Chaque jour, ils sont des dizaines de touristes rosis par le soleil à débarquer à bord de 4x4 poussiéreux dans la cour de l'hôtel d'État Bekele Molla, à Konso (sud de l'Ethiopie).

Auparavant, seule cette chaîne d'hôtels d'État fournissait un service de logement et de restauration à peu près correct aux rares voyageurs s'aventurant ici.

Depuis quelques années, le nombre de touristes a tellement augmenté que de nouveaux investisseurs, privés cette fois, ont décidé de prendre le risque: les «lodges» se multiplient dans le pays, particulièrement sur la route des tribus du sud éthiopien, dont certaines vivent encore comme à l'âge de fer.

«La région (...) est en train de se développer. C'est pourquoi on a investi ici à Konso, on pense à l'avenir», explique à l'AFP Freddy Hess, patron d'un tour-opérateur.

Il a investi 4 millions de birr (200.000 euros environ) dans la construction d'un hôtel qui, à terme, doit compter 70 chambres, trois restaurants et un centre de conférence.

«On espère attirer aussi le tourisme d'affaires», souligne-t-il devant les bungalows construits dans les matériaux locaux: pierres brutes et toits de chaume.

«Les statistiques montrent que le nombre de touristes a augmenté dans le sud éthiopien. Au cours des deux dernières années, les touristes ont commencé à combiner la visite du nord historique de l'Ethiopie, avec la visite du sud», ajoute M. Hess.

Au nord de l'Ethiopie se trouvent les églises taillées dans le roc de Lalibela, les châteaux de Gondar, et les obélisques d'Axoum. Au sud, c'est la découverte des tribus, comme les Hamer et les fameux Mursi dont les femmes arborent des plaques de terres cuites dans la lèvre inférieure.

Le gouvernement a fait du tourisme une priorité: «au cours des deux dernières années, le flux de touristes a augmenté, entre 200.000 et 300.000 viennent chaque année. Nous espérons que ça va continuer», indique Mahamouda Gaas, secrétaire d'État à la Culture et au tourisme. En 2001, 148.000 touristes avaient visité l'Ethiopie.

«Le sud de l'Ethiopie était moins développé que le nord, mais les infrastructures sont en train d'être améliorées, et avec le développement de la vallée de l'Omo, cette région va devenir un haut lieu du tourisme», assure-t-il.

Les autorités ont investi dans la construction de routes goudronnées. Les chantiers ne sont toutefois pas terminés et il faut encore plus de douze heures pour rallier Konso, à environ 600 km au sud d'Addis Abeba.

«Le gouvernement a commencé à encourager les investisseurs: importation de voitures 4x4 sans taxes, il donne vite des terrains pour la construction des hôtels, et on est exempté de taxe pour les matériaux», ajoute M. Hess.

«Le tourisme nous fournit beaucoup d'opportunités», note par ailleurs Kala Desagn Woldedawit, chef traditionnel de la petite ethnie Konso.

«Le commerce se développe pour notre artisanat, les gens sont employés dans les hôtels et restaurants, et même nos danseurs traditionnels jouent pour les touristes. Cela encourage les jeunes à rester».

Les autorités souhaitent aussi éviter que les populations souffrent du tourisme, avec la prostitution, la mendicité ou la délinquance, phénomènes déjà sensibles en Ethiopie.

«Il peut toujours y avoir des aspects négatifs. Il était nécessaire d'avoir un code de conduite pour les touristes, qui est mis en oeuvre à travers les tour-opérateurs et les administrations locales. Les standards internationaux doivent être respectés», souligne M. Mahamouda.