Aux aurores, un craquement interrompt le chant d'un ruisseau au milieu de la luxuriante campagne colombienne. Une demi-douzaine de très discrets coqs-de-roche se répondent les uns aux autres, perchés sur un arbre. Bienvenue à Jardín, coqueluche des mordus d'ornithologie.

D'ordinaire, pour observer le coq-de-roche péruvien (Rupicola peruvianus), l'amateur devra s'aventurer dans quelque vallée reculée des Andes. En revanche, rien de plus facile à Jardín, cette municipalité au sud-ouest de Medellín. De nombreux mâles ont pris l'habitude de mesurer leur virilité chaque matin à quelques pâtés de maisons du parc municipal.

À mesure que la Colombie devient plus sûre, les visiteurs découvrent en ce pays l'une des plus riches biodiversités de la planète. Jardín en offre un condensé exceptionnel. Son territoire accidenté et sillonné de cours d'eau accueille 20 % des 1921 espèces d'oiseaux du pays.

«La région est le seul endroit dans le monde où il est possible d'observer la conure à joues d'or [Ognorhynchus icterotis], qui est l'attrait incontestable de cette localité», explique Serge Beaudette, professionnel en ornithologie dont l'agence Pitpitpit organise des séjours thématiques en Colombie. La déforestation a mis en péril la survie de ce perroquet, de sorte qu'en 2013, on comptait seulement 2600 individus disséminés dans les Andes centrales.

Jardín abrite une réserve naturelle qui protège son habitat et, selon les gens de l'endroit, il est même possible d'y croiser l'ours à lunette (Tremarctos ornatus). «Jardín est une source d'émerveillement perpétuelle pour moi, confie le documentariste Gabriel Angel, dont la première oeuvre porte sur la biodiversité exceptionnelle de son patelin. Même si j'ai grandi ici, il reste toujours un endroit à découvrir.»

Une promenade matinale sur le sentier La Herrera suffit pour s'en convaincre. À peine sorti du village, voilà qu'un pic à couronne rouge (Melanerpes rubricapillus) s'affiche, puis le bourdonnement du vol d'un colibri Ariane de Francia (Amazalia franciae) se fait entendre. Enfin, parmi les feuilles d'un oranger, on peut distinguer un splendide toucanet émeraude (Aulacorhynchus prasinus). La journée s'annonce riche en surprises.

Quand se rendre?

Pour voir un maximum d'espèces, il est préférable de planifier son séjour entre octobre et mars, soit pendant la présence des oiseaux migrateurs.

Comment s'y rendre?

Les sociétés d'autocars Rapido Ochoa et Suroeste Antioqueño assurent la liaison Medellín-Jardín, d'une durée de 3 h 30 min, plusieurs fois par jour. Départs au Terminal Sur.

Le pays est-il sûr?

Le gouvernement du Canada demande aux voyageurs de faire preuve d'une grande prudence en Colombie. En raison de la présence de groupes armés illégaux et malgré les récents accords de paix, le département d'Antioquia, où se trouve Jardín, fait partie des secteurs où tout voyage doit être évité pour l'instant. Les Canadiens qui choisissent de s'y rendre ont tout intérêt à se renseigner auprès de leur compagnie d'assurances afin de vérifier la couverture offerte dans cette zone.

Où voir les oiseaux?

Parque natural Jardín de Rocas, à 400 m du parc municipal; Reserva natural de las Aves Loro Orejiamarillo (secteur Ventanas); Mi Jardín Encantado (secteur La Paraisa); Cueva de los Guácharos (secteur du ruisseau La Salada).

Que faire sur place?

Le village ne manque pas de lieux d'intérêt à visiter, comme la Cueva del Esplendor, une grotte à l'allure féerique, et le Salto del Ángel, une jolie cascade naturelle. Plusieurs plantations de café sont également ouvertes au public.

Quelles sont les autres destinations ornithologiques du pays?

Après les Andes centrales, les amateurs souhaiteront connaître les 23 espèces endémiques du massif de la Sierra Nevada de Santa Marta. Enfin, les oasis du parc national Macuira, dans la péninsule de La Guajira, comptent une quantité phénoménale d'oiseaux.

Photo David Riendeau, collaboration spéciale.

Calliste rouverdin (Tangara gyrola)