Les violences et le coup d'État en Égypte ont entraîné des annulations de séjours de touristes étrangers et risquent de mettre à mal l'espoir des autorités de retrouver cette année les records de visiteurs atteints en 2010, avant la révolution qui avait renversé le président Hosni Moubarak.

En 2010, plus de 14 millions de visiteurs avaient séjourné en Égypte, où le tourisme est l'une des principales sources de devises.

Mais avec le printemps arabe et ses conséquences, cette économie qui fait vivre directement ou indirectement environ 10% de la population active s'était effondrée.

En 2012, les étrangers ont peu à peu retrouvé le chemin du pays des Pharaons, à commencer par les Russes, premier contingent de touristes avec 1,9 million de visiteurs, les Allemands (1,2 million) et les Britanniques. À contre-courant, les Français, amateurs de tourisme culturel, avaient, quant à eux, continué de largement bouder la destination.

Globalement, l'année 2013 avait plutôt bien commencé avec 4,9 millions de touristes accueillis de janvier à mai, dont 1,26 million de Russes et seulement 107 000 Français, selon les chiffres officiels égyptiens. Le ministère du Tourisme affirmait fin avril que les taux de réservation dans les hôtels de la Mer Rouge dépassaient les 80% pour l'été et atteignaient près de 45% au Caire. Il espérait reconquérir cette année les sommets de 2010. Mais la nouvelle crise politique risque de modifier la donne.

Certains pays comme la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et la Suisse ont déconseillé à leurs ressortissants de se rendre en Égypte.

La Russie et l'Allemagne ne sont toutefois pas allées jusque-là. Berlin estime que les séjours balnéaires et les croisières ne présentent aucun danger. Moscou recommande seulement d'«éviter les zones où se déroulent des manifestations de masse» et d'«éviter de quitter les stations balnéaires».

Attentisme ou annulations

Les Russes, pour lesquels l'Égypte est désormais la deuxième destination étrangère après la Turquie, séjournent surtout en bord de mer. Idem pour les Allemands.

Aussi, «il n'y a pas d'annulations», a assuré à l'AFP Irina Tiourina, porte-parole de l'Union russe des voyagistes. Elle constate certes un ralentissement des réservations depuis mercredi, mais «tous les avions pour l'Égypte sont pleins jusqu'au 10 juillet».

En Allemagne, TUI, numéro un des tour-opérateurs, souligne qu'on peut «passer des vacances tout à fait normales» au bord de la Mer Rouge. La compagnie aérienne Lufthansa évoque des vols «pleins» vers l'Égypte pour les jours à venir et des réservations «toujours bonnes». La crise en Égypte n'a «aucune conséquence» non plus sur les nombreux vols d'Air Berlin.

L'ambiance est moins détendue en Grande-Bretagne, où des touristes sont rapatriés de Louxor par les voyagistes Thomson et First Choice, ou encore en France, où certains tour-opérateurs ont mis en oeuvre le plan B, suspendant les séjours au Caire, à Héliopolis et les excursions dans le Sinaï et proposant à leurs clients de rentrer en Europe.

«On a ouvert une cellule de crise jeudi matin. Nous avons 130 clients en ce moment en Égypte. Sept sont en croisière et les autres au bord de la Mer Rouge. On leur a proposé un retour anticipé par le premier vol possible et un certain nombre a dit oui. Et on suspend tous les départs vers l'Égypte jusqu'au 14 juillet», a expliqué le porte-parole de Thomas Cook France vendredi à l'AFP.

En Italie, Andrea Costanza, président de la Fédération italienne des entreprises de voyage et de tourisme (Fiavet), indique avoir «enregistré 20% d'annulations» de séjours et un attentisme dans les réservations. «Pour l'instant, ce sont Le Caire, les croisières sur le Nil qui sont le plus touchés», dit-il.

«De toute façon, l'Égypte ne s'est jamais remise depuis le printemps arabe. Il y a certaines entreprises (italiennes) qui fonctionnement uniquement sur l'Égypte -Charm-el-Cheikh par exemple est une localité quasi italienne, avec des enseignes en italien etc.- et c'est désastreux pour elles», juge-t-il. En espérant que «la situation reviendra le plus vite à la normale».