Bon, qu'est-ce que je vous raconte en accéléré sur le Maroc, avant de partir pour le Sénégal? Que la bouffe est délicieuse? Moi qui ne mange jamais de dessert (à 45 ans, je surveille ma ligne), là-bas, j'ai craqué pour les feuilletés et les cornes de gazelle, une pâtisserie fine à l'amande et au brun-bon-sucré non identifié.

Au resto, les portions sont copieuses. Cuites dans le tajine, les viandes sont tendres, et les légumes juste à point. Ce truc-là est génial. Si j'avais une cuisine, j'aurais un tajine. Je préparerais un pâté chinois dedans. Rien que pour voir la tête de la marmite. Mais les merguez sont ennuyantes. Du moins celles que j'ai mangées. Trop petites et pas épicées du tout.

Et le reste? En général, les hommes sont très chaleureux, et les femmes sont dans la cuisine. Lorsque vous payez pour un service ou un tapis à Marrakech, surveillez bien la monnaie que l'on vous remet. C'est drôle, comme ils se trompent souvent!

Je suis allé au cinéma voir un film marocain, tourné à Fès (jolie médina) et le monsieur assis derrière moi fumait (parce qu'on a le droit de fumer au cinéma, et de parler, et de changer de banc mille fois); il fumait, il fumait, il fumait (Normand L'Amour, sors de ce corps), il fumait un gros splif de hasch. Ça donne une couleur particulière à l'expérience cinématographique. Ça change de l'odeur du popcorn.

Le massif de l'Atlas vaut à lui seul le déplacement. C'est troublant et magnifique de passer de la neige au désert. La ville de Marrakech est parsemée de beaux grands espaces jardinés apaisants. Sur les boulevards, on trouve des rangées d'orangers. C'est réjouissant, un oranger. Festif. Comme un arbre de Noël. Une orange sur la branche, c'est une ampoule électrique naturelle. Une petite boule de bonheur. Si vous êtes déprimés, jasez avec une orange.

«Bonjour, orange!

- Bonjour, Monsieur !»

Et déjà, ça va mieux.

Le matin, je mange de l'humus à la cuillère, et je me tape deux, trois shooters d'huile d'olive. Je ne me suis pas encore fait d'amis intimes. En campagne, les ksars, les casbahs, les citadelles, les maisons en pisé de 400 ans, tout est stupéfiant. Demandez toujours la permission avant de prendre une photo. Même si vous êtes sur une terrasse et que vous voulez photographier les toits de la ville. Parce qu'il y a des lignes invisibles de propriété personnelle qui montent jusqu'au ciel. Surtout, n'hésitez pas à parler à n'importe qui, car comme le disent si bien les Marocains , les gens se rencontrent, les montagnes, jamais.

Mon frère.

* * *

Après quelques dizaines de milliers de kilomètres parcourus en vagabond, après cinq ans à rebondir sur la planète comme une «superball», je viens de me joindre à un projet distingué, qui me mettra peut-être un peu de plomb dans la tête: j'aurai pour mission d'aller à la rencontre de gens d'affaires d'exception qui ont réussi, chacun à sa façon, à faire du tourisme un commerce honnête, qui n'exploite ni l'autochtone ni le pays hôte.

Ils appellent ça du tourisme durable. Ou équitable. Ou solidaire. Choisissez.

Avec l'équipe d'Océan Télévision, j'explorerai 11 ou 12 pays, jusqu'en octobre, du nord du Vietnam au sud du Brésil, en passant par le Kilimandjaro.

Rien de trop beau!

L'émission s'appelle Partir autrement et sera diffusée sur TV5, à partir de janvier 2010.

Et croyez-le ou non, c'est du documentaire SÉRIEUX: alors, si je ne me fais pas virer pour bouffonnerie impulsive (ce dont je souffre terriblement), je vous raconterai tout ce qu'il y a autour, qui ne l'est pas.

Et si vous êtes gentils, je vous parlerai peut-être de Francesca...

* * *

Boris a écrit:

«Salut papa!!!! Mon pied va bien, je marche dessus, et j'ai rencontré quelqu'un qui peut me trouver un job en Australie dans deux mois!!!! Je m'ennuie de ma blonde, et j'ai hâte de te revoir,

«Ton fils, sosie de George Michael xxxxxxxx»

Bruno a écrit:

«Bravo pour le pied! Mais pour l'Australie, assure-toi que c'est sérieux! C'est loin, l'Australie. Et ça va te prendre un visa de travail-vacances australien. C'est laquelle ta blonde, déjà?

«Ton père, ami de Willie Lamothe xoxoxoxo»

Boris a écrit:

«Le visa de travail-vacances australien, je peux l'avoir par internet. Pour deux cent dollars australiens. Ça prend juste une carte de crédit...»

Bruno a écrit:

«Et la tienne est pleine, j'te gage?»

Photo: Bruno Blanchet, collaboration spéciale

Bruno et son nouvel ami devant le ksar, au Maroc.