Le Ladakh est un ancien royaume tibétain indépendant, annexé à l'Inde au XIXe siècle, et faisant désormais partie de l'État rebelle du nord, Jammu et Cachemire. S'il n'est plus tout à fait la destination vierge et exotique de ses débuts, à cause d'un développement accéléré depuis 30 ans, le sentiment de dépaysement est quand même assuré dans ce «désert glacé» où la température varie entre 35 et - 40 degrés Celsius.

Le Ladakh a été conquis par l'islam au XIIIe siècle et, aujourd'hui, près de 40 % de ses habitants sont musulmans. Mais en dépit de ses magnifiques mosquées, c'est le bouddhisme qui domine le panorama. Toute la région est parsemée de monastères; des gompa («endroits isolés»), dont certains datent de plusieurs siècles, sont ouverts aux visiteurs. La plupart sont toujours habités par des moines au crâne rasé et vêtus de tuniques rouge vin.

 

En plus de ses monuments religieux, la région offre de nombreuses activités de plein air : rafting, escalade, randonnée et même safari à dos de chameau. Sur place, plusieurs agences organisent des excursions selon vos besoins.

À titre d'exemple, un trek peut coûter entre 35 et 60 $ par jour, incluant un guide, un cuisinier et des ânes pour porter le nécessaire. Même pour les randonneurs expérimentés, il n'est pas conseillé de partir seul à l'aventure; les risques de se perdre dans le labyrinthe des Himalaya sont bien réels et, chaque année, des touristes téméraires souffrant de l'altitude sont rapatriés vers la ville à dos d'âne.

Pour les amateurs d'artisanat, les nombreuses boutiques du Main bazar de Leh, la capitale, offrent une variété d'articles traditionnels : masques, instruments de musique, châles en laine de chèvre pashmina, bijoux, tapis, etc., témoignant d'une culture riche de plusieurs siècles. À Leh, plusieurs organisations veillent à la préservation du fragile et unique patrimoine culturel ladakhi et vous accueilleront à bras ouverts si vous souhaitez en savoir davantage sur les coutumes et les arts locaux.

Hospitalité sans borne

Outre ses sites historiques centenaires - tel l'ancien Palais royal de Leh (une version miniature du palais Potala de Lhassa au Tibet), ses événements culturels, notamment le Ladakh Festival à Leh qui se tient les deux premières semaines de septembre, les splendides lacs d'eau salée, comme le Pang-Gong, le plus grand d'entre eux, serré entre les plateaux de haute altitude, sa flore et ses animaux sauvages (comptant le léopard des neiges, le mouflon bleu, le lynx, l'ours brun et le yak) - la richesse du Ladakh réside dans ses habitants.

Les Ladakhis sont d'une extrême douceur et d'une hospitalité sans borne. Le sourire aux lèvres, ils vous serviront et resserviront cérémonieusement leur thé au beurre salé, gardé au chaud dans de gros thermos décorés de motifs tibétains. Ou encore, ils vous verseront un verre de chhang après l'autre, cette liqueur jaune locale faite à partir d'orge fermentée. Quant à votre palais, vous pourrez le régaler avec une cuisine simple et nourrissante, composée de momos tibétains, de gruau d'orge (tsampa), d'une variété étonnante de légumes, de pommes et d'abricots séchés.

La route ou les airs?

Les visiteurs peuvent atteindre Leh par voie aérienne ou terrestre. Un vol depuis Delhi, l'aéroport international le plus près, coûte environ 300 $ pendant la haute saison (juin à fin septembre) et prend une heure et quart. À l'arrivée, la vue des Himalaya sous la neige est saisissante. Une fois sur place, pour s'acclimater à l'altitude, il est recommandé aux voyageurs de prendre deux ou trois jours de repos et de boire beaucoup d'eau, afin d'éviter la déshydratation.

