Bien des voyageurs rentrent des îles Galápagos avec des étoiles dans les yeux. Le hic, c’est que visiter l’archipel au large de l’Équateur revient cher, voire très cher. On vous présente ici un plan B, certes moins époustouflant, mais beaucoup plus abordable, au nom peu flatteur de « Galápagos du pauvre ».
Ses tortues, ses iguanes, ses oiseaux colorés… Oui, le sanctuaire des Galápagos vaut le voyage. Pour qui en a les moyens. Entre le coût de l’avion, les nuits en croisière et les activités, la facture a tôt fait d’exploser.
Heureusement, pour les visiteurs fauchés ou pressés, une option bien moins onéreuse existe, ironiquement baptisée Isla de la Plata (l’« île de l’Argent », où l’explorateur Francis Drake aurait enterré un trésor, mais c’est une autre histoire…). Le lieu s’apparente beaucoup à l’une des îles des Galápagos, avec une faune étonnante, bien que moins diversifiée, et est situé au large de Puerto López, une ville côtière plutôt festive (au sens péjoratif du terme) au cœur d’un parc national.
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PHOTO SYLVAIN SARRAZIN, LA PRESSE
Le débarcadère de Puerto López au couchant
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Le jour, de nombreuses motos-taxis sillonnent la ville.
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Les couchers de soleil sont particulièrement impressionnants.
Le long du port se côtoient ainsi deux types de bateaux : ceux des pêcheurs, partis du matin au soir dans l’espoir de revenir avec d’impressionnantes prises, et ceux des touristes, mettant le cap sur la fameuse île, dans l’expectative de récolter d’époustouflantes photographies.
Seules des agences peuvent y organiser des visites guidées, pour la somme raisonnable de 50 $ US (ajoutez deux zéros à ce chiffre pour un séjour haut de gamme aux Galápagos). Nous recommandons de faire appel à Machalilla Tours, très sérieuse.
Ballet de baleines
Le départ est donné en matinée, à bord d’un petit navire transportant une quinzaine de touristes. Soyons clairs : quiconque souffre du mal de mer doit prévoir un baril de Gravol. Car même par beau temps, ça tangue méchamment, et ce, pendant plus d’une heure et demie. Ce serait dommage de ne pas profiter du ballet des baleines sur le trajet – présentes de juin à octobre seulement. Petit conseil par la bande : Micha, notre hôte Airbnb, nous a déconseillé de prendre en complément un tour consacré uniquement aux gros cétacés, où l’on ne verra rien de plus.
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Le spectacle des baleines à bosse sautant hors de l’eau est inoubliable.
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Parfois, seule la queue pointe, un autre beau moment.
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Inutile de prendre un tour consacré aux baleines seulement, celui de l’île de la Plata vous montre exactement la même chose, excursion en plus.
Une fois les silhouettes des mammifères marins évanouies, celle imposante de l’île se profile au loin. Un gros rocher perdu dans le Pacifique, a priori banal. Mais après en avoir foulé la plage, on remonte les sentiers balisés pour découvrir un lieu singulier fréquenté par de drôles d’oiseaux.
Les guides, veillant à ce que la faune et la flore ne soient pas perturbées par notre passage, pointent les premières découvertes, dont un fou à pattes bleues. Les appareils photo crépitent, leurs propriétaires ignorant encore à ce stade qu’ils en verront des centaines. « Les couples choisissent un endroit précis sur l’île et s’y installent pour la pondaison », indique Carlos, l’un des accompagnateurs. Certains, à demi cachés sur le bord des sentiers, émettent des gloussements lorsqu’on les approche de trop près. « C’est le signe qu’on les dérange. Reculez, madame, c’est un mètre de distance minimum », lance le guide à l’intention d’une touriste croquant des dizaines d’égoportraits avec un fou, devenu fou de rage.
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Les fous à pattes bleues viennent en couple pour nicher.
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Une frégate au bec étonnant
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Un pélican fonce à toute vapeur sur sa proie.
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Chicane entre fous : celui à pattes bleues revendique ce morceau de territoire au couple de fous de Nazca…
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… et tout ça finit en prise de bec.
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Frégate en plein vol
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Un paille-en-queue fait sa tournée au-dessus des vagues.
