«C'est merveilleux d'avoir tout cela rien que pour nous!», s'exclame Sharon, une Américaine en vacances, devant les pyramides précolombiennes de Teotihuacan, près de Mexico, rouvertes après une semaine d'interdiction au public pour cause de grippe porcine.

L'ensemble des sites archéologiques du Mexique, dont Teotihuacan est le fleuron touristique avec la cité maya de Chichen Itza sur la péninsule atlantique du Yucatan, ont rouvert mercredi.

Mais le lendemain matin, devant les pyramides du Soleil et de la Lune, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, les vendeurs de souvenirs sont plus nombreux que les touristes, dont Sharon, que l'épidémie n'a pas dissuadée de maintenir ses vacances.

D'habitude, des milliers de visiteurs gravissent chaque jour les hautes marches des pyramides.

«Au début, nous avons eu peur de venir, mais notre belle-fille mexicaine a appelé sa famille. Ils nous ont dit que la situation n'était pas aussi terrible que l'indiquaient les médias, et dès lors nous n'avons plus hésité», explique Sharon, arrivée de Philadelphie avec son mari Barry, le fils et la bru.

«Nous, nous sommes arrivés juste en même temps que la grippe», sourit Kriemhild, une Allemande, sur la pyramide du Soleil. Elle n'est pas plus inquiète de la grippe que son mari, Albrecht, fort occupé à photographier les vestiges de la «cité où les hommes se transforment en dieux».

«Nous sommes médecins, explique Albrecht, nous savons que la grippe saisonnière tue des milliers de gens chaque année, et que si celle-ci est grave, elle ne l'est pas plus que d'autres».

Les marchands de Teotihuacan font partie du paysage de cette ancienne ville sainte qui a compté jusqu'à 150 000 habitants au Ve siècle de notre ère avant de s'éteindre au VIIIe. Connus pour leur insistance, ils frôlent cette fois le harcèlement.

«Nous sommes restés une semaine sans pouvoir travailler. On nous oublie, on oublie que nous avons des enfants, que nous n'avons pas d'autre endroit pour travailler», se plaint à l'AFP l'un d'entre eux, Isaac Martinez, spécialisé dans les bracelets d'argent.

«Voilà trente ans que je travaille ici, il y a toujours eu beaucoup de monde et à présent, plus personne», ajoute-t-il au milieu de la Chaussée des morts, la grande avenue du site, qui dessert les pyramides et le temple du dieu Quetzalcoatl.

Son collègue Pedro, qui vend des arcs et des flèches aux pointes de pierre, «n'en a rien à faire de la grippe». Tout ce qui l'intéresse, c'est le retour des touristes par dizaines de milliers.

La grippe? Il s'esclaffe: «peut-être une invention des politiciens...ou un châtiment des dieux de nos ancêtres».