Des carnavaliers qui bougent sur les rythmes endiablés des tambours entourés de la mer, du sable et des cocotiers: ce scénario pittoresque se répète chaque année dans plusieurs villes de l'île antillaise de la Guadeloupe.

Le 5 janvier dernier, la saison carnavalesque a officiellement été lancée, et depuis, les défilés accompagnés de nombreuses activités se poursuivent. Jusqu'au début du mois de mars, les groupes rivaliseront d'imagination pour séduire le public.

Plus qu'un événement culturel, le Kannaval de Guadeloupe est la fierté des Guadeloupéens. Certains groupes ont répété neuf mois durant pour un défilé à la fois électrique et éclectique. Et pour cause, l'an dernier, 250 000 touristes se sont dirigés vers la Guadeloupe pour la saison du carnaval, selon le comité du tourisme.

Cette année, c'est sur la thématique de «Lesprit en kaj» (L'esprit en cage) que les quelque 4000 participants défilent en chantant en créole avec des déguisements différents à chaque représentation.

Le Kannaval de Guadeloupe se distingue non seulement par sa diversité vestimentaire, mais aussi rythmique. «Les groupes sont nombreux et très différents, explique Pierre Gobing, président de Kasika, un des groupes carnavalesques les plus réputés. C'est facile d'y trouver son compte.»

Parmi eux, les groupes à po (qui utilisent des tambours à peau d'animal, des chachas et des cornes à lambis), à mas (groupes de divertissement qui misent sur les rythmes et les percussions plutôt que sur les mélodies), à caisses claires, à synthés sont les plus répandus. Les costumes peuvent être quant à eux culturels avec les mas a fwet (masques à fouet) ou l'usage des tissus madras, colorés comme à Rio, parfois même urbains.

Prendre part aux défilés

Aujourd'hui très portés vers le tourisme, les groupes invitent de plus en plus les visiteurs à participer à des défilés. «Les touristes peuvent contacter des groupes comme le nôtre, explique Pierre Gobing. On s'arrange pour que leurs déguisements soient prêts à leur arrivée.»

Que l'on décide de vivre l'expérience du Kannaval de Guadeloupe ou de l'observer, la frénésie carnavalesque atteindra son apogée avec les jours gras, à compter du dimanche 2 mars.

Il faut s'attendre à de grands rassemblements et il est donc conseillé de s'y rendre tôt pour éviter les embouteillages. Le dimanche donne le ton avec la Parade du Dimanche gras, à Pointe-à-Pitre. L'autre événement clé est le Mardi gras, qui se déroule à Capesterre-Belle-Eau.

L'histoire du Kannaval

Bien que le Kannaval de Guadeloupe soit aujourd'hui un grand divertissement populaire attirant des milliers de touristes, ses débuts ont été moins glorieux.

Le Kannaval, qui s'est nourri d'influences européennes, africaines et indiennes, a été introduit durant l'époque coloniale. C'est en observant leurs maîtres, qui voulaient faire la fête et manger de la viande avant les 40 jours du carême, que les esclaves tenus à l'écart des festivités les ont imités en ajoutant leurs propres rituels.

Grâce à cette fête devenue un véritable exutoire, ils pouvaient se défouler et tourner en dérision leurs maîtres à travers leurs costumes. Le Brilé Vaval du mercredi des Cendres symbolise la fin du Kannaval. Vaval, ce personnage en carton qui symbolise et incarne tous les problèmes de l'année écoulée, est brûlé pour faire table rase du passé et préparer un meilleur futur.

À voir le 5 mars, dans toutes les communes.

Photo Erika Peter, La Presse