Déjà, au loin, elle attire l'attention.

Les pieds dans l'eau du lac Patzcuaro, en face de la ville du même nom, dans l'État de Michoacan, au Mexique, l'île de Janitzio épouse la forme d'un joli mamelon, mais, curieusement, entièrement recouvert d'habitations et de commerces. Janitzio s'étend sur à peine quelques centaines de mètres de diamètre, ne dispose pas de rue au sens où on l'entend habituellement, et on n'y trouve aucun véhicule. Ici, que ce soit le béton ou la nourriture, tout est transporté à dos d'homme. La seule voie importante nous mène au sommet, où on découvre la statue gigantesque (40 m de hauteur) du héros de l'indépendance mexicaine José Maria Morelos, un monument des années 30 qui aurait nécessité cinq ans de construction. Sa base abrite un musée contenant des fresques racontant l'histoire de la révolution.

Surtout connu pour ses sanctuaires où hivernent nos papillons monarques, des endroits plutôt difficiles d'accès pour les touristes séjournant sur la côte Ouest du Mexique, le Michoacan possède toutefois beaucoup d'autres attraits. Janitzio, la jolie ville coloniale de Patzcuaro et à quelques kilomètres, Santa Clara del Cobre, un village consacré à l'artisanat du cuivre, sont situés à trois heures de route de la populaire station balnéaire de Ixtapa-Zihuataneo. Le trajet s'effectue en grande partie sur l'autoroute.

 

Janitzio est étrange à bien des égards. Colonisée par les Indiens Purepecha voilà quelques siècles, on y parle encore couramment la langue d'origine, qui reste incompréhensible pour le reste des Mexicains. Vivant jadis de la pêche, ses 2500 habitants tiennent maintenant des dizaines de boutiques d'artisanat et de babioles destinées aux touristes. Un peu partout, on vous offre de minuscules poissons frits. Les restaurants servent pour leur part leur célèbre «pescado blanco» accompagné, à demande, de frites du fruit de l'arbre à pain. Un délice! Ce poisson blanc se fait d'ailleurs beaucoup plus rare. Les pêcheurs aux grandes épuisettes en forme de papillon qu'il vous arrivera peut-être de rencontrer font maintenant partie du folklore.

Le lac Patzcuaro s'étend sur une vingtaine de kilomètres et compte quatre autres îles. Alimenté uniquement par la pluie, il éprouve d'ailleurs des problèmes environnementaux. Le niveau d'eau a baissé au cours des années en raison de la faible pluviométrie. Partiellement pollué par les rejets domestiques et agricoles, il est aussi envahi par la prolifique jacinthe d'eau. Ce que vous pourrez constater durant le trajet de 20 minutes en barque menant à Janitzio, tout en découvrant plusieurs oiseaux aquatiques. La plante est tellement omniprésente qu'on a mis au point une sorte de hachoir mécanique flottant afin de libérer les embarcations qui font le transport des visiteurs.

Des églises et du cuivre

Le débarcadère est situé à deux pas de la Plaza de Vasco Quiroga, la place principale de Patzcuaro avec son grand parc central, un endroit agréable pour luncher. La place est bordée par de coquettes maisons coloniales où on retrouve une foule de boutiques d'artisanat, quelques petits hôtels et plusieurs restaurants. Tout près grouille un marché typique du Mexique avec ses échoppes de viandes, de fruits et d'aliments de toutes sortes. Même si la ville compte 75 000 habitants, l'atmosphère y est détendue.

Ville coloniale dont l'origine remonte bien avant l'arrivée des Espagnols, Patzcuaro possède un patrimoine architectural remarquable, dont plusieurs églises et bâtiments construits à cette époque, dans les années 1500, avant même la découverte de la Nouvelle-France par Jacques Cartier.

La visite de Patzcuaro devrait néanmoins commencer par la découverte de Santa Clara del Cobre, à 20 km plus loin, une petite municipalité d'environ 35 000 habitants qui travaillent presque tous dans l'artisanat du cuivre. On y compte plus de 200 boutiques familiales qui fondent et travaillent le cuivre sur place dans des conditions très artisanales.

Souvent exposées le long des trottoirs, les pièces sont habituellement destinées à un usage courant, mais d'autres sont parfois extravagantes. La plupart sont le résultat d'un travail laborieux, minutieux, souvent exceptionnel, probablement un des plus beaux souvenirs à acheter. L'industrie du cuivre ne date pas d'hier à cet endroit puisque la ville porte son nom depuis 1553. Mais, depuis un bon moment, elle ne compte plus sur des mines de cuivre pour s'alimenter. Étonnamment, aujourd'hui, la totalité du métal, environ 400 à 500 tonnes par année, provient du recyclage... de fils et de moteurs électriques récupérés.