(Salar d’Uyuni, Bolivie) Un sol blanc immaculé. Un volcan strié de jaune et de rose. Un coucher de soleil comptant parmi les plus beaux spectacles d’une vie, toutes catégories confondues. Une virée dans le désert de sel d’Uyuni, en Bolivie, est une expérience quasi magique. Chargez les piles de votre appareil photo et prévenez vos proches que vous aurez beaucoup trop de photos à leur montrer.
Les Andes ne sont presque plus visibles. Autour, dans toutes les directions, il n’y a que le blanc du désert qui défile à l’infini. Dans notre véhicule tout-terrain roulant directement sur le sel, les conversations se sont tues. Même notre guide Maribel a cessé de taquiner Diego, le chauffeur.
« Vous voulez mettre de la musique ? », demande Maribel. L’idée est géniale. Nous prenons le contrôle de la radio et nous nous laissons hypnotiser par le paysage. L’endroit est si étrange qu’on pourrait se croire sur la Lune. À l’occasion, un minuscule point bouge lentement, au loin, dans la blancheur — il s’agit d’un camion qui, comme le nôtre, traverse le désert d’Uyuni.
Diego arrête le véhicule. Éblouis par le soleil, nous posons les pieds sur la curieuse croûte de sel rigide. Les portières grandes ouvertes, le 4 X 4 crache la musique à plein volume. François, notre photographe, se laisse aller à chanter à tue-tête une chanson en espagnol tirée du film Y tu mamá también. Ici, au beau milieu du plus grand désert de sel au monde, il n’y a personne à déranger. Quand la musique s’éteint, le silence est total, stupéfiant.
À flanc de volcan
Notre journée a démarré sur les flancs du volcan Tunupa, qui culmine à 5321 mètres d’altitude à l’extrémité nord du désert. La nuit précédente a été passée dans une auberge rustique mais coquette du village de Jirira, où nous avons affronté le froid des hauts plateaux des Andes sous une impressionnante pile de couvertures. C’est là, sur le volcan accessible en 4 X 4, que nous apercevons pour la première fois la fameuse étendue de sel qui brille sous la lumière du matin. On croirait contempler la mer — il y a même quelques îles visibles —, mais une mer complètement blanche. Le désert de sel d’Uyuni est un ancien lac salé qui s’est asséché il y a des milliers d’années.
Momies et quinoa
Au pied du volcan se trouve le village abandonné de Coqueza, jadis habité par des cultivateurs de quinoa qui ont fui la sécheresse pour de meilleurs cieux. L’endroit compte un petit musée dans lequel sont exposés un puma et un renard des Andes empaillés, des plants et des grains de quinoa, ainsi que les incontournables flûtes de Pan. Plus loin, une grotte abrite une demi-douzaine de momies qui, selon notre guide, n’ont jamais été formellement étudiées par les archéologues.
Lamas et flamants
C’est une fois au pied du volcan Tupuna qu’on réalise à quel point celui-ci est majestueux. Strié par endroits de rose et de jaune, on dirait l’œuvre d’un dessinateur d’histoires fantastiques. Des murets de pierres qui délimitaient jadis les lots des cultivateurs de quinoa en sillonnent encore les flancs. Entre le désert et le volcan se trouve une bande d’herbe sur laquelle paissent une centaine de lamas. Plus loin, des flamants de James se trempent les pattes dans une zone humide située juste avant le désert de sel.
Pique-nique dans l’île
Le désert d’Uyuni compte plusieurs « îles » — 22, selon notre guide. Il s’agit de petites montagnes qui émergeaient jadis du lac. Le midi, des touristes convergent vers l’une d’elles, Isla Incahuasi, pour casser la croûte. La butte rocheuse est piquée de cactus géants. Un sentier permet d’en faire le tour en une trentaine de minutes. À 3650 mètres d’altitude, le souffle est court et la randonnée se fait sans hâte. Les viscaches, des rongeurs aux allures de lapin, sont malheureusement invisibles ce jour-là, sans doute protégées quelque part du soleil qui tape fort. Du sommet, on aperçoit des enfants qui jouent au soccer sur la surface blanche du désert. Des cuisiniers préparent des repas qu’on déguste sur des tables sculptées dans le sel.
