Les voyagistes européens interrogés par l'AFP affirment ne pas constater de baisse de réservations pour le Kenya après les enlèvements près de Lamu d'une Britannique il y a un mois et d'une Française en fin de semaine dernière, mais ont déprogrammé cette station balnéaire.

Suivant des recommandations émises par divers ministères des Affaires étrangères, les quelques voyagistes qui proposaient Lamu ont remplacé la destination par un séjour dans une station balnéaire au sud de Monbassa, beaucoup plus fréquentée et surtout plus éloignée de la frontière avec la Somalie.

Le groupe français Nouvelles Frontières explique lundi avoir modifié en ce sens les itinéraires de deux circuits.

D'autres, comme le suisse Kuoni affirment «ne rien proposer dans cette région du Kenya», de même que le voyagiste britannique Thomas Cook.

Le secrétaire général du Syndicat français des agents de voyage (Snav) Jean-Marc Rozé, souligne effectivement que les grands flux touristiques à destination des safaris animaliers ou des stations balnéaires du sud du pays - ne passent pas dans cette région.

Le Quai d'Orsay a mis Lamu et toute la région frontalière avec la Somalie en rouge, couleur signifiant qu'il est «formellement déconseillé» de s'y rendre. La frontière avec l'Éthiopie au nord est également en rouge.

La filiale britannique du géant Tui rappelle que Mombasa «est à plus de 350 km de Lamu, très loin de la frontière somalienne».

Le président de l'association des voyagistes italiens (ASTOI), Roberto Corbella, confie «ne pas avoir de craintes d'un impact négatif sur le tourisme au Kenya». «Pour le moment, nous n'avons eu aucune réaction négative, aucune demande d'annulation», a-t-il déclaré.

Son homologue français, le Ceto, se veut aussi rassurant, car «il n'y a jamais eu auparavant d'incident de ce genre» et qu'«aucune réserve n'est concernée par l'avis du ministère français».

Pour René-Marc Chikli, il faut que «les autorités kenyanes réagissent vite et fort pour protéger les zones touristiques».

L'enlèvement de Marie Dedieu survient moins d'un mois après celui d'une touriste britannique, Judith Tebbutt, le 11 septembre dans un village de vacances de luxe, et emmenée depuis en Somalie.

De nombreux hôteliers ont mis en cause «la négligence» et «l'incompétence» du dispositif de sécurité autour de Lamu, distant d'une cinquantaine de km de la frontière somalienne.

En 2010, le Kenya a accueilli 1,1 million de touristes, en hausse de 15% par rapport à 2009. Les Britanniques sont les plus nombreux à venir (174 000 touristes) devant les Américains (108 000), les Italiens (87 700) et les Allemands (63 000). Les Français sont en cinquième position (50 000 touristes).