Pour attirer les touristes, il faut un nom qui accroche. C'est ainsi qu'est née la Costalegre, au Mexique. Ce bout de la côte Pacifique commence avec Barra de Navidad au sud, et s'allonge jusqu'au Pérula, dans la grande baie de Chamela vers le nord. Quant à moi, cette côte a tout pour plaire, même sans un nom qui chante comme Costalegre.

Le gros village de Barra de Navidad a été ma base. Selon la légende, les Espagnols sont arrivés sur ce banc de sable un jour de Noël au milieu du XVIe siècle. Je comprends leur engouement. Les sables de Barra font face à la mer, avec une très jolie lagune à l'arrière.

 

Deux mondes différents. La lagune Bajito s'explore en kayak, mais allez-y le matin, car en après-midi le vent rend le retour laborieux. En pénétrant dans la lagune, on se croirait en Afrique. Des jungles de mangrove, un véritable parc ornithologique. Avant d'y arriver, on aperçoit des hommes quasi submergés, qui cherchent des cayos de acha, les pétoncles locaux. Le point fort de l'expédition, c'est la remontée de la rivière Bajito qui se trouve au fond de la lagune, à droite. On m'avait promis des crocodiles, mais je n'en ai pas vu. Pourtant, l'atmosphère tropicale m'a largement suffi.

 

En revenant vers la terre ferme, affamé par l'effort, je me suis arrêté à la succursale du restaurant Colimillo installée sur la lagune. La nourriture arrive par lancha, une chaloupe avec un hors-bord. De là, vous pouvez contempler l'hôtel Grand Bay où, selon une autre légende locale, Mick Jagger a passé la nuit. Vous êtes sûr de voir des crocodiles à La Manzanilla, petite localité à une vingtaine de kilomètres au nord de Barra. Le village s'ouvre sur sa belle plage, et tourne le dos aux eaux noirâtres de la jungle, juste derrière. Une vision insolite: les vacanciers se prélassent au soleil tandis que, à quelques mètres, les crocos se prélassent eux aussi dans l'eau.

Les plages de Barra descendent en pente rude, et le ressac provoque des courants qui pourraient faire peur aux nageurs timides et aux enfants. La solution, c'est de se rendre à Tenacatita, à environ 40 km de Barra. Là, on se laisse aller dans une vraie vie de palapa.

La palapa est une structure de fortune faite de bois et recouverte d'un toit de frondaisons de palme. C'est aussi une société qui dure le temps d'une journée à la plage. Oui, vous y mangez et y buvez, mais la palapa devient votre maison pour la journée - et la nuit aussi si le soleil et la bière ont le dessus sur vous (remarquez les hamacs au fond). Parfois des gens y sortent les plats de leur congélateur sans que le patron proteste.

Mon restaurant à Tenacatita était El Chito pour la cuisine, les perroquets qui se disputaient les restes de nourriture, mais aussi pour le service: les serveuses voulaient bien me réserver la table de mon choix pendant que je faisais de la plongée avec tuba autour du récif, passé le grand rocher au bout de la plage. Vous trouverez là le seul récif de corail de la région, et ses poissons d'aquarium.

La cuisine mexicaine a bien plus à offrir que le taco et le burrito. Au resto Alcatraz, près du port de Barra où on loue les kayaks, on sert la nourriture dans des molcajetes, un grand bol taillé dans la pierre volcanique. C'est à la fois le plat de cuisson et le plat de service, et attention, il garde les mets à une chaleur volcanique. Le poulpe servie de cette façon est le plus savoureux. Pour la cuisine de plage, on fait le maximum avec le minimum: on cuisine sur le charbon ou, encore mieux, pas du tout. D'où les ceviche, ces plats de poissons et de fruits de mer «cuits» par le jus de lime. Au resto El Chito à Tenacatita, ils sont de la première fraîcheur.

Pour la palapa extrême, j'ai poussé mes explorations jusqu'à la baie de Chamela, un peu au sud de Pérula, un village plus développé.

La Costalegre a un joli nom, mais il lui manque quelques infrastructures - les panneaux de signalisation, par exemple. J'ai trouvé les plages de Chamela et d'El Negrito un peu par hasard. Quelques palapas, quelques bateaux de pêche, quelques habitants endormis. Sans parler des kilomètres de sable fin où le maillot n'est pas obligatoire. À part les pélicans, vous êtes seuls au monde.

Où rester à Barra: une seule adresse, Hotel Barra de Navidad, le seul qui donne sur la mer.

Photo: David Homel, collaboration spéciale

À La Manzanilla, même les crocodiles sont immobiles. Heureusement pour les baigneurs!