Les condos côtoient les taudis. Les voitures de luxe frôlent les motos, voire les vélos (!) sur les boulevards, et vice-versa. Les trottoirs s'avèrent parfois aussi crevassés de nids-de-poule que les rues. Les policiers, gardes de sécurité et militaires, tous armés, il va sans dire, sont omniprésents.

Pourtant, les murs s'éclatent sous les couleurs et coups de pinceaux et de peinture sous pression de dizaines de graffiteurs élevés au titre d'artistes visuels - dont on finit par reconnaître la touche. Les espaces verts, petits et grands, pullulent, au grand bonheur des enfants et de leurs parents, de même que chiens et de leurs maîtres. Les marchands de fleurs (incluant les oiseaux du paradis, qui se payent une fraction du prix habituel) et de jus de fruit frais abondent. Sans oublier les quartiers où il fait bon se balader pour tantôt marchander une pièce d'artisanat local, déguster un bol d'ajiaco (soupe traditionnelle), ou bien siroter un tinto (café noir), un chocolat chaud avec fromage frais (une spécialité du cru) ou une bière fraîche dans un pub... irlandais du quartier d'Usaquén!

JOUR 1

10 h. Le Monserrate.

Le ciel est dégagé? N'hésitez pas un seul instant: la vue panoramique que vous aurez de Bogotá du sommet du fameux Monserrate n'en sera que plus spectaculaire au terme de la montée qui, selon la rapidité à laquelle vous en grimperez les marches - et le nombre de fois où vous vous arrêterez en cours de route pour boire ou prendre des photos (excuses parfaites pour marquer une pause!) -, vous prendra entre 45 minutes et deux heures.

Nul besoin d'être un sportif pour atteindre le monastère: le chemin s'avère aisément praticable et nécessite plus de patience que de réelle endurance, si ce n'est que pour s'acclimater à l'altitude (le point culminant se situant à plus de 3000 mètres).

Tout en accueillant les touristes, le monastère (dont le premier bâtiment a été construit en 1640) demeure un lieu de pèlerinage pour plusieurs Colombiens et croyants. La statue d'un Jésus tombé et une Madonne noire sont les pièces maîtresses de ce lieu de recueillement.

Avis aux intéressés: il est possible de monter et descendre la montagne en téléphérique et en funiculaire, moyennant quelques dollars; les adeptes d'entraînement, eux, ont un accès privilégié au sentier, à l'aurore, afin de pouvoir y courir. Il est également possible de casser la croûte au sommet, que ce soit dans des restaurants luxueux ou des kiosques à cuisine ouverte, en plus d'y acheter des souvenirs. Cela dit, il en manque un: l'autocollant certifiant qu'on a bel et bien gravi les quelque 1500 marches menant au sommet!

13h30. Musée de l'or.

Situé pas trop loin du Monserrate, le Museo del oro représente un autre incontournable de la capitale.

D'un étage à l'autre, le visiteur suit le parcours historique de l'or, de son extraction à son utilisation (comme objets de parure, monnaie, etc.). Plusieurs pièces exposées impressionnent par le travail d'orfèvre qu'elles représentent. C'est notamment le cas du magnifique radeau d'offrande (La balsa de la ofrenda). D'autres oeuvres, figuratives, ne sont pas sans évoquer l'univers onirique de... Jean Dallaire, le père gatinois du Coq-licorne, entre autres. Le peintre aurait-il visité lui aussi le Museo del oro? Qui sait!?

Les droits d'entrée sont minimes (moins de 5$ pour les adultes; gratuit pour les moins de 12 ans) et valent pleinement l'investissement. Des audioguides en français sont disponibles.

15h30. Vert d'envie.

Tant qu'à être dans le quartier, un petit coup d'oeil sur les différents présentoirs des vendeurs d'émeraudes s'impose. La pierre précieuse s'y décline dans toutes ses teintes et formes, à l'état brut ou finement taillée, non montée ou sertie dans une bague, un pendentif ou des boucles d'oreille.

