, flâner n'y est pas la seule activité. Le village est flanqué de deux piliers montagneux, à gravir. L'un d'eux, un calvaire, porte sacrément bien son nom, merci. Mais une fois en surplomb, le promeneur exténué est récompensé pour son sacrifice énergétique: le panorama s'avère superbe, et l'on prend la pleine mesure du Titicaca: infini et vierge.

Vierge? Pas tout à fait. Le lac abrite un chapelet d'îles disséminées sur son lit. Parmi elles rayonne la Isla del Sol (l'île du Soleil), où subsistent des traces tangibles de la civilisation inca. Plus de deux heures de bateau sont nécessaires avant d'y accoster pour entamer une randonnée d'une demi-journée, bouclant le tour de l'île sur les chemins du temps.

Photo Sylvain Sarrazin, La Presse

Avec pour toile de fond la silhouette de la cordillère des Andes, qui semble émerger des eaux comme par magie, le parcours longe le littoral ponctué de charmantes criques azurées et de vestiges émoussés; ici, une table sacrificielle, là, un labyrinthe de pierres. Selon les légendes, il s'agit du berceau de l'empire inca, avant qu'il ne migre vers Cuzco, au Pérou. Ces ruines muettes remonteraient donc au XIIIe siècle! 

L'île n'est pas morte pour autant. Au détour d'un sentier, il n'est pas rare de croiser l'un des 5000 habitants, autochtones en majorité, ou un lama en laisse. 

Une fois la boucle bouclée, pour reprendre des forces, difficile de refuser une truite ou un pejerrey (poisson local à chair blanche, servi grillé) pêchés à même le Titicaca. 

Avec, pour dessert, un tableau inoubliable: avant de plonger dans le sommeil, on se laisse éblouir par le soleil sombrant dans le lac. 

Finalement, on l'a eu, notre bain. Un bain de soleil, comme on n'en voit nulle part ailleurs.

Photo Sylvain Sarrazin, La Presse

Les ruines d'un labyrinthe inca.