Le moins que l'on puisse dire, c'est que la destination est originale. Et que vous ne risquez pas qu'un collègue blasé vous balance «Ah, j'y suis allé l'an dernier» en écoutant le récit de votre dernière excursion en ski. Mais seriez-vous prêt à partir jusqu'en... Irak pour y arriver?

C'est le pari d'une agence britannique, Untamed Borders, qui proposera cet hiver le premier (jusqu'à preuve du contraire) voyage de ski organisé en Irak. Au programme, on oublie le remonte-pente efficace, les pistes parfaitement damées, l'après-ski au bas des pistes avec quelques bières et amis.

«Mais il y a de plus en plus de gens pour qui le bon ski, c'est celui qui se pratique loin des pistes et des foules», précise James Willcox, président d'Untamed Borders.

Et beaucoup de touristes recherchent des destinations peu fréquentées, intéressés par la culture, l'histoire récente ou ancienne, de pays dont ils entendent régulièrement parler aux nouvelles. Notre proposition répondra à ceux et celles pour qui ces deux dimensions sont importantes, dit le président de l'agence, James Willcox.

Une vingtaine de personnes devraient être du périple inaugural, cet hiver. Deux secteurs seront explorés dans la région fédérale autonome du Kurdistan irakien: les environs du mont Halgurd - qui a la meilleure réputation auprès des skieurs hors-piste - et Penjwen, où a été fondée la première école de ski du pays en 2009. La visite du seul centre de ski avec télécabines dépendra des conditions de la météo: la neige y est peu abondante. 

Ce sont aussi, selon James Willcox, les secteurs les plus sécuritaires du pays. «L'Irak est un melting-pot de groupes ethniques et religieux. Et si cela explique en partie ses troubles actuels, cela explique aussi pourquoi certaines régions du pays peuvent être assez sécuritaires, ou à tout le moins pas plus dangereuses que d'autres pays en voie de développement en Asie», assure James Willcox.

Untamed Borders n'est d'ailleurs pas la seule agence à proposer des périples en Irak: sa rivale britannique Hinterland Travel offre plusieurs séjours par année pour explorer Bagdad, Erbil et Babylone, entre autres, mais l'agence Intermèdes (qui a repris Terre Entière, l'un des premiers voyagistes francophones à desservir la région) a cessé d'y aller pour des raisons de sécurité.

La plupart des pays occidentaux déconseillent d'ailleurs à leurs ressortissants d'y faire tout voyage non essentiel. Pour touristes avertis, donc.

À savoir 

3300 $: Le prix du séjour de ski proposé par Untamed Borders, excluant les droits d'entrée, le billet d'avion jusqu'à Erbil, les assurances et les repas du soir. Il faut ajouter à cela au moins 1200 $, soit le prix d'un aller-retour entre Montréal et Erbil. Aucun transporteur aérien n'offre de vol direct, mais certains permettent de ne faire qu'une seule escale, à Amman, Doha ou Istanbul. 

40 $: Les Canadiens auront besoin d'un visa pour entrer en Irak, à 40 $ pour une seule entrée ou 100 $ pour de multiples entrées. 

310 $: Prix pour une nuit à l'hôtel le mieux coté par les utilisateurs du site Tripadvisor à Erbil, l'Erbil Rotana, avec piscine et spa. Les internautes en vantent notamment les services de sécurité. 

Sécurité

Le gouvernement canadien conseille d'éviter tout voyage en Irak, la situation y étant «très volatile, dangereuse et imprévisible partout», et d'éviter tout voyage jugé non essentiel dans la région du Kurdistan irakien, où le climat est susceptible de se détériorer rapidement. 

Assurances

Compte tenu des avis diffusés par Ottawa, il est crucial de vérifier auprès de votre assureur si votre police sera en vigueur en Irak, note Lyne Duhaime, présidente de l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes. «L'une des restrictions les plus communes, c'est la destination, dit-elle. Cela ne veut pas dire qu'il n'est pas possible de s'assurer, mais c'est sûr qu'un voyage en Irak, ce n'est pas standard.» Partir sans couverture implique qu'il faudra débourser tous les frais en cas d'incident, même s'il n'est aucunement lié à la nature de l'avis publié par Ottawa. Un pensez-y-bien.