À deux heures de route de Kigali, à la frontière tanzanienne, le parc national de l'Akagera se veut la réponse rwandaise, encore modeste, aux grandes réserves animalières du Kenya, de Tanzanie, ou d'Afrique du Sud qui attirent des visiteurs du monde entier.

Placé au rang de priorité par le gouvernement pour développer un pays démuni de ressources naturelles, le tourisme est en plein essor au Rwanda, ravagé en 1994 par un génocide ayant fait 800 000 morts selon l'ONU.

 

En 2007, le secteur a réalisé un chiffre d'affaires de 140 millions de dollars , contribuant à hauteur de 3,7 % du PIB, selon les chiffres officiels.

L'objectif du gouvernement est de faire mieux en 2008, grâce notamment à une augmentation de la capacité hôtelière de la capitale, avec l'ouverture en 2007 d'un nouvel hôtel de luxe.

À Kigali, le tourisme est essentiellement culturel et historique. Les visiteurs s'intéressent principalement aux lieux de mémoire liés au génocide, comme le Mémorial national de Gisozi, afin de «comprendre comment et pourquoi ça s'est passé», explique-t-on à l'Office du tourisme rwandais.

L'attraction principale du pays en terme d'image reste cependant les gorilles des montagnes vivant en liberté sur les coteaux brumeux de la chaîne volcanique des Virungas, dans le nord du pays, aux frontières avec la République démocratique du Congo et l'Ouganda.

Mais la rencontre, très impressionnante, avec ces primates aux attitudes tellement humaines est un privilège rare et cher. Pour protéger cette espèce en danger, seuls 56 permis de visite sont délivrés par jour, au prix de 500 $US.

Il est difficile de promouvoir un tourisme grand public avec de tels tarifs et un nombre de places aussi limité.

Aussi, pour attirer les touristes étrangers en quête de nouvelles destinations, le Rwanda mise sur les parcs de la forêt primaire de Nyungwe (sud) et de l'Akagera.

La forêt primaire de Nyungwe, à environ cinq heures de route de Kigali, est plus facilement accessible et presque aussi riche que les Virungas. Recouvrant une zone montagneuse, elle abrite quelque 260 types d'arbres, 140 espèces d'orchidées et des singes en quantité, notamment des chimpanzés.

Créé en 1934, le parc de l'Akagera s'étendait à l'origine sur 2500 km2. Mais au lendemain du génocide, environ deux tiers de sa surface ont été attribuées aux populations rentrant d'exil.

Depuis, la réserve naturelle, où alternent savanes, collines, lacs et marais, voit sa faune, victime collatérale de la tragédie de 1994, se régénérer petit à petit.

À la mi-septembre, seuls deux ou trois véhicules en moyenne passent chaque jour la barrière d'entrée sud, l'un des deux accès du parc.

D'un seul coup, cinq hippopotames plongent dans le lac Ihema dans une énorme gerbe d'eau, dérangés par l'un des rares visiteurs à pénétrer en cette fin de saison sèche dans le parc.

À quelques jours du début de la saison des pluies, les animaux se terrent encore. Les éléphants, une centaine, ont été signalés plusieurs dizaines de kilomètres plus au nord.

Plus accessible que les lions - il en resterait une dizaine - , une famille de huit élégantes girafes massaï se laisse photographier à l'heure du déjeuner.

«Pour avoir le plus de chances de voir les animaux, mieux vaut venir entre octobre et décembre et camper sur place», explique Charles, l'un des guides les plus expérimentés. Plusieurs sites ont été aménagés à cet effet et des tentes sont louées pour quelques dollars à l'entrée du parc.