La Chambre basse du Parlement a adopté mardi une loi controversée de légalisation des casinos au Japon, étape clé dans l'aboutissement d'un projet de longue date qui vise à soutenir le tourisme après les JO-2020 de Tokyo.

«La loi a été votée à la Chambre basse et va désormais passer à la Chambre haute», a déclaré à l'AFP une porte-parole du Parlement.

Plusieurs membres de l'opposition ont quitté les lieux avant le vote en signe de désaccord avec cette mesure, qui intervient après des années d'atermoiements dus aux inquiétudes sur la dépendance au jeu et le blanchiment d'argent par le crime organisé, pour des retombées économiques jugées incertaines.

Le Parti libéral démocrate (PLD) du Premier ministre de droite Shinzo Abe veut désormais aller vite, dans l'espoir de boucler le dossier avant la fin de la session parlementaire, fixée au 14 décembre.

Le texte, qui fournit un cadre légal pour la mise en place de complexes de loisirs incluant casinos, hôtels, théâtres et autres infrastructures, est vivement contesté par le Parti démocrate ainsi que par certains membres du Komeito, allié du PLD au sein de la coalition gouvernementale.

De son côté, le PLD y voit un moyen de doper le secteur de la construction, créer des emplois, contribuer à revitaliser les régions, tout en attirant des visiteurs étrangers dans l'optique d'atteindre le chiffre de 60 millions par an d'ici à 2030, contre quelque 20 millions actuellement.

Si l'archipel est actuellement dépourvu de casinos, il regorge de «pachinko», un jeu de billes d'acier mêlant machine à sous et flipper, qui se tient dans des salles assourdissantes et enfumées. Les gains en nature peuvent être échangés contre de l'argent dans des boutiques situées à proximité.

Au vu de la popularité de cette activité, les exploitants de casinos nourrissent de grands espoirs. «Les acteurs mondiaux du marché considèrent le Japon comme le Saint Graal étant donné la taille potentielle du marché, qui pourrait dépasser 30 milliards de dollars», soulignait récemment dans une note Jay Defibaugh, de la société de courtage CLSA, même s'il faudra compter avec «d'éventuels partenaires japonais».

Les amateurs de machines à sous, roulette et blackjack devront cependant patienter. Une fois la loi adoptée par le Parlement, il faudra ensuite plusieurs mois pour mettre au point les détails concrets d'application, selon l'analyste.

L'attribution des licences d'exploitation pourrait ensuite intervenir d'ici à mi-2019, mais «nous ne prévoyons pas d'ouverture des premiers méga-complexes avant 2023 au plus tôt», estime-t-il.