Frappé dans le passé par le terrorisme dans les sites de la vallée du Nil et les cités balnéaires du Sinaï, le tourisme en Égypte s'est retrouvé victime du banditisme dans le désert.

C'est lors d'un safari en 4X4, aux confins sud-ouest du pays, qu'un groupe de dix-neuf personnes, dont onze touristes européens, a été kidnappé le 19 septembre par une poignée de «bandits sans frontières».

Capturé côté égyptien de la frontière, le groupe de cinq Allemands, cinq Italiens, une Roumaine, et huit accompagnateurs égyptiens, a été retenu en otage côté soudanais, dans une cache montagneuse, avant d'être transféré par les ravisseurs en territoire libyen.

Car si le contrôle policier est très étroit dans les grands lieux accueillant les 11 millions de touristes annuels, l'armée égyptienne est démunie pour sécuriser mille kilomètres frontaliers au nord du 20e parallèle.

«Nous allons continuer nos efforts jusqu'à ce que ce malheureux incident de banditisme soit réglé», a affirmé à l'AFP le ministre égyptien du Tourisme, Zoheir Garrana, en première ligne depuis la prise d'otages.

Mais il s'est refusé à interdire ces voyages organisés par des agences spécialisées dans le «tourisme d'aventures», avec au programme des couchers au bivouac dans un décor préhistorique pour des Occidentaux fortunés qui peuvent débourser jusqu'à 10 000 dollars.

Le tourisme dans le désert reste marginal - 2 % du total - mais en forte progression. Une vingtaine de milliers de touristes rallient les oasis chaque année, dont un millier faisant le circuit de la zone de la prise d'otages.

Une autorisation spéciale est chaque fois nécessaire, et un policier doit se joindre à l'équipée mais il est impuissant face à une bande armé. Une attaque avec vol, sans enlèvement, s'était déjà produite en début d'année.

«J'aurais pris un tel décret si j'avais eu le sentiment que l'Egypte n'était pas sûre. Or l'Égypte est sûre» a-t-il assuré, ajoutant que «si un accident survient sur une autoroute, on ne va pas la condamner à la circulation!»

Selon le gouverneur de la région, Ahmed Mouktar, cité par l'agence semi-officielle MENA, le tourisme n'est pas affecté, et les safaris s'y poursuivent sans qu'aucune annulation ne soit intervenue.

Mais Teresa Maher, une directrice de l'hôtel Minamar à Bahahiriyya, un oasis d'où partent des safaris, a affirmé à l'AFP «que toutes les expéditions ont été annulées. Nous ne pouvons retourner là-bas».

Sur les sites internet des ministères allemands, anglais et français des Affaires étrangères, la prise d'otages est déjà signalée à usage des touristes qui songeraient à se rendre en Égypte.

Cette attaque a révélé une faiblesse dans le maillage sécuritaire du tourisme, un secteur clef ayant rapporté l'an dernier 9,2 mds de dollars, soit 11,6 % du PNB, et qui emploie 12 % de la population active.

«Il peut toujours avoir une faille car la sécurité à 100 % n'existe nulle part, mais les itinéraires peuvent être mieux sécurisés», a déclaré à l'AFP le président du syndicat des hôteliers, Fathi Nour.

Son impact devrait être moindre que les sanglants attentats terroristes survenus en 1997 à Louxor, et, coup sur coup, dans trois cités balnéaires de la mer Rouge - Taba, Charm-el-Cheikh et Dahab - de 2004 à 2006.

«Il n'a pas de répercussions, et si l'enlèvement se finit bien, il ne devrait pas y en avoir», dit à l'AFP Samer Maurice, un responsable de Travco, une agence de voyage leader.

«Les touristes ne sont plus intimidés, et ne veulent plus l'être. A preuve, l'impact des attentats se réduit, trois ans de baisse après l'attentat de 1997 à Louxor, et seulement un mois pour celui de Dahab en 2006», note M. Nour.

Depuis 2000, le nombre de touristes a doublé pour atteindre 11,1 millions l'an dernier. La Russes arrivent en masse, avec 1,5 million de visiteurs, devant les Allemands, Britanniques et Italiens, un million chacun.