Les vertes collines de la nation zouloue, dans l'arrière-pays de Durban (est), espèrent attirer pendant la Coupe du monde de football les touristes étrangers curieux d'Histoire sud-africaine et de traditions rurales.

La province sub-tropicale du KwaZulu-Natal est une destination privilégiée de vacances pour les Sud-Africains mais elle peine à se faire connaître auprès des étrangers qui lui préfèrent souvent la péninsule du Cap.

Aussi les opérateurs touristiques misent-ils sur l'attrait des grands matches joués à Durban, dont la demi-finale, pour leur faire découvrir la richesse des traditions zouloues.

Les douces températures de l'hiver austral au bord de l'océan Indien, contrastant avec le froid sec des hauts plateaux où est situé Johannesburg, devraient y contribuer.

«Le tourisme culturel connaît un essor continu depuis huit ans», relève William Adams, guide de la compagnie Springbok Atlas Tours. «Nous espérons que la Coupe du monde nous exposera à de nouveaux marchés et de nouveaux clients.»

Sur le site de la bataille d'Isandlwana (1879), l'une des pires défaites subies par l'armée coloniale britannique, des guerriers zoulous brandissant des lances assaillent les soldats anglais vêtus de rouge lors de reconstitutions qui rappellent l'humiliation de l'Empire.

Au XIXè siècle, le roi Shaka avait conquis des peuples éclatés dans l'est et le sud de ce qu'est aujourd'hui l'Afrique du Sud, les réunissant sous la bannière de la nation zouloue jusqu'à constituer une puissance militaire qui ne pouvait qu'entrer en conflit avec les Britanniques.

La supériorité numérique et l'armement des colons finirent par avoir raison des guerriers zoulous.

Aujourd'hui, les Zoulous constituent le premier groupe ethnique du pays, avec 24% de la population. Ils maintiennent de nombreuses traditions ancestrales dans les zones rurales, qu'ils invitent les visiteurs à partager.

Les touristes peuvent ainsi s'initier au combat au bâton - un art dans lequel excelle le président Jacob Zuma -, essayer la bière artisanale de sorgho ou goûter les tripes de taureau.

«Notre principal atout, c'est de pouvoir offrir quelque chose d'inhabituel», souligne Leo Kroone, propriétaire d'un ensemble de huttes traditionnelles près du village de Phezulu. «La culture zouloue est une façon de se démarquer.»

A Phezulu, connu aussi sous le nom de vallée des Mille collines, les «rondavels» de terre séchée dissimulent des prestations modernes - à commencer par un écran géant où seront retransmis les matches du Mondial.

La réalité des villages reculés, souvent privés d'eau et d'électricité, est toute autre. Et les danses montrées aux touristes ne sont que rarement authentiques.

«Certains de ces sites commerciaux n'ont absolument pas à coeur de défendre la culture», relève Sihawu Ngubane, professeur de langue et de culture zouloues à l'Université du KwaZulu-Natal. «C'est de l'exploitation», dit-il.

D'autres s'insurgent contre cette focalisation sur des traditions séculaires remises en question par l'Afrique du Sud moderne. La polygamie affichée du président Zuma, par exemple, heurte une grande partie de la jeunesse urbaine.