Avant de partir demain pour le désert du Sahara (une autre expédition rocambolesque en perspective), j'aimerais vous parler dans le creux de l'oreille. S'il vous plaît. Approchez un peu, que je vous confie quelques indiscrétions, avant d'aller mourir de soif chez les Berbères...

D'abord, je voudrais vous dire que vous êtes formidables. Vous. FORMIDABLES. Vous vous souvenez de l'histoire de l'école de Julie, l'école pour enfants défavorisés de Watamu?

La semaine dernière, les responsables de l'école m'ont invité à assister à la fête de la fin des classes. J'y suis allé, bonhomme, sans me douter une seconde qu'on m'y accueillerait avec les égards dus à un prince... Vous avez été tellement généreux (65 dons, et des sponsorings, et ça continue!) que j'en suis passé pour le bon Dieu! Le père Noël ! Lorsque les enfants se sont mis à chanter, ne le racontez à personne : je suis allé me réfugier dans une classe vide, et j'ai pleuré comme un bébé.

Merci. Pour eux.

Je voudrais aussi profiter de ce petit moment d'intimité et répondre simplement à quelques-unes de vos nombreuses interrogations sur le Kenya.

Monsieur Sylvain S., les questions d'argent vous chiffonnent? La maison traditionnelle à trois étages, en plein centre de Lamu (la ville swahili légendaire dont je vous ai entretenu la semaine dernière), nous l'avions négociée à 60 $ par jour. Une véritable aubaine, avec salle à manger sur le toit et vue sur le port. Sinon, le prix des chambres d'hôtel budget variait entre 10 et 20 $. La bière? Un dollar pour une grosse bouteille de 500 millilitres. Le poisson qui vient tout juste d'arrêter de battre de la queue dans le bateau valait, lui, 2 $ le kilo. Les fruits? Lorsque vous en aviez mangés pour une piastre et demie, vous étiez tranquilles jusqu'au midi. Vous avez raison, Sylvain, l'Afrique est un peu plus chère que l'Asie; mais peut-être que d'égrener votre sabbatique sur la côte du Kenya serait, malgré tout, plus économique que de rester à la maison? Venez donc! Plus on est de fous...

Est-ce qu'il est possible de voyager avec un téléphone cellulaire au Kenya? me demande Kim, de Québec.

Possible, oui. Et peu dispendieux. Et utile. C'est mon fils qui a tout arrangé avec l'achat d'un téléphone de fabrication chinoise «débarré» à 25 $ (ne vous embarrassez pas d'un iPhone ici *) et d'une carte SIM du pays à 50 sous. Moi, le dinosaure, je ne me serais même pas donné la peine d'essayer... Mais lorsque vous voyagez avec un adolescent de 22 ans, vous êtes condamné à voyager avec un téléphone cellulaire. Le jeune m'avait fait une de ces têtes lorsqu'il avait appris que je n'avais pas de téléphone! Comme si je lui annonçais que je n'étais pas son père et qu'en vérité, j'étais sa soeur.

«Comment ça, t'as pas de cellule?!?

- Parce que... je n'en ai pas besoin .»

En effet, jusqu'à ce que Boris me rattrape en Thaïlande, il y a 10 mois, j'avais passé quatre ans sans recevoir un seul appel! Aaaaaah... Divin! Le décrochage total! Et je me moquais de ces pauvres bougres qui voyageaient pendus à leur téléphone, incapables de débrancher, ha ha, je riais, et maintenant que j'en ai un, j'aurais de la difficulté à m'en débarrasser.

On a beau dire. De vieux punk réac, je suis devenu Mister Techno! Big Bruno is watching you...

Parlant de sexe masculin (est-ce que j'en ai parlé?), il y a Josée qui se demande si «ça vaut la peine de s'arrêter à Mombasa»: je répondrai oui, sans hésitation, ne serait-ce que pour aller au marché somalien de la vieille ville (et la vieille ville est extra!) afin de goûter à la soupe de testicules de chameau.

Non, ça ne goûte pas le poulet.

Finalement, dans un autre ordre d'idée, Louise me demande des conseils pour un voyageur «fêlé», écrit-elle, qui veut traverser l'Asie, d'Istanbul à Shanghai, en solitaire et à vélo... Wow!

Un seul conseil, l'ami: go! (Passeras-tu par le Turkménistan? Écris-moi, ça m'intéresse! À l'adresse brunoenasie@hotmail.com).

Maintenant, attelez les dromadaires et remplissez les gourdes de Dow tablette.

Le Sahara nous attend.

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* Consultez gsmworld.com pour tout savoir au sujet des télécommunications offertes dans le monde.

Photo: Bruno Blanchet

Boris et ses amis, dans les rues de Lamu.