Les images impressionnantes des inondations historiques qui ravagent la Thaïlande font peur aux touristes frappant un secteur crucial pour l'économie du royaume, même si les sites les plus populaires ne sont pour l'instant pas touchés.

Les télévisions du monde entier ont montré des habitants dans l'eau jusqu'au cou, fuyant leur maison submergée et des campagnes transformées en gigantesque lac. Bien loin du cliché ensoleillé du «pays du sourire».

Résultat, l'Association des agents de voyage thaïlandais (ATTA) constate des réservations en baisse jusqu'à 70% par rapport à la fréquentation moyenne à cette période de l'année. Et l'Autorité du tourisme de Thaïlande a dénombré environ 25% d'annulations.

«De plus en plus d'annulations arrivent», avait également relevé jeudi son gouverneur adjoint, Sansern Ngaorungsi.

Les pires inondations depuis des décennies ont tué près de 350 personnes et touché des millions de Thaïlandais, principalement dans le nord et le centre du pays.

Phuket, Koh Samui ou Koh Phi Phi, îles aux plages de carte postale les plus prisées des touristes, sont en revanche au sec.

L'inquiétude se concentre aujourd'hui sur Bangkok, plaque-tournante régionale où les 12 millions d'habitants se préparent à des inondations inéluctables.

Singapour a déjà déconseillé tout voyage non essentiel dans la capitale thaïlandaise, tout comme la principale agence de voyages chinoise, qui suggère de différer les déplacements dans le royaume jusqu'au retour à la normale.

«Personne ne veut venir à Bangkok», note un cadre d'un grand hôtel de la capitale donnant sur le fleuve Chao Phraya.

Alors que dans le parking surélevé sont alignées Ferrari et autres voitures de sport de Thaïlandais soucieux de ménager leur véhicule, l'hôtel a positionné 10 000 sacs de sable à des endroits stratégiques.

«Mais nous sommes surtout inondés d'annulations», a-t-il pesté, précisant que la chaîne hôtelière, qui compte une vingtaine d'établissements dans le pays, a déjà perdu près de 400.000 euros en annulations.

D'autres espèrent toujours que la mégalopole échappera au pire.

«Nous essayons de dire à nos clients que la ville n'est pas vraiment touchée», explique Annabelle Daokaew, responsable communication de l'hôtel Four Seasons. «Nous ne pouvons pas leur reprocher d'être inquiets».

Certains ont pris quelques précautions. Comme Chris Robson, australienne de 53 ans, qui a quitté le centre-ville pour un hôtel proche de l'aéroport. «Je me sens plus en sécurité ici (...) mais c'est difficile d'aller» en ville.

Les tout nouveaux arrivants ne savent eux pas vraiment à quoi s'attendre en débarquant à l'aéroport international Suvarnabhumi, qui fonctionne normalement.

«Je me suis juste fiée à des amis d'ici qui m'ont dit que c'était sûr de venir à Bangkok. Il n'y a pas vraiment d'information. Je n'ai aucune idée de la gravité de la situation», lâche Marjolijn Salverda, néerlandaise de 27 ans, en attendant ses bagages.

La protection de l'aéroport construit sur d'anciens marais, notamment en surélevant la digue d'enceinte à 3,5 mètres, a été une priorité des autorités qui ont déjà fait l'expérience de l'effet désastreux de sa fermeture. En 2008, des manifestants l'avaient bloqué pendant neuf jours, clouant au sol des dizaines de milliers de voyageurs.

Le tourisme a également été victime de la crise du printemps 2010: le centre d'affaire de la capitale s'était transformé en champ de bataille lors d'interventions de l'armée contre les «chemises rouges» anti-gouvernementales.

Le secteur a malgré tout confiance dans sa capacité à rebondir. «Je pense que si on peut protéger l'aéroport, alors les réservations reprendront après la décrue», espère Chidchai Sakornbadee, vice-président de l'ATTA.