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Mais vous êtes fou ? Oh oui ! Fou de Nazca, même.
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Quelques oiseaux nichent le long des sentiers.
Parlant de prise de bec, on tombe soudain sur une bagarre entre un fou à pattes bleues et deux fous de Nazca, dont la femelle couve deux œufs à la coquille azurée. « Ça alors, c’est la première fois que je vois ça ! s’étonne Carlos. D’habitude, les deux espèces restent dans leurs zones respectives. Là, les deux ont choisi de nidifier au même endroit et se battent pour s’y installer. »
Plantes et falaises
La visite présente aussi les plantes locales, dont le fameux bois de santal, à l’odeur d’encens typée, tandis que dans le ciel battent de nouvelles ailes. Celles de majestueuses frégates, avec leur queue fourchue, leur vol irrégulier et leur plumage noir, contrastant avec la blancheur des pailles-en-queue. L’île est aussi fréquentée par des albatros lors de la saison de reproduction.

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Les vues sur les falaises de l’île sont spectaculaires.
Le tour nous mène au-dessus de falaises magnifiquement découpées, sur lesquelles la mer se déchaîne. Ce sera d’ailleurs la prochaine étape, puisque quelques heures plus tard, nous remontons sur le navire pour atteindre un site de plongée au pied de l’île.
En passant, une armada de lions de mer nous salue de l’une des rives. Affublés de masques et de tubas, nous explorons des eaux légèrement troubles, mais permettant d’apercevoir des raies mantas, des tortues géantes et des bancs de milliers de poissons colorés s’écartant sur notre passage.

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Une tortue géante s’apprête à émerger des eaux.
En milieu d’après-midi, la visite touche à sa fin et c’est l’heure d’une autre pinte de Gravol, car le retour vers Puerto López ne sera pas moins agité que l’aller, mais toujours ponctué du salut de baleines sautant inopinément, au loin.
Oui, les Galápagos demeurent une destination irremplaçable, avec leur bestiaire bien plus fourni. Mais pour qui n’a pas les moyens de se payer tel séjour, l’île de la Plata donne un excellent avant-goût des lieux. D’autant que les alentours de Puerto López offrent de belles options !
Quoi faire aux alentours
Pour une séance de surf
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L’Équateur compte plusieurs plages idéales pour tous les niveaux, dont celle d’Ayampe.
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Les vagues sont de taille moyenne, mais grossissent à partir de décembre.
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Des moniteurs de surf sont disponibles sur place.
À une vingtaine de kilomètres de Puerto López, le village d’Ayampe offre une très belle plage avec des vagues de taille moyenne, toute l’année. Le fond sablonneux (brisant de plage) en fait une aire de perfectionnement idéale. Il y a des écoles sur place.
Pour un poisson extrafrais
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Un pêcheur rapporte deux prises de fin de journée.
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Les pêcheurs partent tôt le matin avant de revenir au marché.
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La taille de certains poissons est impressionnante.
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Des gambas du jour achetées au marché et cuisinées à la plancha
À l’extrémité sud de Puerto López, on trouve un marché de poissons très alléchant où les pêcheurs apportent, parfois sous vos yeux, leurs prises du jour, ainsi que des fruits de mer délicieux et peu coûteux.
Pour remonter le temps
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Restes humains datant de l’époque précolombienne exposés au musée
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Scène de la vie quotidienne à Agua Blanca
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Sur le site, on peut se baigner dans un bassin d’eau sulfureuse.
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Certains se badigeonnent avec la boue locale.
Non loin de la ville, on retrouve la communauté d’Agua Blanca, qui gère un site archéologique précolombien jadis occupé par les Manteños. Un musée rassemble vestiges et objets, dont des crânes et des ossements humains. En prime, on peut se baigner dans un bassin d’eau sulfureuse.
Pour poser sa serviette
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Los Frailes compte plusieurs plages, petites et grandes.
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Bon, ce ne sont pas les iguanes des Galápagos, mais certains lézards valent quand même le coup d’œil.
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Les étendues sablonneuses sont très tranquilles.
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De nombreux crabes de diverses couleurs se cacheront à votre approche.
La plage en demi-lune de Los Frailes reste également un incontournable. Accessible par un sentier tapissé de lézards, elle est aimée pour son isolement et ses petites criques en périphérie.