Par la route, pour une vingtaine de dollars, un bus vous mènera en 15 heures de Delhi à Manali, une station touristique des basses Himalaya. Depuis Manali, vous pourrez partager une jeep ou un minibus pour environ le même prix et pendant la même durée jusqu'à Leh. Mais soyez avertis : la route est une série continuelle d'obstacles. Si vous n'avez pas une santé de fer, peut-être préférerez-vous l'éviter. Mais en optant pour la voie routière, vous vous habituerez progressivement à l'altitude et la beauté du paysage vaut le coup.

Enfin, le mot passe-partout à maîtriser au Ladakh est djoulé. Ce sésame veut à la fois dire «bonjour», «au revoir», «merci» et «s'il vous plaît». Sachez aussi qu'accepter trop rapidement de la nourriture ou un breuvage est considéré impoli. Pour la forme, n'hésitez pas à refuser une offre deux ou trois fois avant de l'accepter. N'ayez crainte, vous ne resterez pas sur votre faim. Ils insisteront jusqu'à ce que vous capituliez; doucement, mais sans relâche!

 

Repères

Monnaie : roupie indienne

Langues parlées : ladakhi et hindi, mais l'anglais est utilisé dans le circuit touristique

Température : entre 15 et 32 degrés Celsius (il est recommandé de prévoir des habits chauds et de la protection solaire)

Y aller : Le trajet par voie terrestre depuis New Delhi prend une trentaine d'heures pour une quarantaine de dollars. Pendant la saison haute, au moins trois vols partent de New Delhi tous les jours pour Leh. Le billet coûte environ 300 $ et le vol prend une heure et quart.

Recommandations : se couvrir le corps, jambes et bras inclus, et éviter les manifestations d'amour en public, par respect pour les Ladakhis.

 

Photo: Andrée-Marie Dussault

Derrière cette vendeuse au marché, on aperçoit une affiche de cinéma bollywoodien, omniprésent au Ladakh.

Au-delà du folklore, l'indianisation

De l'aube au crépuscule, les membres de la famille proche et éloignée déferlent pour célébrer le premier anniversaire du mariage arrangé de Dolma et Lotus, jusqu'à ce qu'ils soient 1200 sous la tente prévue à cet effet. Les hommes sont vêtus de leur plus beau goncha, un épais et long manteau, ceinturé à la taille par une écharpe de couleur. Les femmes portent une robe similaire appelée kuntop et exhibent leurs plus beaux bijoux ornementés de turquoises, de coraux et d'émeraudes.

 

C'est la fête : entre les plats traditionnels, les litres de thé au beurre salé et de chhang, cet alcool à base d'orge fermentée, les invités se lèvent de table pour se saluer respectueusement ou exécuter une danse lente et gracieuse autour de la montagne de cadeaux qui trône au centre de la tente.

Mais en dépit de cette manifestation ostentatoire d'un attachement aux traditions ancestrales, Rinchen Dolka, secrétaire de la Women of Ladakh Alliance, fait valoir que le lendemain, le folklore se sera envolé en fumée. Le quotidien des Ladakhis se confondra de nouveau à celui des autres Indiens : «Ils mangeront des lentilles et du riz, le plat quotidien dans le sous-continent, et ils écouteront la télévision en hindi.»

La jeune femme, elle-même vêtue d'un salwar kameez, une tunique portée au nord du pays, estime que le poids de l'influence indienne sur sa culture croît sans cesse, et pas toujours pour le mieux. Elle cite l'exemple de la dot : «Nous n'avions pas ce système auparavant. Or, il s'est progressivement mis en place, et de plus en plus de biens matériels, tels des réfrigérateurs, des télévisions, voire des voitures, sont réclamés de la mariée par sa future belle-famille», déplore-t-elle.

La télé indienne, en particulier le cinéma bollywoodien, est une autre source d'influence , parfois néfaste, sur les jeunes ladakhis, assure-t-elle. «Bollywood encourage les femmes à se déshabiller, à se maquiller outrageusement, à se blanchir la peau. Tout cela amène les Ladakhis à dénigrer leur propre culture.» Cependant, le sourire timide, elle avoue qu'à choisir, elle préfère Bollywood à Hollywood!