Lorsque vous aurez marchandé et serez prêt à acheter votre émeraude, réclamez un certificat d'authenticité dûment rempli auprès du vendeur, histoire d'en établir la valeur réelle.

Soirée. Ceviches et salsa.

Le ceviche n'est certes pas un plat typiquement colombien, mais Bogotá compte quelques cevicherías où poissons, pieuvre, crevettes, pétoncles et calmars crus sont savoureusement mis en valeur.

Au Central, la carte propose notamment des ceviches répartis en deux catégories de marinades: relevées ou douces. À plusieurs autour de la table, c'est l'occasion rêvée d'en goûter plusieurs variantes (dont la délicieuse version caribe). S'il vous reste de la place pour un dessert, optez pour le flanc à la noix de coco recommandé par Wilson le serveur: vous ne serez pas déçu, c'est divinement fondant!

Envie de bouger de nouveau? Pourquoi ne pas vous inscrire à un cours de salsa! Quelques agences offrent justement des soirées où les amateurs de rythmes latins peuvent, après avoir reçu quelques précieux conseils d'un professeur, mettre en pratique les mouvements qu'ils viennent d'apprendre lors d'une sortie de groupe organisée dans une boîte de nuit.

JOUR 2

Matinée. Graffitis ou vélo?

Il existe une facette aussi colorée qu'incontournable de Bogotá: ses graffitis.

Au-delà des banals tags, de véritables oeuvres d'art ornent de très nombreux murs. Pour les découvrir, rien n'en vaut une visite guidée (offerte les mardis, jeudis et samedis seulement).

En compagnie d'un guide, cette marche de 2h30 entraîne les visiteurs dans plusieurs ruelles de La Candelaria, entre autres, afin de les sensibiliser à cette forme d'art qui, bien que proscrite officiellement, pullule aux quatre coins de la ville. On apprendra d'ailleurs, en cours de route, que pour plusieurs propriétaires de maisons ou de boutiques, il s'agit là d'une façon de «protéger» leurs murs. Ainsi, permettre à un artiste de s'exprimer sur son édifice tient les autres à l'écart, puisque rares sont ceux qui oseront «peindre» par-dessus une création signée.

La tournée permet aussi de découvrir, en levant la tête, les personnages sculptés dans des matières recyclées par Jorge Olavé qui pêchent une banane perché sur un toit ou jonglent au-dessus de la foule.

Bien qu'on dise la visite gratuite, le site Internet de l'entreprise (bogotagraffiti.com; il faut s'y inscrire) et le guide vous inviteront à être généreux, recommandant un «pourboire» - somme toute mérité - entre 20000 et 30000 pesos colombiens par personne (entre 12$ et 20$).

Pour le même prix, en matinée également, vous pourriez opter pour une visite guidée de la ville à vélo. En quelques heures, il est alors possible de sillonner la capitale et d'en voir toutes les contradictions et attraits.

Les dimanches et jours fériés, plusieurs dizaines de kilomètres de routes sont fermés à la circulation automobile, ce qui rend les déplacements plus agréables... et sécuritaires.

13 h. La Puerta Falsa.

Comme la visite guidée vous aura sûrement creusé l'appétit, il est temps de vous trouver un siège dans le plus vieux restaurant de Bogotá. Comptant seulement quelques tables et tabourets répartis le long de deux comptoirs (au rez-de-chaussée et à l'étage), La Puerta Falsa ne paie peut-être pas de mine, mais on y mange probablement le meilleur ajiaco en ville, une soupe mariant pommes de terre, poulet, maïs (à vaches, précisons-le), avocat, crème sûre et câpres dans un riche bouillon. À savourer jusqu'à la dernière bouchée, même si le mélange paraît étrange a priori.

Et s'il y a un endroit où boire le fameux chocolat chaud avec fromage frais peut être concluant, c'est bien là.

