Depuis plusieurs semaines, la chronique est aussi publiée dans Le Soleil, et je n'ai même pas encore profité de l'occasion pour saluer nos nouveaux lecteurs, ingrat chroniqueur que je suis. Donc, à Rose qui m'écrit : «Ça marche pas les dates, avec votre livre !», à Manon qui ne comprend pas «pourquoi la chronique commence au Pérou ?» et aux autres qui se demandent : «Où étais-tu passé, Tite-Dent ?», voici un résumé de l'aventure.

La frousse autour du monde. (6) 2004. Can. Comédie dramatique, réal. : Bruno Blanchet, avec Bruno Blanchet, Pete Simpson, Boris Gionet-Blanchet. À la recherche d'un sens à sa vie, un comédien médiocre laisse tout derrière lui et part à l'aventure autour du monde. Sac au dos, il vivra des péripéties invraisemblables et trouvera peut-être enfin une bonne raison de se lever le matin. Ton fantaisiste. Inconsistance dans le récit. Exploitation d'érotisme.

Voilà.

Et aujourd'hui, vous tombez bien, car c'est une occasion spéciale, mes chers nouveaux Frousseurs : Marie-Christine Blais, ma précieuse essentielle merveilleuse collaboratrice depuis le début, et Jacinthe Laporte, la grande responsable de la publication de La frousse autour du monde aux Éditions La Presse, ont calculé que votre distingué routard venait tout juste de dépasser le cap des 250 chroniques...

Youpi ! Célébrons !

En termes concrets, qu'est-ce que cela signifie ?

Six ans «non-stop» sur la route. Plus de 60 pays. Chauds pour la plupart, parce que je préfère voyager léger. Trois fois le Yémen, au moins dix fois la Thaïlande et cinq fois l'Éthiopie, mes trois favoris. Deux dents cassées, sept appareils photo perdus ou volés, quatre ordinateurs portables, une dizaine de sacs à dos, des centaines de rencontres mémorables et beaucoup de petits bobos.

Et 11 mois de backpacking avec Boris, mon fils de 23 ans, dont 5 à la dure, en Afrique...

Les plus beaux mois de ma vie. Peut-être de la sienne aussi.

Breaking news : Boris est toujours sur la côte ouest de l'Australie. Il travaille maintenant sur une ferme de culture de perles ( !), à Monkey Mia, au nord de Perth. Nous avons rendez-vous quelque part en juin 2010, avec Big Pete, un célèbre compagnon de voyage à nous, pour regarder la Coupe du monde de soccer. Pays et continent à déterminer : Boris parle de l'Inde, je préférerais le Cambodge, et Pete, le Malawi.

Parlant de continent, y en a-t-il cinq, quatre, trois ou sept ?

Mystère... Quoi qu'il en soit, à la Frousse, il ne nous en reste qu'un seul à fouler : l'Antarctique.

Brrr !

Big Pete y est allé, l'année passée, le Gros fou. Et il a adoré. Parce qu'il est ornithologue.

Mais... Si l'on n'est pas scientifique, marin ou pingouin, quel est l'intérêt d'aller en Antarctique, ce continent gelé, inhabité et non fumeur ? ai-je demandé au Gros Pierre.

«La mer est tellement mauvaise durant les trois premiers jours, Bruno, que personne ne sort de sa cabine. As-tu déjà vu des vagues de 10 m ? Tu vas avoir tellement peur... C'est vraiment un voyage de fou, mon ami.»

Pete sait vraiment choisir les mots avec moi.

Donc, après des mois de magasinage et un immense trou dans mon budget, aujourd'hui, je peux enfin vous annoncer la bonne nouvelle : nous partons au bout de la Terre ! D'Ushuaia à l'Antarctique, puis de l'île Sainte-Hélène au Cap-Vert, à bord du Professor Molchanov, un ancien brise-glace soviétique... Au total, 37 jours de galère.

Nous verrons bien à quoi cela sert.

Par contre, avant d'aller marcher sur la banquise (je ne sais pas pourquoi, j'ai soudainement envie d'une poutine), il nous reste encore pas mal de terrain à parcourir, et beaucoup de mots à écrire.

Parce que 250 chroniques plus tard, quand j'y songe, j'ai encore de la misère à y croire... Alors, le premier mot de «la suite des événements» sera «merci». Et j'y tiens.

Merci à tous ceux et celles qui prennent le temps de voyager un peu avec nous chaque semaine. Merci à tous ceux et celles qui m'envoient, en plus, des courriels, auxquels je ne peux pas souvent répondre, malheureusement, parce que je suis à bicyclette entre deux poteaux de téléphone sans fil au milieu de l'Afrique, ou ailleurs sur une connexion internet branchée à un hamster dans une roulette. Et pis un gros merci à tous ceux qui se sont déplacés au dernier Salon du livre pour me rencontrer... C'était formidable !

Merci à toutes les Alexandra, à tous les Jacques, à toutes les Pauline. Et merci à Anne-Marie Lamarre, professeure d'école à La Magdeleine, qui a trouvé dans mes chroniques une façon originale d'enseigner la géographie, et le monde, à ses élèves.

Et merci à ses élèves, qui m'inspirent à aller encore plus loin. Je vous en écrirai 250 de plus, c'est promis.

Maintenant, repartons ensemble l'âme en paix, mes amis.

Destination : la Colombie.