Hôtel de sel
L’ancien hôtel de sel Sal Playa Blanca, en plein désert, n’accueille plus de visiteurs pour la nuit, mais on peut y entrer pour jeter un œil et prendre un verre. En bordure du désert, le chic Palacio de Sal, construit lui aussi avec des briques de sel, loue des chambres pour environ 170 $ CAN. Aussi situé à proximité du désert, l’hôtel Sal Luna Salada est un peu plus cher. À défaut de coucher dans ces hôtels, on peut s’y arrêter pour prendre l’apéro et en contempler l’architecture.
Coucher de soleil
Le clou d’une visite dans le désert de sel est sans conteste le coucher de soleil. Pendant la saison des pluies, de novembre à avril, le désert se recouvre d’une mince couche d’eau qui reflète le paysage. Lors de notre visite, en septembre, seules quelques sections du désert étaient encore recouvertes d’eau. Quelques heures avant le coucher du soleil, les 4 X 4 chargés de touristes y convergent.
Le ciel qui s’enflamme de rose et d’orange et qui se réfléchit dans l’eau offre un spectacle inoubliable. C’est le moment d’enfiler des bottes de pluie et de mitrailler les lieux avec son appareil photo. L’endroit est éminemment « instagrammable » et les touristes, encouragés par des guides qui connaissent tous les trucs, multiplient les photos en jouant avec les effets de réflexion et de perspective. Au cours de notre passage, un groupe de visiteurs utilisait même des parapluies colorés pour élaborer des tableaux complexes immortalisés par… un drone. Cela amène évidemment un aspect touristique à l’affaire, mais le paysage est si éblouissant qu’il en vole la vedette. Sachez aussi que le désert fait 21 fois la superficie de l’île de Montréal et qu’il y a moyen d’y trouver un coin tranquille, même s’il ne sera pas nécessairement recouvert d’eau pendant la saison sèche.
Organiser sa visite dans le désert
Visiter le désert de sel par ses propres moyens est possible, mais compliqué. Presque tous les visiteurs choisissent un circuit organisé à partir d’Uyuni — une ville sans charme, mais qui compte toutes les infrastructures nécessaires. Des circuits allant d’un à trois jours sont offerts. Les agences pullulent, et il vaut la peine de vérifier leur réputation en ligne. Au cours de notre visite, nous avons aperçu les débris d’une camionnette qui avait capoté en plein désert, gracieuseté d’un chauffeur trop intrépide. Pour une visite de trois jours, comptez entre 140 et 300 $ par personne, selon les services offerts et le nombre de visiteurs qui vous accompagneront.
Gagner le désert
Du Canada, il faut d’abord gagner La Paz, la métropole bolivienne, par un vol qui comporte nécessairement une ou deux escales.
Deux compagnies aériennes relient La Paz à Uyuni, un vol de moins d’une heure. Une autre option est de prendre l’autobus de La Paz jusqu’à Oruro (environ 3 heures et demie), puis le train entre Oruro et Uyuni (5 heures). Le trajet La Paz-Uyuni traverse l’Altiplano, une longue plaine encaissée dans les Andes à plus de 3000 mètres d’altitude.
Une situation « relativement calme »
Depuis l’élection présidentielle contestée du 20 octobre dernier, la situation politique est instable en Bolivie. Le ministère des Affaires étrangères du Canada juge toutefois le pays « relativement calme ». Dans le désert d’Uyuni, les visites touristiques se poursuivent sans problèmes particuliers. Des manifestations sans préavis peuvent toutefois être tenues un peu partout an pays.
Avant de planifier un voyage, vérifiez le site du ministère des Affaires étrangères du Canada.
Sur place, restez à l’affût en suivant les médias locaux et en parlant aux citoyens.
> Consultez le site du gouvernement du Canada