Suzhou (prononcez Soujo) pourrait bien incarner la Chine dont vous rêviez. C'est en tout cas le lieu que les Chinois rêvent de voir au moins une fois. Située à une demi-heure de Shanghai, la capitale mondiale de la soie possède les plus anciens jardins classiques de Chine, des temples bouddhiques d'avant notre ère et quantité de canaux. «Au ciel il y a le paradis, sur terre il y a Suzhou», ont chanté les poètes. Découverte en six lieux.

Pour déambuler au fil des innombrables canaux: Autour des rues Shan Tang et Ping Jiang

Au XIIIe siècle, Marco Polo a écrit que Suzhou comptait 6000 ponts. En vérité, il y en a 180, autant de témoins de l'importance du fleuve dans cette cité vieille de 2500 ans.

Sur ses rives, la vie quotidienne déploie toutes ses facettes. On y travaille, on y flâne, on s'y marie, on y fait ses courses, on y mange ou l'on y peint.

Sur le grand canal au pied de l'imposante muraille du XVIe siècle passent de nombreuses péniches qui rappellent que le Yangtsé demeure une voie commerciale majeure.

Ne pas oublier Tongli, banlieue de Suzhou, un vrai poème posé sur l'eau.

Photo Aline Apostolska, collaboration spéciale

Les canaux de Suzhou constituent le coeur battant de la vie quotidienne des habitants.

Pour admirer les jardins locaux: balades dans des chefs-d'oeuvre

Sur 200 jardins, 9 sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO et universellement reconnus comme des chefs-d'oeuvre du paysagisme classique chinois qui cherche à recréer des paysages en miniature.

Aménagés entre le XIe et le XIXe siècle et inspirés du bouddhisme, ils reflètent la vision métaphysique de la nature dans la conception chinoise.

Caractérisés par une combinaison méticuleuse de bassins, d'arbres et d'agencements de pierres de la région, ils sont à la fois arides et harmonieux.

On y visite aussi les habitations des anciens propriétaires des lieux et on y assiste à des spectacles de musique, chant, danse ou opéra traditionnels.

Photo Aline Apostolska, collaboration spéciale

Vue du Jardin de persistance (1593)

Pour manger comme l'empereur: restaurant Bai Ma Tou

«Au palais de l'empereur, le chef venait de Suzhou», aime-t-on à vous rappeler.

Du simple dumpling (jamais simple) à la soupe de tortue, des poissons en sauce aigre-douce aux fruits de mer et crustacés à la vapeur, du porc fondant aux mini-citrouilles et escargots farcis, des fricassées de tiges de lotus, de liserons et de châtaignes aux nouilles toujours servies en fin de repas... les délices se succèdent et se partagent sur les tables tournantes.

Le restaurant Bai Ma Tou est surtout fréquenté par les locaux, belle garantie d'authenticité.

Dans le quartier historique de Shantang

Photo Aline Apostolska, collaboration spéciale

La gastronomie de Suzhou est typique, très ancienne et réputée. Délicatesse et variété de goûts la caractérisent.

Pour approcher la jet-set chinoise: la terrasse du W de Li Gong Di

Avec un revenu annuel moyen de 54 000 $ pour ses habitants, Suzhou maintient son statut de ville la plus riche de Chine.

Sur les bords du lac Jinji, le quartier de Li Gong Di en témoigne de façon spectaculaire. Érigé en moins de 10 ans, il offre un contraste saisissant avec la partie ancienne de la ville.

Si l'hôtel Pan Pacific offre le luxe de la grande tradition et un jardin centenaire, le W époustoufle par son design spectaculaire, noir et épuré comme un trait d'encre de Chine.

De la terrasse au 37e étage, le panorama est magique.

Angle Xinggang et Suhui

https://www.marriott.fr/hotels/travel/szvwh-w-suzhou/

Photo fournie par l'hôtel W de Suzhou

Difficile de croire qu'il y a 10 ans, le quartier de Li Gong Di, où se trouve l'hôtel W de Suzhou, était une zone agricole. Ce quartier fourmillant ne cesse désormais de se développer.

Pour visiter une pagode sacrée: sur la colline du Tigre

En 496 avant notre ère, le roi de Suzhou incinéra son père sur cette colline qui domine la ville.

Trois jours plus tard, un tigre blanc serait venu se coucher sur la tombe, confirmant le caractère sacré du lieu. Une pagode y fut érigée, des moines bouddhistes s'y installèrent.

La vénérable pagode penche comme la tour de Pise, mais n'en demeure pas moins l'emblème de la ville.

Le lieu est inspiré et inspirant, avec un jardin de bonsaïs tout aussi anciens, et parfumé par une microplantation de thé vert réservée à la consommation des moines.

Photo Aline Apostolska, collaboration spéciale

D'après la légende, l'esprit du Tigre blanc rôde encore sur la pagode sacrée de Yunyan.

Pour se souvenir de la route de la soie: la première usine de soie

Un décret impérial a longtemps protégé les secrets de fabrication de la soie sous peine de condamnation à mort pour quiconque les divulguerait.

Aujourd'hui, toutes les étapes de la transformation sont minutieusement expliquées et montrées, de la voracité des vers enivrés de feuilles de mûrier au tissage des fils extirpés des cocons.

La soie a assuré l'immense prospérité de Suzhou qui en demeure la capitale mondiale, même si les manufactures de pièces électroniques et d'automobiles rapportent beaucoup plus de revenus de nos jours.

94, rue Nanmen

Photo Aline Apostolska, collaboration spéciale

Le tissage se fait encore avec des métiers traditionnels. L'usine offre aussi une boutique où l'on peut acheter beaucoup de produits à bon prix.