Après deux tentatives infructueuses, les Antilles françaises vont à nouveau tenter de séduire les touristes européens grâce à la réouverture ce week-end de deux lignes vers la Martinique et la Guadeloupe depuis l'aéroport international de Roissy.

À partir de samedi, Air France desservira chaque semaine l'aéroport martiniquais de Fort-de-France depuis Roissy et dès dimanche celui de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Jusqu'à présent tous les vols pour les Antilles partaient d'Orly.

Or «la très grande majorité des vols européens arrivent à Roissy», souligne Alain Malka, directeur général Caraïbes chez Air France-KLM.  Pour capter la clientèle étrangère, il fallait donc un vol depuis un «hub», où les correspondances sont aisées.

En 2010, la Martinique a accueilli environ 620 000 touristes. Parmi eux, 78% venaient de France métropolitaine et seulement 3% du reste de l'Europe, selon des chiffres donnés par le Comité martiniquais du tourisme.

Même tendance en Guadeloupe, où sur 400 000 touristes en 2010, seulement 20 000 n'étaient pas Français, dont 15 000 Européens, indique Josette Borel-Lincertin, présidente du Comité du Tourisme des Iles de Guadeloupe et première vice-présidente de la Région.

Un grand déséquilibre d'autant que «les touristes étrangers dépensent entre 20 et 25% de plus que le touriste français», souligne Mme Borel-Lincertin.

De plus, «l'activité touristique des Antilles est un des enjeux de leur développement économique et cette activité a souffert» après une grève générale d'un mois et demi en Guadeloupe début 2009, indique-t-on au ministère de l'Économie.

Raison pour laquelle, Nicolas Sarkozy en personne avait annoncé en janvier la réouverture d'une ligne directe depuis l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle.

Faire le poids face à Punta Cana

Seulement voilà, Air France a déjà tenté, en vain, l'expérience en 1999-2001, puis entre 2003 et 2005. Jean-Cyril Spinetta, le patron de la compagnie avait même qualifié la dernière de «désastre économique» notamment parce que les vols étaient en semaine.

Du coup, cette fois-ci, «la condition de réussite pour rouvrir la ligne était l'engagement de tous les acteurs dans le cadre d'un contrat de destination», réunissant régions, offices du tourisme, voyagistes, hôteliers et transporteur aérien, relève Alain Malka.

Et tous se sont mobilisés autour des «trois clés de réussite: l'accessibilité, la qualité et la visibilité», souligne-t-on dans l'entourage de Frédéric Lefebvre, secrétaire d'État chargé du Tourisme.

Pour la visibilité, la Martinique et la Guadeloupe ont fait une campagne de communication commune dans les quatre pays cibles: l'Allemagne, la Suisse, la Belgique, et l'Italie, détaille Mme  Borel-Lincertin.

Sur la qualité, il fallait faire des efforts face aux deux principales destinations concurrentes dans les Caraïbes, Punta Cana en République dominicaine et Varadero à Cuba en augmentant les capacités de chambres d'hôtel et en s'engageant sur la qualité notamment avec des personnels qui parlent l'anglais.

Et s'«il y a encore du chemin de faire», des efforts ont été faits, ajoute-t-elle. Par exemple, en Guadeloupe, deux hôtels sont devenus des quatre étoiles.

Fin 2012, le contrat de destination prendra fin et il faudra tirer un bilan.

«Sur les premiers vols, on a de bons retours», rapporte M. Malka.

Sur le long terme, chacun s'est fixé des objectifs. Air France souhaite passer le cap de 10% de clientèle européenne sur ses vols vers les Antilles, contre 6% aujourd'hui.

La Martinique vise elle 10% de touristes européens d'ici 2015 et la Guadeloupe veut de son côté doubler le nombre de visiteurs européens en cinq ans.