Après-midi. Marché.

Après un saut au Musée Botero, situé à quelques coins de rue de La Puerta Falsa, rendez-vous dans le quartier d'Usaquén. Son marché aux puces est l'un des plus prisés en ville, et pour cause: tous les dimanches, il rassemble des artistes, artisans et revendeurs de toutes sortes (certains kiosques, installés près du centre commercial, sont ouverts tous les jours).

Vous pourrez y trouver à fort bon prix de l'arequipe (l'onctueux dulce de leche régional), de superbes foulards multicolores et châles multiformes, des souliers de cuir uniques, créés et faits sur mesure par la colorée Halysson et son mari Alejandro, ou de rafraîchissants jus de fruits frais de guanabana, lulo ou pitaya. Tout près, un comptoir de Crêpes and Waffles vous donnera l'occasion de déguster une crème glacée (essayez la combinaison arequipe et noix de coco ou encore la glace au maracuyá, de la famille des fruits de la passion) digne de mention.

Soirée. Andrés Carne de Res.

L'ambiance survoltée du Andrés Carne de Res, situé à Chía (quartier excentré de Bogotá) relève assurément de l'expérience. Quelque part entre le restaurant, la discothèque et le parc d'attractions, l'endroit devient le lieu parfaitement vibrant où mettre un terme à votre séjour. D'ailleurs, pour vivre pleinement l'aventure, mieux vaut faire le détour à Chía que de se pointer au restaurant ouvert au «centre-ville».

À TRIMBALLER

  • De la monnaie: pour accéder aux toilettes publiques payantes ou acheter quelques morceaux de papier hygiénique dans les distributrices. Ou pour obtenir quelques minutes au téléphone cellulaire d'un marchand ambulant, puisqu'il n'y a pas de téléphone public.
  • De la crème solaire et de l'eau: étant donné l'altitude et l'air sec, il est recommandé de bien se crémer et de s'hydrater régulièrement.
  • Un imperméable et une petite laine: les journées sont généralement des plus agréables (entre 20 et 25 °C), mais il n'est pas rare que le temps change subitement et qu'une ondée s'invite en après-midi. Une fois le soleil couché, la température peut flirter avec les 10 °C.
  • De bons souliers: parcourir Bogotá à pied, voire à vélo, demeure un moyen économique de découvrir la ville et ses attraits.
  • Une copie de votre passeport. Au cas où. Des papiers d'identité peuvent aussi être demandés pour remplir les documents d'authenticité d'une émeraude ou pour en visiter le Musée et sa boutique.
À SAVOIR

  • La capitale colombienne compte quelque huit millions d'habitants. La circulation peut y être chaotique, pour ne pas dire infernale, à l'heure de pointe.
  • Les taxis ne coûtent pas très cher (les montants correspondent à un code, sur une grille tarifaire devant être clairement visible dans la voiture et inclure l'identité du chauffeur et le numéro de plaque du véhicule). Si vous appelez le répartiteur, vous devrez donner les deux derniers chiffres de votre numéro de portable pour confirmer votre identité. Au besoin, n'hésitez pas à demander l'aide des policiers, omniprésents et pour la plupart fort sympathiques et serviables, pour trouver un taxi sécuritaire (et légal!) qui vous ramenera à bon port.
  • La période des Fêtes, alors que plusieurs quittent la capitale pour s'installer au chaud sur les côtes, rend les déplacements nettement plus faciles en ville. De plus, les parcs sont tous (sur)décorés de lumières, animés et deviennent de chouettes destinations, fréquentées en familles, la nuit tombée.
  • Au moment de quitter la Colombie (et avant d'enregistrer vos bagages), vous devrez vous procurer votre exonération de taxe de départ au module Aerocivil de l'aéroport. Vous devrez y présenter votre passeport, qui sera alors dûment timbré. Cette exonération ne s'applique que si vous avez séjourné moins de 60 jours sur place.