Dans le sillage de l'Afrique du Sud en plein boom touristique, les pays de la région veulent aussi attirer les visiteurs, mais leur union pour se vendre est freinée par une concurrence avivée par la crise économique.

Pour nombre d'étrangers, l'Afrique australe, c'est surtout la région du Cap (son patrimoine historique, ses paysages et ses vignobles) et le parc national Kruger en Afrique du Sud d'un côté, les chutes Victoria partagées entre le Zimbabwe et la Zambie de l'autre. On peut ajouter l'expérience du désert en Namibie, un tourisme d'affaires à Johannesburg, et les plages à Durban ou au Mozambique.

«La région a beaucoup à offrir», assure Kwakye Donkor, le responsable marketing de l'Organisation régionale du tourisme d'Afrique australe (Retosa), un organisme intergouvernemental basé à Johannesburg. «Chaque pays est unique en soi. Chaque pays a quelque chose de très spécial à offrir. Quand les gens viennent dans la région, ils devraient essayer de voir au moins deux ou trois pays!»

La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), qui comprend aussi des pays comme la République démocratique du Congo, la Tanzanie, Maurice et les Seychelles, représente, selon Retosa, 2% du marché mondial du tourisme, soit environ 20 millions de visiteurs par an. Dont plus de 9 millions vont en Afrique du Sud.

L'idée est de mettre en oeuvre une stratégie commune pour inciter les touristes à prolonger leur séjour dans un pays voisin. Mais cela n'empêche pas la concurrence, notamment en matière de safaris, comme le raconte le guide privé Michael Lorentz.

Des obstacles à lever

«Pour ce qui est du domaine traditionnel des animaux sauvages, qui est la raison principale pour laquelle les gens vont en Afrique australe, le Botswana est devenu très cher et assez galvaudé. Il est à la baisse, au profit de la Zambie et du Zimbabwe. Le Zimbabwe est à nouveau populaire (...): la qualité des safaris et le rapport qualité-prix y sont excellents», affirme-t-il, ajoutant que l'Afrique du Sud se défend également en la matière.

Reste que le Botswana, qui a misé sur un tourisme haut de gamme, demeure incontournable pour de nombreux amoureux des animaux qui ne se lasseront jamais du fabuleux delta de l'Okavango.

Zambie et Zimbabwe - ce dernier revenant de loin, après la grave crise des années 2000 - ont la cote, et comptent sur la prochaine assemblée générale de l'Organisation mondiale du tourisme, en août, aux chutes Victoria, pour assurer leur promotion. Car, à côté de la locomotive sud-africaine qui n'a jamais accueilli autant de touristes, certains pays tirent la langue.

La Namibie, destination assez chère qui a été affectée par la crise en Europe, se tourne maintenant vers ses voisins et ses propres habitants, à qui sont proposés des tarifs spéciaux. Le pays mise aussi sur le tourisme d'aventure, et il accueillera en octobre un salon mondial sur le sujet.

Au Mozambique, les bons chiffres (+11% en 2011) sont dus à la ruée des hommes d'affaires sur le charbon et le gaz. Alors que les 3000 km de côtes paradisiaques du pays sont délaissés.

«Le Mozambique est une destination chère», hébergements et transports sont particulièrement coûteux, reconnaît Natalie Terenzer-Silva, qui dirige l'agence Dana Tours à Maputo.

En outre, le Mozambique ne délivre plus de visas à l'arrivée depuis quelques mois, afin, dit-on, de décourager les Portugais venus chercher du travail. Une démarche contraire aux objectifs affichés de la SADC, qui veut officiellement faciliter la libre circulation des touristes d'un pays membre à l'autre.

Mais s'il faut en croire les autorités de Luanda, c'est en Angola qu'il faut attendre un vrai boom touristique ces prochaines années. Actuellement, les contraintes administratives liées à l'obtention d'un visa et le coût de la vie constituent de sérieux obstacles.

Mais le gouvernement projette d'accueillir 4,6 millions de touristes d'ici à 2020 - soit quasiment dix fois plus que les 480 000 visiteurs de 2011, qui venaient surtout parler pétrole.

Maintenant que s'estompe le souvenir de la guerre civile, achevée en 2002, l'Angola rappelle qu'il a aussi des plages, des déserts, de spectaculaires chutes d'eau, des parcs naturels... très largement préservés, et donc «authentiques».

Il compte investir une partie de sa manne pétrolière dans le développement d'infrastructures hôtelières et la formation du personnel.