En 2010, Mario Dépelteau a succombé à la tentation, un peu folle, de faire l'acquisition d'un voilier dans le Sud. Son nouveau voilier baptisé Sérénité, un catamaran de 38 pieds, serait hébergé par une entreprise spécialisée dans l'achat-gestion de bateaux. Compte rendu d'une expérience qui s'est avérée fructueuse pour l'amateur de voile.

Le principe est relativement simple. Si vous souhaitez fuir les rigueurs de l'hiver et que vous êtes un amateur de voile, la location d'un bateau dans le Sud représente un attrait évident. Des milliers de plaisanciers le font chaque année, et les possibilités de location sont énormes. Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que, souvent, le voilier que vous louerez appartient à un particulier qui a confié la gestion de son bateau. C'est ce qu'il est convenu d'appeler l'« achat-gestion ». Et c'est ce qu'a fait Mario Dépelteau.

Les entreprises de location installées dans les Caraïbes, comme à Tortola, dans les îles Vierges britanniques, ne pourraient se permettre d'acquérir et d'entretenir un inventaire de plus de 300 bateaux dont la valeur s'élève à plusieurs millions de dollars américains. Elles proposent donc à leur clientèle d'acheter un voilier de leur flotte, un monocoque ou un catamaran, et offrent d'en assurer la gestion.

Ces entreprises spécialisées, comme Sunsail, propriétaire de The Moorings, qui possède la plus importante flotte de catamarans au monde, vous proposent ainsi un accès à la propriété d'un bateau luxueux, en vous promettant d'en faire l'entretien, ce qui n'est pas une mince tâche, et en vous versant (après tout, c'est votre bateau !) une partie des redevances de location chaque mois pendant toute la durée de votre contrat, habituellement de cinq ou six saisons. Cette somme correspond en général à un pourcentage - autour de 9 % annuellement - de la valeur de votre bateau à l'achat.

Mario recevait donc environ 2500 $ US par mois ; une somme qui devait lui permettre de rembourser le prêt pour l'achat du bateau. En contrepartie, l'entreprise de location se chargeait des frais de quaiage et d'assurances. Selon l'entente, Mario Dépelteau avait accès à son voilier pendant 12 semaines chaque année à la base de Sunsail, à Tortola, ou à n'importe lequel des voiliers de la flotte répartis dans une quinzaine de pays.

À la fin du contrat, qui aura duré exceptionnellement sept ans dans son cas, trois choix s'offraient à lui.

1. Il pouvait échanger son voilier pour un autre plus récent, plus gros ou plus petit, en poursuivant le programme d'achat-gestion. C'est le choix d'environ 30 % de la clientèle de Sunsail.

2. Il aurait pu vendre son bateau, tout simplement, par l'entremise de la firme de courtage de Sunsail, ce que 40 % des clients font. Selon leur état, ces voiliers sont parfois une véritable aubaine pour les acheteurs de bateaux d'occasion.

3. Comme 30 % des propriétaires, il pouvait repartir avec son bateau vers d'autres cieux. C'est ce qu'a fait Mario Dépelteau.

Mario a donc rapatrié son catamaran plus près de chez lui, au lac Champlain, avec sa conjointe Chantal. Ils ont ainsi fait le pari qu'avec la petite famille qui s'agrandit, Sérénité offrirait espace et confort pour des escapades estivales. On lui promettait aussi, chez Sunsail, de lui remettre son voilier en excellente condition. C'est exactement ce qui s'est produit.

Jenn Andre, qui dirige le programme d'achat de bateaux pour les Antilles à la maison mère de Sunsail à Clearwater, en Floride, explique que la clientèle est surtout constituée de personnes « engagées », comme Mario Dépelteau, qui sont véritablement passionnées par la voile et par les voyages. On devine que cette clientèle a aussi les moyens financiers et du temps libre pour profiter de l'embarcation. Ces clients sont conscients de la valeur intrinsèque d'un voilier et de la multitude de responsabilités que cela suppose. Ils veulent que leur voilier soit « bien traité » et comptent sur le professionnalisme de l'entreprise de location pour ne pas louer le bateau à n'importe qui, n'importe comment... et en assurer l'entretien. Selon la saison, ceux et celles qui désiraient louer Sérénité, avec ses quatre cabines privées, devaient débourser entre 8000 et 10 000 $ US par semaine.

Mario, sa famille et leurs amis ont profité amplement de leur voilier lorsqu'il était aux îles Vierges britanniques, au moins deux fois par année. Ils ont aussi navigué en Grèce, en Croatie et un peu partout dans les Antilles à peu de frais, toutes proportions gardées...

Mario Dépelteau profite maintenant de son investissement en se disant qu'il n'aurait jamais eu les moyens de s'offrir de telles expériences à la voile, n'eût été ce coup de tête en 2010 ! Il n'a aucun, mais vraiment aucun regret. Sinon qu'il aurait bien voulu naviguer plus souvent sous le soleil, cet été, au lac Champlain.

Photo fournie par Mario Dépelteau

Mario Dépelteau a acheté le voilier Sérénité, un catamaran de 38 pieds, par l'entremise du groupe d'achat-gestion Sunsail.

PHOTO NORMAND LATOUR, COLLABORATION SPÉCIALE

Mario Dépelteau, à gauche, discute avec un expert des travaux pour remettre Sérénité en état avant qu'il en reprenne possession.